MANAL Z. HAZEEM : «HÉROÏQUES LIBANAISES !»

C’est peu de jours après le drame terrible, l’explosion du port de Beyrouth en août 2020, qui a fait 214 morts et 6500 blessés, ainsi que des destructions matérielles massives, que j’ai été en contact, pour la première fois, avec Manal Zeynab Hazeem. Brillante responsable de la communication d’une agence de publicité libanaise, elle a dû, pour passer un cap sur le plan professionnel, et mieux gagner sa vie, choisir l’exil  et  devenir manager financier senior dans une multinationale  basée à Riyadh, Arabie Saoudite. Ancienne sportive de haut niveau,  spécialiste du kitesurf, elle reste une Libanaise de coeur. C’est de sa nouvelle vie et de ce pays qu’elle a laissé  derrrière elle (provisoirement ?)  qu’elle nous parle avec une  passion contagieuse et une émotion rare.

 

MÉDITERRANÉENNES:  Commençons par évoquer un moment difficile que vous avez vécu en direct et qui remonte à plus d’une année. Vous souvenez-vous de ce que vous faisiez au moment de la terrible explosion qui a détruit le quartier du port de Beyrouth ? 

MANAL ZEYNAB HAZEEM : Absolument !On venait de rentrer à la maison avec mon marI.À peine je m’assoie sur le sofa que l’on ressens comme un début de tremblement de terre.

Quelle a été votre première réaction ? 

J’étais impressionnée par le mouvement. Mon mari et moi on s’est jeté par terre, puis on entend un son inimaginable comme si celui émis par  un missile ou un avion. En tout cas un son très aigu qui pénètre dans ma tête.Oppressant. Je priais que je ne voulais  pas mourir. Puis tout  le reste se passe  en  quelques fractions de secondes : on entend l’explosion et le choc qui suit. Mon premier cri c’était “Momo” ! Je pensais à notre assistant qui venait de prendre la  route après nous avoir déposé chez nous. Je croyais que l’explosion avait eu lieu a coté de la maison. Je prend mon téléphone pour l’appeler et me rassurer qu’il était sain et sauf.

L’explosion dans le port de Beyrouth a traumatisé  un peu plus un pays  déjà plongé dans des tourments sans fin

Le drame du  4 août 2020  a paradoxalement confirmé  un fait : l’incroyable  solidarité  du peuple libanais… Comment s’est-elle manifestée concrètement ?

Mis a part le gouvernement et les personnes au pouvoir, le peuple libanais est  dans une totale solidarité. Comme il l’avait encore  manifesté  durant la révolution du 17 octobre 2019. Il y a un an, tous criaient  le même slogan  dégagiste  “كلن يعني كلن”  (Tous doivent partir, cela veut dire tous ! ») destiné aux politiciens de tous bords:  ministres , députés… Les citoyens  ont défié les gendarmes, crié fort pour que le gouvernement démissionne. Ce que ce dernier a fini par faire. Mais le nouveau gouvernement élu ne correspondait pas ce  à ce qu’on voulait. Alors la révolution, qui a fait de nombreux  martyrs, a continué. Les femmes préparaient les repas pour les contestataire dans les rues. Le  peuple était uni. Il n’était plus question de religions ni de partis politiques. Seul comptait le Liban. 

C’est cela qui fait que le pays ne s’est pas totalement effondré, malgré la succession des tragédies : la guerre entre 1975 et 1983, le terrorisme, la crise économique sans fin, l’injustice sociale…?

