Victoria Abril :”Entre nostalgie et combativité “

Victoria Abril, cette solide  actrice espagnole qui rayonne autant en France e n’a jamais eu sa langue dans sa poche. Ses commentaires sur l’état de son pays de coeur ne sont jamais neutres et surtout pas insipides. Elle qui partage sa vie et aussi sa carrière de comédienne et d’actrice entre l’Espagne et  le pays de Molière  se montre plutôt pessimiste ces derniers temps  lorsqu’elle fait le point sur l’état des libertés (culturelles essentiellement) en terre ibère. Surtout dit-elle après la pandémie du Covid-19 qui avait paralysé la vie dans toutes les contréesde la planète  durant près de deux ans.

Le film qui lui valut “Le Goya de la meilleure actrice en 1996

Mais Abril ne veut pas tout mettre sur le dos de la pandémie et de l’arrêt sur image qui s’en est suivi. Pour la comédienne un temps préférée de son compatriote réalisateur Pedro Almodovar, la dégradation de la situation  et le grignotage des droits ont commencé bien avant.

Cette  sortie médiatique  de la comédienne de 65 ans en mode douce amère  peut surprendre certains mais elle reste  justifiée selon elle. A noter que la native de Madrid avait fait salles combles en présentant  et jouant la pièce Médusa ” – signée José Maria del Castillo -,au festival de théâtre classique de  Mérida entre le 31 juillet et le 11 août.

Victoira Abril dans “Talons aiguilles “

Pour mémoire, Victoria Abril a la longévité incroyable a tourné dans 97 longs métrages entre 1975 et 2024. et joué dans 26 séries et films de télévision. Elle avait à peine dix-sept ans lorsqu’elle fit son apparition sur grand écran dans “Obesession” de Francisco Lara Polop avant d’enchaîner l’année suivante avec “ El Puente” signé Juan Andonio Bardem.

C’est sous la direction de Pedro Almodovar  que sa cote monta en flèche grâce à des rôles brillants dans “La loi du désir” (1988); “Attache-moi” (1990), “Kika” (1994),  C’était avant que le géant du cinéma hispanique ne lui préfère la pétillante Pénékope Cruz.  En 1996, elle décroche le Goya de la meilleure actrice espagnole pour son rôle dans “Personne ne parlera de nous quand nous serons mortes”  (Augustín Díaz Yanes). 

“Son dernier mot…” 

J’ai commencé à travailler dans le cinéma d’auteur en 1975, juste après la mort de Franco et sa dictature cruelle, dans laquelle la plupart d’entre nous n’avions “rien à perdre et tout à gagner”… Et la Movida est arrivée. Cependant  50 ans plus tard, nous sommes dans la même situation, mais maintenant dans la direction opposée “

“Le théâtre est la nourriture de l’âme, comme disait Lorca. Mais même cela nous a été enlevé en France pendant le covid. Les temples de l’Âme nous ont été fermés pendant 16 longs mois. J’ai dû attendre et désespérer pendant deux ans pour pouvoir jouer “Drole de genre” en France, mais ça valait le coup ! Le public m’a sauvé de la folie existentielle. , remplissant les salles pendant deux ans…

J’ai de la tendresse et de l’admiration pour ce que nous avions pu faire il y a cinquante ans . Je n’ai jamais aimé me regarder, mais quel bon cinéma d’auteur-amateur avons nous pu créer en liberté ! Sans argent, sans industrie, en hypothéquant tout ce que  nous possédiosn  et ne pouvions pas posséder, mais avec beaucoup de talent, de passion et d’engagement…

“Aujourd’hui, 90 % de ma carrière cinématographique aurait été impossible à filmer et même si l’oeuvre  était produite, personne n’oserait l’exploiter. Pour continuer à raconter des histoires d’auteur, “libres, vivants”, il ne nous reste plus que le théâtre. Et je dis ‘nous”, car sans le public, il n’y a pas de représentation. Pas même cette fusion émotionnelle partagée qui vous remplit de sérotonine quand vous les entendez rire pendant deux heures. Le public vous guérit !”

(Propos extraits  d’un entretien paru dans les colonnes du quotidien madrilène El Mundo daté du 29 juillet 2024)

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