Natalie Dessay : « Je préfère chanter la douleur »
La soprano, actrice, chanteuse de comédies musicale américaines, la Française Natalie Dessay, récompensée il y a quelques semaines par une victoire d’honneur aux « Victoires de la musique classique », a sorti le 30 du même mois un dernier album intitulé « Oiseaux de passage« .
Son actualité chaude se poursuit par une tournée hexagonale de la comédie musicale de haut vol ‘Gypsy » qui a commencé le 16 avril à Paris. La fable de l’Américain Jule Styne, mise en scène par le Français Laurent Pelly, qui avait fait fureur à New York pendant des années, narre le destin d’une mère dévorée par un désir de célébrité qui la mène à pousser ses deux filles sous les projecteurs.

Dans cette version, elle partagera l’affiche avec Neïma Naouri, qui n’est autre que sa propre fille. A noter que Natalie Dessay fête son soixantième anniversaire ce samedi 19 avril. Pour mémoire, celle qui était devenue une exceptionnelle soliste et avait interprété les rôles prestigieux des plus grands opéras – Paris, Vienne, New York entre autres – avait mis entre parenthèse sa carrière de chanteuse lyrique il y a une vingtaine d’années pour se consacrer au théâtre et à la comédie musicale. Ce 19 avril, elle mettra définitivement fin à la musique classique à la Philharmonie de Paris. Notre rubrique « Leur dernier mot ».
Ce qu’elle a aimé chanter
» Chanter l’amour, c’est trop culcul, comme la passion, les conflits intérieurs, ça ne me m’intéresse pas du tout. Je préfère la douleur, le désespoir de Lucia di Lammermoor, l’héroïne de Dnizetti. Elle n’est pas folle, c’est juste une femme blessée, submergée par le douleur. J’ai adoré chanter également Ophélie dans le « Hamlet » d’Ambroise Thomas, mis en scène par Patrice Caurier et Moshe Leiser, à Genève ‘(Suisse). je mettais un coussin autour de la taille puis je le faisais glisser, comme si je faisais une fausse couche. Ensuite, je me tailladais les veines, le faut sang giclais partout, je me scarifiais la poitrine c’était génial ! »
Le mieux entre avant et maintenant
Avant » L’illusion du progrès dans laquelle on baignait. Mes parents pensaient que l’avenir serait meilleur pour nous, et on s’est imaginé que le monde serait également meilleur pour nos enfants, que les richesses seraient partagées, que tout le monde mangerait à sa fin. C’est le contraire qui s’est produit: il n’ a plus d’utopies dans lesquelles croire, la planète est en train de crever, et tout le monde s’en fout. Le seul rayon de soleil, ce sont les progrès de la médecine, même s’ils ne sont ni assez rapides ni assez nombreux car si l’on parvient à guérir certains cancers, on voit des gamins de plue en plus jeunes en être atteints, c’est vertigineux ».
(Propos extraits de l’entretien paru dans les colonnes du quotidien frznçais Libération daté du1 8 avril 2025)
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