Gata Cattana, les ailes coupées d’une promesse andalouse
Il y a un peu plus de sept ans, le 2 mars 2017, la rappeuse Gata Cattana, un des premiers talents féminin en terre ibère,de son nom de famille Ana Isabel Garcio Llorente, coté paternel Ana Sforzz, côté maternal, succombait à des complications d’origine cardiaques. Elle avait à peine 26 ans et aurait dû avoir 33 ans ce 11 mai 2024.
Si Catana a tiré sa révérence à la fleur de l’âge, la native de la ville d’Adamuz était promise à un avenir radieux et à une carrière exceptionnelle comme poètesse et rappeuse.Son histoire musicale, qui avait commencé timidement en 2011, avait pris feu en quelques années au point de la transformer en une îcone.
Comme un puissant symbole de sa foi en sa musique, elle affirmait dans les colonnes du website espagnol Beatburguer ,dès 2015, être sûre et certaine de la portée de la force du slam et du rap : “je crois qu’on peut devenir immortel par le rap et laisser son héritage aux générations suivantes. ».
Hélas, le destin a voulu qu’elle n’aurait pas le temps de se forger le palmarès qu’elle aurait mérité et s’assurer une aura internationale. Mais elle n’a jamais été oubliée par Andalousie de coeur et par la jeunesse espagnole dont elle voulait être un l’un des fers de lance. Ces fans, femmes et hommes ne manquent jamais un anniversaire de sa disparition.
Son engagement très fort envers le féminisme, la culture andalouse ou sa capacité à initier les nouvelles générations à des racines plus classiques à travers la musique ou la poésie, ont fait d’elle une figure et un symbole important pour toute une génération.
Aujourd’hui encore, des peintures murales et des graffitis qui sont d’authentiques œuvres d’art occupent allègrement les façades dans les rues de Cordoue et de Grenade. Comme on peut trouver aisément son nom peint dans n’importe quel coin de Madrid, Gata Cattana un pseudonyme qui claque comme un combat menée par des révoltés.
Ana se voyait briller aussi comme écrivaine et romancière. Sa formation lycéenne et étudiante l’avaient mené à s’inscrire à Sciences Po et à se passionner aussi pour la litterature et à la philosophie. Très familiarisée avec les plus grands de ces disciplines à l’image des latino-américains Garcia Lorca, Pablo Neruda ou Pedro Salinas.
Toutefois son autre passsion, la musique, qui a commencé par le flamenco, a fini par prendre le dessus dans l’esprit d’une jeune femme adepte de l’action et de l’agitation. Des années après sa disparition, ceux qui l’aimaient et la soutenaient ont mis du coeur à l’ouvrage pour présenter en avant-première, lors du Madrid Urban Fest, un documentaire , Eterna, réalisé par Juan Mayorga.
Un documentaire puissant qui se concentre sur la vie et l’œuvre de la rappeuse en abordant les aspects les plus fondamentaux de sa vie et notamment “ses préoccupations humaines et artistiques à travers sa famille, ses amis, des personnalités culturelles telles que Juancho Marqués, Alejandra Martínez De Miguel, Sara Socas, Frank T ou Mala Rodríguez. , entre autres, ou les compagnons de scène avec lesquels elle a grandi comme le DJ Carlos Esteso ou le rappeur Aenege“.
Un autre commentateur affirme qu’en raison de ce parcours original” Cattana réconci-liait dans ses textes la dualité du fort et du faible. Elle était en même temps une observatrice froide des circonstances de l’existence humaine et une poète engagée et chantant la vie.”
Enfin, dans un autre article hommage, Eldiario.es rappelait que celle «qui portait le signe de la promesse était vue par certains comme la successeure de La Mala Rodríguez, et d’autres comme celle qui viendrait sauver le rap féminin et féministe dans notre pays“. In fine, du temps si court qu’elle a passé sur terre, elle a su en user avec talent jusqu’à son dernier souffle. Une vie si courte mais si intense et tellement créative.
@Fayçal CHEHAT .
Commentaires