Je crois que l’indépendance du Liban n’a jamais été accomplie  L’année 2020 est le centenaire de cette indépendance  et la fin du mandat français. Notre pays  était en fait  toujours le terrain de la guerre des autres. Le  pays a été démoli plusieurs fois ces dernières décennies. Nous n’avons  jamais connu la sécurité. Nous avons  au contraire connu l’injustice, la pauvreté et des conditions  pires que  celles que vivent certains pays du tiers monde. Ce qui pousse encore et encore les jeunes Libanais à immigrer ou à vivre  dans des pays où ils sont plus respectés et où ils peuvent aspirer à une vie meilleure pour leurs famille

L’autre constante de ce pays, c’est le rôle tellement positif  et essentiel des femmes. Peut-on dire qu’elles sont le ciment  de la société ?                                          

La femme libanaise  est la plus libérée au Moyen-Orient. C’est mon opinion.Même si la société ne lui donne pas tous ses droits. Et je ne pense pas qu’à son absence dans les différentes compostions des équipes gouvernementales. Nous sommes bien loin de l’égalité hommes-femmes. Encore aujourd’hui, la femme libanaise ne peut pas transmettre  sa nationalité a ses enfants. Nous avons des femmes d’un talent exceptionnel qui sont mieux installées à l’étranger que dans leur propre pays. Et c’est dommage. La  révolution a fait des femmes des  icônes tant elles  se sont  montrées  courageuses face aux  attaques des forces de sécurité et défié  toutes les normes. Ce sont de vraies héroïnes. Bien sûr que j’admire leur courage, leur passion et leur  amour pour le pays ainsi que  la résilience dont elles font preuve partout.

 “Mes parents m’ont appris la tolérance et la compassion” 

Toutefois, en période de répit social et de paix  tout court, quelle est, au quotidien, la nature des relations hommes-femmes ?  La femme bénéficie t-elle du respect et occupe-t-elle une place juste dans l’organisation de la société? Réalité qui est  loin d’être partagée dans la plupart des pays d’Afrique du Nord et du Proche et Moyen Orient  ? 

Malheureusement la domination  des hommes perdure. Dans la plupart des cas,  la femme est soumise à sa famille, au père, au frère, parfois  à ses  oncles et bien sûr à son époux. Le jugement est toujours présent et la femme n’a pas les mêmes droits que les hommes. Sans compter que cette inégalité on la retrouve aussi dans la religion musulmane. L’État social libanais  n’est pas civil. La femme est soumise à son mari et, par exemple, beaucoup de femmes divorcées ne peuvent pas voir leurs enfants. Inégalité au travail  aussi puisque le salaire des femmes est rarement égal à  celui que perçoivent les hommes à compétence  égale…

L’autre particularité  du pays du cèdre  c’est son  multiconfessionnalisme: Chrétiens, Juifs, Musulmans maintiennent un seuil de tolérance élevé. Comment cela se manifeste-t-il dans la vie de tous les jours ?                                                      

Ce qui est beau dans notre pays, c’est la diversité : cultures , habitudes, coutumes et religions. On trouve toujours des gens qui ont été victimes des guerres de religions ou de sectes. Mais nous gardons un fort espoir de voir s’imposer un jour une société civile. Aujourd’hui, le  gouvernement libanais est soumis à la religion. Le président de la République doit être chrétien maronite, le Premier ministre musulman sunnite et le chef d’état est chiite. Ce qui fait que nous avons des restrictions dans nos ambitions. Je suis née dans une famille musulmane qui est ouverte à toutes les religions. Ma sœur et moi, on a fait nos études dans des écoles chrétiennes ( collège des sœurs des saints cœurs) parmi les “ma-soeur et ma-mère ».Je n’ai connu la différence entre musulman et chrétien qu’à l’adolescence. Mes parents m’ont appris la tolérance et la compassion envers tous les êtres humains. Peu importe d’où ils viennent  Nous apprenons  beaucoup de l’autre et cette diversité nous permet de forger notre caractère et d’être libre de choisir la personne qu’on aspire à être. Nous avons des quartiers où les églises et les mosquées voisinent sans problème. À mon avis, le fait que la majorité  des Libanais musulmans célèbrent Noël et Pâques avec les Chrétiens est la plus belle image de la coexistence naturelle dès confessions. Récemment avec la crise monétaire et économique, la Covid19 et l’explosion du port de Beyrouth, la communauté libanaise a l’étranger a fait plusieurs donations à leurs compatriotes vivant au pays.

