Loïs Boisson: l’éclaircie du tennis féminin français

À 22 ans, Loïs Boisson a surpris la planète de la petite balle jaune en disputant une demi-finale d’un tournoi du Grand Chelem. Après l’effort et la douleur, enfin le réconfort.Celui qu’apporte la grande performance dans une compétition  de très haut niveau.

C’est ce qui est arrivé à la jeune Française lors de cette dernière quinzaine dans le tournoi de Roland Garros, l’une des quatre épreuves les plus prestigieuses de la discipline . Victime d’une rupture du ligament croisé antérieur du genou gauche en mai 2024, la native  de Dijon  a du affronter la douleur  de l’opération et la longue descente aux enfers de la rééducation, l’attente de la sortie du tunnel, la lente et interminable reprise des entraînements avant de rejouer enfin à un niveau raisonnable.

Loïs Boisson ( photo page officielle Facebook de la tenniswoman)

Jusqu’à ce modeste premier succès dans un tournoi de seconde catégorie à Saint-Guaudens pour lequel elle avait eu besoin d’une wild-card afin d’ y participer. Car elle était encore classée seulement au 513e rang mondial au moment de son inscription.

Puis, il y eut la divine surprise. De celles qui confirment l’arrivée  des bonnes nouvelles, comme les fameuses « emmerdes » citées par feu Jacques Chirac, qui, selon lui, volent toujours en escadrille.  En effet, Loïs va bénéficier d’une deuxième wild-card pour fouler la terre battue qui jouxte le Parc des Princes.

Une chance de rédemption inouïe  qu’elle ne va pas manquer d’exploiter. En douceur d’abord, en franchissant les premiers tours de qualification, avant de monter en cadence et de réussir à exclure de l’événement deux têtes de séries habituées aux honneurs.

En l’occurence  la troisième mondiale, l’Américaine Jessica Pegula,  en huitième de finale (3-6, 6-4, 6-4)  puis la Russe   Mirra Andreeva ( 6-3, 7-6) ) en quart de finale et s’offrir ainsi le luxe de défier  en demi-finale la dauphine du classement, l’Américaine Coco Gauff (1-6, 2-6), une des stars du circuit promise à un destin peut-être comparable à celui vécu par les soeurs Serena et Venus Williams.

Une défaite qui ne l’empêche pas de s’inscrire dans la légende du tennis français  en devenant la première à atteindre le dernier carré à Auteuil dans un tournoi du Grand Chelem depuis  Marion Bartoli en 2011 et aussi la première à ce niveau de performance  en  ayant bénéficié d’une invitation.

Certes Loïs Boisson, sans doute épuisée mentalement par l’énormité de son exploit, a raté son combat face à Coco Gauff (1-6, 2-6). Une demi-finale liquidée en une heure par l’Américaine. Mais elle a pris date pour la suite de l’histoire.  Son tempérament de combattante, son calme impressionnant, son absence de doute,  toutes qualités nécessaires à la pratique du sport de haut niveau, lui laissent le droit de rêver plus grand et, peut-être, de s’installer dans la durée  dans le cercle des meilleures.

Le lendemain même de son échec en demi-finale, Boisson a rappelé dans les colonnes du quotidien français L’Équipe que sa force se trouvait dans le fait d’être une passionnée  dont le leitmotiv repose sur l’idée d’aller au bout de son idée et de vouloir toujours bien faire :  » Alors, oui, c’est un truc que j’ai toujours eu en moi,mais que pour le tennis .À l’école,c’était totalement l’inverse, j’avais beaucoup de mal à me concentrer. Parce qu’en fait, à la  base, si ça ne me          passionne pas, ,je ne suis pas du tout dans cet état d’esprit là. Mais le tennis m’a toujours passionné. Quand c’est comme ça, je fais tout à 100%. Ça vient aussi de mon éducation:bien faire les choses, être respectueuse, donner le maximum pour l’objectif qu’on veut atteindre. »

Et quand son interviewer lui demande si elle était entre guillemets en sur régime sur  ce court Philippe Chartrier, dont le public l’avait poussé comme une vague, où si elle avait le potentiel d’une athlète de,  long cours, Loïs Boisson  est catégorique :  » Je pense que ce n’est pas  un“one shot”. C’est mon jeu, j’a toujours joué comme ça. Après il s’agit de le stabiliser et de  le rendre constant.Mais j’ai un tennis à effets, pas ultra risqué où ça peut sortir dans tous les sens. Cependant, j’ai encore énormément de progrès à accomplir sur quasiment tous les coups, et c’est pour ça que je suis confiante pour la suite. Je suis contente d’en être déjà là, sachant que je peux encore beaucoup progresser. »

Maintenant que la folie Roland Garros est derrière elle, Loïs est déjà focus sur l’été  et la saison sur gazon où elle espère bénéficier cette fois  aussi d’une wild card pour  éviter les tours de pré qualifcation éreintants  à Wimbledon. Puis, suivront de nombreuse étapes de la WTA. Entre autres, l’US Open, Montréal, Cincinnati… Une chose est certaine, son exploit parisien a déjà aidé le tennis français à respirer un bon coup en retrouvant un peu de lumière.À 22 ans seulement, avec son talent, elle a encore tant donner à sa discipline  et à ses fans.

@Fayçal CHEHAT

 

Les chiffres de Loïs Boisson

22 : son âge

2021 : Débuts de sa carrière professionnelle

300 000 : ses followers au lendemain de sa demi-finale ( 30 000 avant Roland Garros)

690 000 euros : Ses  gains au trounoi de Paris (  8000 euros à Saint-Guaudens, quelques semaines plus tôt)

65e : son classement WTA depuis le 6 juin  (elle était 366e avant l’étape de Paris)

5,3 millions : l’audience télé de sa demi-finale sur France 2 disputée l’après-midi.

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