Yasmine Belkaid:Après Pasteur,l’Académie des sciences
Depuis moins d’une année, les événements exceptionnels arrivent à l’universitaire et chercheuse scientifiques algérienne Yasmine Belkaid.La cinquantaine épanouie, la native d’Alger (1968) avait déjà marqué les esprits en étant nommée dès janvier 20#5 à la tête de l‘Institut Pasteur. Dans l’histoire séculaire de ce pilier mondial reconnu et respecté de la médecine -elle commence en 1887 – elle n’est que la deuxième femme à occuper ce poste prestigieux et à forte responsabilité.

Et voilà que la célèbre scientifique dont les travaux portent sur la relation entre les microbes et le système immunitaire,rejoint officiellement en ce mois de juin 2025 à la suite d’une cérémonie émouvante. l’Académie française des Sciences. Une place forte de l’excellence scientifique dont la naissance remonte à 1666. Une promotion qu’elle avait annoncé très modestementsur la page de son réseau Linkedin: « Le 4 juin, j’ai eu l’immense honneur de rejoindre officiellement l’Académie française des sciences. Cet honneur est d’autant plus significatif cette année, marquée par l’élection d’une majorité de femmes pour la première fois. »
Pur produit de l’école algérienne, elle est titulaire depuis 1993 d’un master en biochimie à l’Université des Sciences et Technologies Houari Boumediène (USTHB), elle avait choisi de poursuivre un autre long cursus en France et aux Etats-Unis.
Dans ces deux pays, elle obtient avec panache un doctorat d’immunologie à l’Institut Pasteur de Paris, et un post-doctorat aux National Institutes of Health (NIH). Aux États-Unis ses recherches sur le système immunitaire menées avec succès lui ont permis d’être récompensée en mai 2025 du prestigieux Lurie Prize, le Robert-Koch Award et d’une élection unanime comme Foreign Member de la Royal Society.
Mais attention, si cette nomination est exceptionnelle, sa bénéficiaire n’en est que plus méritoire. Surtout lorsqu’on sait que Yasmine Belkadi, pour rejoindre Paris et la France, avait accepté lâcher les rênes d’une autre direction puissante, celle de l’agence américaine d’immunologie humaine des National Institutes of Health (NIH) chargée de la recherche médicale et biomédicale. Une belle maison qu’elle avait dirigé pendant de nombreuses années.
Le jour de son départ des Etats-Unis, Anthony Fauci, qui fut durant 17 ans son ancien patro, a salué comme il se doit le travail qu’elle avait effectué à la tête des National Institutes of Health (NIH): « C’est avec un mélange de tristesse et d’excitation positive que nous, ici aux Etats-Unis et aux NIH, faisons nos adieux à Yasmine Belkaid. Nous sommes tristes parce que nous perdons l’une de nos scientifiques les plus appréciées et les plus chères, une superstar scientifique et un leader visionnaire, mais nous sommes excités d’une manière positive parce que nous savons qu’elle sera directrice de l’Institut Pasteur, l’une des institutions de recherche les plus réputées de la planète.. »

Scientifique prolifique et visionnaire,Yasmine Belkaid est logiquement très engagée lorsqu’il est question de la protection médicale des femmes, notamment à l’heure où en quittant les Etats-Unis elle sait combien les nouveaux maitres de Washington ont assuré ne pas faire le moindre cadeau au genre féminin. Y compris dans le domaine de la recherche des soins qui lui sont spécifques .
C’est pour cette raison que le 8 mars dernier, qu’elle avait profité de la journée internationale de la femme, pour préciser sa pensée : » Il ne faut surtout pas interrompre les recherches sur le sujet en Europe, a-t-elle confié dans les colonnes du journal francais La Tribune du Dimanche, notamment si les États-Unis se retirent complètement, car nous en avons besoin. Par exemple, certains médicaments peuvent être toxiques pour les femmes et bons pour les hommes, en raison de nos différences biologiques. Avant de s’occuper de médecine personnalisée, il faudrait déjà que l’on ait plus de données sur la santé des femmes qui représentent 50% de la population. Nous sommes à des années-lumière de là où on devrait être aujourd’hui. Je pense que si les hommes souffraient de l’endométriose, nous aurions déjà des traitements. » Cela a le mérite de la clarté et de la franchise . Il faut rappeler que l’immunologiste algérienne à des références internationales multiplie. Elle est en effet membre de nombreux comités et conseils scientifiques, dont l’Académie américaine des Arts et des Sciences, l’Académie nationale de Médecine et l’Académie nationale des Sciences, mais aussi le Microbiome Technical Advisory Group de la Fondation Bill & Melinda Gates, l’Anti-Racism Steering Committee des NIH, l’American Society of Microbiology et le Scientific Resource Board de Genentech….
@Fayçal CHEHAT
.
Commentaires