Au lendemain de chaque crise le Liban perd une partie de ses jeunes talents ainsi que ces hommes et femmes d’expérience. Soit parce qu’il ont fait le choix d’une vie meilleure soit parce qu’ils sont sollicités pour leurs compétences. Vous pensez que cette situation peut encore  durer  ?   

Personnellement, oui. C’est mon cas et celui  de plusieurs amis, cousins…J’ai pris ma décision l’année passée de m’installer en  Arabie saoudite pour avoir une stabilité et une sécurité financière et professionnelle

En effet, vous même, avez quitté le pays pour rejoindre une entreprise de Dubai (PwC Middle East) même si vous êtes installée depuis  août 2019 dans la capitale saoudienne, Riyadh.Parlez-nous de votre métier que vous avez commencé à pratiquer à Beyrouth. Cet exil était un besoin ou une envie  de votre part ou les deux à la fois ?                                                                                                                           

J’ai rejoint PwC en 2017, après avoir passé environ 12 ans dans une agence de pub et de communication à Beyrouth. J’ai été forcée de quitter mon travail à cause de la crise économique. Étant chanceuse, j’ai eu cette  opportunité à PwC. Mon départ  pour Riyadh était une chance et je n’ai pas hésité du tout en prenant cette décision. Je sentais que la situation économique au Liban allait en empirant. Trois mois après, la révolution a commencé et les restrictions monétaires avaient été mises en application. J’étais sauvée juste à temps ! D’autre  part, le fait d’ être retenue  en  Arabie Saoudite  en tant que femme  était un  vrai boost pour ma carrière. Au Liban j’avais des limites à tous les niveaux: salaire, formation, promotion. Riyadh  était pour moi un challenge d’autant que le changement est toujours pour moi une nécessité.

Vous êtes mariée depuis cet deux ans maintenant. Votre compagnon de vie, artiste de profession, va-t-il vous rejoindre  ou bien allez-vous vous satisfaire de courts séjours l’un et l’autre au Liban et à Riyad.                                                                                                              

L’idée était qu’il me  rejoigne à Riyadh. Malheureusement la pandémie et la fermeture des aéroports ont du retarder  notre projet.

Vous m’avez dit que l’homme qui partage votre vie vous a soutenu dans ce choix. Il estimait qu’il n’avait pas le doit d’être égoïste et vous empêcher de faire progresser votre carrière. Belle preuve d’amour et de respect.  C’est un acte rare ou  assez courant au Liban ?                                                                                                    

A mon avis une telle attitude  dépens du milieu dans lequel l’homme est né et comment sa famille l’a éduqué voire s’il a bien voyagé et rencontré plusieurs cultures. Cela aide l’homme et la femme aussi à accepter l’autre et à respecter sa liberté.Dans mon entourage, il y a des hommes comme mon mari, et beaucoup d’autres qui ne partagent pas les mêmes opinions. Maintenant avec la technologie le monde est un village universel. On peut être ensemble même en vivant  dans différents pays.

En même temps, votre vie à Riyadh, en tant que femme, doit être bien différente de celle que vous aviez à  Beyrouth. Car ce n’est pas un secret, le statut des femmes au Royaume des Al Saoud, en dépit de petites concessions faites récemment par le roi Salmane, est loin d’être le plus reluisant de la planète. Comment vous adaptez-vous à ce changement ?                                                                                                

Nous avons tous des perceptions qu’on accumule sans connaître la réalité. Le  point de vue de la société saoudienne envers les femmes à beaucoup changé durant ces quatre ou cinq  dernières années. Par nature, je suis pour la liberté de l’être humain, la femme en particulier. J’étais donc curieuse de savoir comment les femmes se portent là-bas. J’étouffais à la seule  idée de porter la “abaya” et je souffrais pour les femme qui devaient porter la couleur noire de la tête jusqu’au bout des pieds, même en plein soleil, alors  que les hommes portent du blanc !

