Martina Semenzato (Italie): “Le lien entre violence du genre et violence économique”

L’Italienne Martina Semenzato a plusieurs cordes à son arc. Entrepreneure de haut vol, elle est présidente de la verrerie Salviati de Murano. Une position dont elle n’est pas peu fière surtout lorsqu’elle rappelle qu’elle a été la première femme a occuper  la plus haute responsabilité à la tête de son entreprise  en succédant à une dynastie de quarante hommes !

Martine Semenzato est également  député et membre du conseil d’administration du parti “Coraggio Italia”. Le 26 juillet,  la native de Spinea dans la banlieue de Venise, 50 ans  est élue  présidente de la commission d’enquête parlementaire sur le fémicide, ainsi que sur toutes les formes de violences de genre.  C’est à ce titre qu’elle s’est exprimée ce weekend sur la situation de la violence de genre dans son pays.  Et a insisté sur le lien entre cette violence du genre ey la violence économique prégnante qui pénalise les femmes. Extraits.

«Il faut noter que 62% des femmes qui se trouvent dans les centres anti-violence ne sont pas économiquement indépendantes, elles n’ont pas de travail, elles l’ont perdu ou ont été contraintes de le perdre, elles n’ont pas de pension, elles n’ont pas de revenus. C’est un chiffre très élevé. J’ai décidé d’approfondir ce sujet qui est enfin d’actualité aujourd’hui : des rapports sont publiés sur les violences économiques, sur le fait qu’une femme sur trois n’a pas de compte bancaire, sur les chiffres de la précarité économique des femmes dans les centres anti-violence. Ce thème s’inscrit dans une réflexion plus large sur le travail des femmes, les inégalités entre les sexes et l’emploi.”

*Une des innombrables interventions publiques de la présidente de la commission d’enquête parlementaire sur le fémicide

Selon Martina Semenzato, l’amélioration passera  par l’utilisation de nouveaux  langages et pas  forcément par une guerre lancée contre les hommes :

«Il est clair que l’écart entre les sexes et l’écart salarial entre les sexes existent toujours. Mais je dis toujours qu’il faut être prudent : il ne faut ni chasser, ni imiter, ni aller à l’encontre des hommes. Cependant, nous devons avoir les mêmes opportunités, pouvoir courir le marathon avec les mêmes possibilités et nous devons travailler pour que cela se réalise. Il est clair que pour les femmes, il y a évidemment des difficultés dictées par la conciliation entre vie personnelle, professionnelle et familiale. En pourra changer les choses en permettant aux femmes d’entrer et de réintégrer le marché du travail selon leurs propres conditions, sans subir de déclassement ni de ralentissement de leur carrière. Mais cela ne signifie pas devoir imiter ou répliquer des modèles masculins : nous devons apporter notre unicité, notre transversalité des compétences, notre vision hétérogène.”

Propos  extraits d’un entretien paru dans les colonnes du quotidien italien “Il Messagero” daté du 15 décembre 2023 republié le 13 janvier 2024).

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