Diane de Navacelle de Coubertin: ” Quand on est dans les extrêmes, on oublie les nuances”
À quelques semaines de l’inauguration des Jeux olympiques, celui que l’on appelle “le père fondateur de l’Olympisme moderne”, le baron Pierre de Coubertin, fait son entrée au Musée Grevin de Paris. Ce qui a donné lieu à une flopée d’articles de presse et de reportages qui n’ont pas manqué de rapeller que ce dirigeant né en 1875 est une figure très controversée. Pour avoir notamment apporté son soutien aux Jeux okympiques de 1936 à Berlin organisés par une Allemagne bien prise en main par le fondateur du nazisme, Adolf Hitler.
Pierre de Coubertin est également connu pour quelqu’un qui a toujours tenu des propos sexistes et racistes. À l’exemple de cette saillie reproduite sur le website de la Mairie de Paris qui lui est attribuée : “Les Jeux olympiques doivent être réservés aux hommes. Une Olympiade femelle serait inintéressante, inesthétique” . Comme il est de notoriété publique qu’il a porté aux nues les actions du colonialisme.
Alors qu’on entre dans la ligne droite des Jeux de Paris, des membres de son entourage familial ont pris l’affaire en main pour tenter de défendre sa mémoire en remettant les choses dans le contexte de l’époque. Ainsi, Diane de Navacelle de Coubertin, son arrière arrière petite nièce, reconnaît certes que si elles elles ne sont pas exagérées, ces graves accusations sont tout de même portées dans une période de wokisme et de Me Too. Et doivent donc être nuancées et vues avec un autre regard. Extrait.
“ Il a droit au super cocktail. C’est vrai, il a eu par exemple des phrases sur les femmes qu’aujourd’hui moi même je trouve choquantes. Maintenant, la position de la femme dans la société il y a cent trente ans n’était pas la même… Si Pierre de Coubertin ” a employé le mot « femelle » pour parler de la femme… il emploie aussi le terme « mâle “. Pourquoi le mot femelle est-il dérangeant et pourquoi le mot mâle ne l’est-il pas, finalement ? Il y a des mots qui ont évolué. La langue évolue en permanence, d’ailleurs…
“Je vais vous donner un exemple très bête. Quand j’étais petite fille, j’allais à la boulangerie et je demandais une tête de nègre. Et il n’y avait rien de mal à ça. Pour moi, c’était un super bon gâteau qui n’avait aucune conno- tation négative. Aujourd’hui, ce gâteau a été renommé [meringue au chocolat, NDLR]. Ce sont des termes qu’il ne faut pas renier. Il faut les expliquer pour comprendre notre histoire. Dans cent ans, que dira-t-on de notre époque ? Qu’elle était celle du wokisme ? De l’ultra-parité ? Du féminisme ? Évidemment, je veux que les choses bougent, mais je ne veux pas qu’on passe d’un extrême à l’autre. Quand on est dans les extrêmes, on oublie les nuances.”
(Propos extraits d’un entretien paru dans les colonnes de l’hebdomadaire français “Le Journal du Dimanche” daté du 16 juin 2024).
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