Heureusement  pour moi, la « abaya » n’est  plus obligatoire et  les femmes portent des couleurs éclatantes et peuvent ne plus se couvrir la tête ! j’ai eu la chance de travailler avec des femmes saoudiennes, elles sont impressionnantes. Elles sont bien éduquées, cultivées, charmantes ! Et elles sont ravies de ce changement. Leur liberté progresse. Elle sera totale un jour. Je l’espère en tout cas.  Aujourd’hui, les femmes conduisent leur voiture ! elles peuvent voyager seules et sans l’autorisation de leur père ou mari ! Pour moi, tout changement comporte un aspect positif et négatif. Par nature, je suis une personne qui s’adapte bien dans toute les circonstances. J’avais un but dans ma tête: ma carrière. Beaucoup de mes amis on été choqués par ma décision. Moi qui aime la mer et la liberté, j’allais vivre loin de la plage. Mais finalement, je me suis dit qu’au pire des cas, si je ne suis pas  à l’aise, je retourne à Beyrouth.

Sportive accomplie, Manel pratique à un haut niveau le kitesurf dont elle possède un diplôme d’assustante-instructeur

Justement, le sport parlons-en. Derrière la femme qui gère les risques financiers se cache une grande sportive. Vous êtes une adepte du kitesurf que vous avez pratiqué au plus niveau – elle a un diplôme délivré par la Kiteboarding and Kitesurfing –  et il est toujours  hobby…

Oui! c’est ma passion. J’ai commencé à pratiquer le kitesurf en 2010. C’était un sport presque nouveau au Liban.  On avait une petite communauté dominée par les hommes. Nous n’étions que deux filles au début. Ensuite, ma mission a consisté à  encourager les femmes à maîtriser cette discipline et d’être à la hauteur des hommes. J’ai fini par passer  un diplôme d’assistant-instructeur sans aller plus loin en raison de certaines circonstances. Le kitesurf m’a changé la vie. Je suivais le vent la où il se dirigeait. J’ai eu la chance de voyager en Afrique du sud, aux Philippines, en Égypte , en Turquie ou en Côte d’Ivoire pour pratiquer mon sport. Je me suis fait des amis partout dans le monde. Et ces aventures sont loin d’être terminées.

Le yoga est l’autre sport qui a vos faveurs. C’est un sacré grand écart. Vous pouvez  ainsi passer des vagues furieuses d’un océan à la douceur feutrée d’un tapis dans un environnement où règne le calme absolu….                                  

Mon histoire avec le yoga a commencé en 2007 dans un petit studio à Beyrouth . En ce temps là, les studios de yoga étaient rares. Je me souviens encore  de ma première  séance et de mon premier savasana (ndlr appelé aussi posture du cadavre )  Je me suis dit que c’est le feeling qui me manquait! L’idée de suivre des cours pour avoir un diplôme d’enseignante de yoga  est devenue réalité . Je pensais avoir un plan b dans ma vie.. M’installer sur une île et enseigner yoga et kitesurf (rires).  Ma rencontre avec le yoga m’a aidé à trouver la paix intérieure.À me retrouver tout simplement.

En clair, peut-on dire  que Manal c’est la tête et les jambes…

(Amusée ) Oui, c’est un package ! C’est tout ou rien !

Manal est une grande admiratrice de Sarah Beydoun, une jeune créatrice engagée dans la lutte sociale et politique récompensée du prix  ” Oslo business for peace” en 2016.

 Sur le plan culturel vers quoi se dirige votre attention? Vous aimez lire  et quel genre  d’ouvrages ?  À quoi ressemble votre  playlist musicale idéale ?                    

