Neige Sinno : ” Pour moi, écrire n’est pas une thérapie”

La romancière franco-libanaise Neige Sinno,47 ans est une  native de Vars dansles Hautes Alpes. De mère française et de père libanais, elle vit depuis 2006 au Mexique,non loin de Guadalajara, avec sa fille et son compagnon.

Il y a quelques mois,elle a publié aux éditions POL "Triste tigre" basée sur une histoire vraie,la sienne.C'est le récit à la fois violent et poignant de l'inceste dont elle avait été victime de la part de son beau père entre 7 et 14 ans.

Son livre a été récompensé du Prix Fémina 2023.En écrivant ce texte, qui a connu un vrai succès en librairie et auprès des critiques, Neige affirme que c'était avant tout une nécessité."Je ne voulais pas faire de l'art avec mon histoire. Mon livre ne m'a pas sauvé.Je ne serai jamais sauvée".

  


"Les abus sexuels sur enfants constituent une urgence, au même titre que lesféminicides.Ils sont de plus en plus associés à l’héritage culturel du patriarcat, incrusté dans la société. C'est nouveau pour moi de penser en ces termes. Ce que je trouve merveilleux avec #MeToo,c'est que maintenant nous mettons des mots sur des choses que nous savions déjà, mais c'est comme si, sans ces mots, nous en savions moins sur la façon de reconnaître cela comme un crime spécifique, alors qu'au Mexique,cela existe depuis des années.» 
 
« L'idée de me soigner grâce aux livres me dégoûte. C'est ma perception que j'essaie d'explorer.Je sais que cela a du sens pourles autres,mais pour moi,écrire n'est pas une thérapie,c'est unefaçon de créer de l'art et de communiquer.Suck est un outil très important pour moi. C’est aussi l’une des premières sensations dont on est certain lorsqu’on est victime d’abus sexuels dans son enfance.Vous ne savez pas ce qu'est un viol,vous ne savez pas si c'estgrave, mais vous êtes dégoûté. En fait, c'est une question que les experts posent souvent àun mineur maltraité: est-ce que quelqu'un vous fait quelque chose qui vous dégoûte ?".

(Extraits d'un entretien accordé par l'auteure à la fin du mois de maidernier au quotidien Italien Corriere della Sera)
  

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