Greeicy Rendón : “Parfois je me demande si je fais des choses très superficielles…”

La chanteuse, et danseuse et actrice colombienne très proche de l’Espagne, Greeicy Rendón, évoque dans un entretien passionnant, publié par un journal madrilène, la réelle émancipation féminine dans la musique latine au niveau du contenu des chansons notamment avec des textes et une musique clairement sensuelle voire sexuelle. Pour ne pas dire plus. Même si la native de  Bogota n’ose ou ne veut  pas complètement  libérer son langage pour des raisons d’éducation et parce qu’elle s’estime d’une autre génération  comparée aux artistes plus  jeunes qu’elle qui se battent pour s’imposer dans une industrie musicale encore largement machiste.

Greeicy Rendón, 32 ans, s’élève aussi  contre le rythme du renouvellement  des titres imposé par l’industrie  qui laisse si peu de temps à un(e) artiste de profiter  de l’accueil  que son public est censé lui réserver. Greeicy en arrive a se poser la question fatale : “Ne suis-je pas en train de faire des choses superficielles ? ” .

N’empêche, puisque le fil de l’actualité doit être sans cesse alimentée, la star latino-amércaine vient de terminer la grande étape  espagnole de son Yeliana World Tour  et s’apprête  à sillonner successivement les Etats-Unis avant l’Amérique du sud. La vie continue. Pour elle, enfant, dont la famille se  saignait  pour survivre, son trouble  actuel est compréhensible. Parce que, se souvient-t’elle, le manque matériel n’avait jamais empêché les siens d’afficher un certaine forme de bonheur.

Il y a une phrase que ma mère m’a partagée il y a quelques années pour mon anniversaire et qui l’explique bien. Il a écrit sur le miroir : « Puissiez-vous être très heureux, avec beaucoup, avec peu ou sans rien. » Maintenant, j’en ai beaucoup et vous pouvez toujours en avoir plus, mais vous commencez à penser à l’époque où, enfant, nous n’avions rien. Mes parents ont acheté les chaussures d’école de mon frère, quand elles étaient petites, elles étaient pour ma sœur et ensuite ils ont coupé le bout de la chaussure pour que les orteils puissent sortir. Nous avions ce niveau de besoin, mais je me souviens que mes parents étaient toujours heureux et j’avais ma nourriture, mon aguapanela, mes œufs, mon école, les valises que ma mère fabriquait. Après cela, quand ils me font croire à l’ego, je ne le prends pas pour réel...”

Cela m’a souvent choqué de savoir que je pouvais vivre  de la musique, que ma carrière se déroule parfaitement, que tout va bien financièrement… quelque chose de grave se produit dans le monde et je me demande quel est mon but. Je ne peux pas être responsable de tout ce qui se passe dans le monde, je le sais, mais nous sommes tous responsables et parfois je me demande si je fais des choses très superficielles. Je ne sais pas si je suis juste une personne superficielle dans l’industrie du divertissement qui ne contribue pas autant pendant que toutes ces choses se produisent…”

( Propos extraits de l’entretien paru dans les colonnes du quotidien espagnol El Mundo daté du  27 août 2024)

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