J’avais tant de question sur mon existence dans la tête depuis mon adolescence.. Je questionnais tout : la religion et ses restrictions. J’avais beaucoup de ”pourquoi “ dans ma tête. Un ami m’a recommandé de lire “Nouvelle terre” par Eckhart Tolle . au début je me suis dit.. de quoi il parle !! Ensuite, cela a fait sens. J’ai passé quelques bonnes années à lire des ouvrages spirituels d’auteurs tels  Tolle, Osho, Stephen Hawking, Deepak Chopra, Brian Weiss. Il faut dire que je suis très  attirée par la réincarnation et la vie après la mort. Ensuite je me suis tournée vers Rumi , un peu de Milan Kundera, Elif Shafak, et récemment une overdose de Khaled Husseini, George Orwell , Yuval Norah Harari.. Mitch Albom. J’ai cette habitude de lire deux à trois  livres en même temps.

En musique, le Liban a toujours donné naissance à des voix féminines exceptionnelles  dont la diva Faïrouz est le symbole. La relève existe-t-elle ? 

Il n’y a qu’une Faïrouz .. et sa voix et son symbolisme pour le Liban est divin. Personne ne la remplacera. La famille Rahbani appartient au patrimoine libanais ! Personnellement, je suis plus fan de Majida Roumi, elle n’a pas encore la même renommée que Faïrouz. Mais selon moi, elle est aussi un symbole du Liban, ce pays fait de compassion et de tolérance.

Que contient votre play-list musicale ?                                                                     

Je suis très éclectique !  Cela va de  Fayrouz à Tupac. La liste est un mix de Faïrouz , Oum Kalsoum, Bob Marley, Charles Aznavour, Eminem et un peu de house music  et de  hip hop .

Avec ce jeune, mais déjà beau parcours de vie, avez-vous des modèles, des expériences humaines qui vous inspirent. Notamment chez les femmes. Au Liban, d’abord, et dans le monde ? 

Je dirais d’abord Sarah Beydoun. C’est une Libanaise entrepreneur. Elle a commencé sa carrière en créant  le “Sarah’s bag” qui est une initiative pour les femmes prisonnières. Elle les  aidait à avoir un métier, à gagner de l’argent, a  être en mesure de prendre un avocat pour se défendre etc.  L’initiative consistait aussi  à leur enseigner la broderie pour faire des sacs qui sont maintenant très trendy et portés par des célébrités! Elle a été lauréate du prix « Oslo business for peace « en 2016. Dans le monde, j’ai beaucoup d’admiration pour  Maya Angelou, la poète américaine et militante pour le mouvement des droits civiques. .

Vous avez  vécu comme la majorité écrasante de l’Humanité un confinement sans précédent. Que garderez-vous de cette expérience imposée par un virus sournois et insaisissable, maintenant que  vous avez repris une vie un tant soit peu normale ?                                                                                                                                                                                                              J’ai passé trois mois consécutifs en confinement total à Riyadh. Seule à la maison avec ma chatte « Feebee! ».  C’était très dur de s’adapter au début. L’idée de l’inconnu me terrifiait moi qui a tant travaillé sur moi-même pour accepter l’imprévu et l’inconnu ! Le travail me donnait l’équilibre émotionnel. Et le  fait de se lever le matin et d’avoir une routine était une chance. Je  passais mon temps entre travail, lecture, coloriage et peinture, yoga, et beaucoup de séries et de films sur Netflix…Je garde en mémoire la panique et les attaques de OCD et sanatisation et  je répétais toujours dans ma tête “this too shall pass”.

Propos recueillis par Fayçal CHEHAT

 

LES PRÉFERENCES DE MANEL 

Votre livre : A new earth

Votre film : As good as it gets

Votre série: Friends

Votre chanson :Le vent nous portera (Noir Désir)

Votre ville: Beyrouth

Votre peintre : Van Gogh

Votre acteur : Keanu Reeves

Votre actrice: Sharon Stone

Votre parfum : Chance (Chanel)

Votre sport: Kitesurf

Votre talent caché : Ne rien faire :))

Votre voyage inoubliable: Cape Town

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