Katell Quillévéré: “Pour moi, l’orientation sexuelle n’est pas une identité”
Kattel Quillévéré est l’une des réalisatrices montantes du cinéma français.Jeune quadra, la cofondatrice du Festival de cinéma de Brive a à son actif depuis 2013 trois longs métrages, “Un poison violent“, “Suzanne” et “Réparer les vivants” qui ont connu un succès plus que d’estime en salles et une série pour la chaine franco-allemnde Arte consacré à l’histoire du groupe de NTM intulée “Le Monde de demain“.
Son quatrième film, “Le Temps d’aimer“, sélectionné au Festival de Cannes en 2023 , est attendu dans les salles en France le 29 novembre.
Cette fresque romanesque de deux heures raconte l’histoire d’un couple qui court sur une trentaine d’années entre le début des années 50 et celui des années 80. Un couple dont chaque membre garde de lourds secrets dont certains sont de brûlantes cicatrices de l’occupration allemande.
La bretonne de naissance, adoptée par Paris, avoue sa “fascination pour le couple”. qu’elle compare en quelque sorte à “une folie à deux, une fiction partagée qu’on décide d’inventer ensemble et dans laquelle on se jette en essayant d’y croire”.
“Pour moi, l’orientation sexuelle n’est pas une identité. Je ne me pose donc pas cette question quand je choisis ou dirige des interprètes. Mais, encore aujourd’hui, une bonne partie des actrices et acteurs homosexuel(le)s ont peur que leur orientation soit un frein à leur carrière. Il suit de se demander combien de stars françaises l’assument publi- quement… Si peu ! Et, si oui, quel âge ces stars ont attendu pour le dire… Leur crainte est, hélas, légitime, parce que le cinéma français grand public est à l’image de la société : il ne sort pas facilement des normes de représentations, et cela pour des questions souvent économiques. Mais regardons le féminisme : il ne s’est jamais aussi bien porté comme pensée que depuis qu’il se vend aux guichets des salles. Avec des Barbie… Il est donc important de se battre depuis l’intérieur du système, en poussant l’industrie à évoluer, à prendre des risques. C’est à nous, créateurs, de le faire.”
(Propos extraits de l’entretien paru dans les colonnes de l’hebdomadaire français Télérama Magazine daté du 22 novembre 2023).
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