Tina Modotti, une photographe très engagée

Le Jeu de Paume offre depuis le 12 février  aux Parisiens, français et touristes du monde entier qui visitent la capitale française une magnifique occasion de découvrir  ou (redécouvrir ) pour certains (pas nombreux ) l’originale histoire de la photographe italienne  Tina Modotti dont la carrière avait atteint son sommet dans les années 1920-1930. Pourtant rien ne présestinait la native de Udine  – dans la région du Frioul –  à devenir une icône du reportage photo. En effet, celle qui avait commencé  à travailler comme ouvrière dans une usine de textile à l’âge de 12 ans va montrer qu’elle était une précoce en tout.

À  16 ans, elle embarque dans un bateau dans des conditons difficiles et risquées pour retrouver  de l’autre côté de l’Atlantique son paternel émigré  à San Francisco. Dans ce nouveau monde qui avait la réputation méritée de  donner sa chance aux plus aadacieux et aux plus généreux dans l’effort et la créativité, Tina, quasiment illettrée, se découvre vraiment comme  une touche à tout exceptionnelle .Elle commence par se lancer dans la couture avant de devenir mannequin, poétesse  et  comédienne. Sur sa présence au cinéma, il y aussi bien des choses à dire et à écrire.

Sa curiosité insatable et son culot sans limite  l’amènent  à croiser la route d’un photographe très en vogue. Edward Weston  était déjà reconnu  sur la place comme un artiste madré;.Nous sommes en 1921, Tina Modotti  a alors 25 ans. Elle commence par être une  de ses modèles avant de lui demander de l’initier aux tehniques de la photo. Entre temps, ou en même temps,elle avait réussi à conquérir son coeur.

Dès 1923, la grande aventure artistique peut commencer. Au vu de son  origine sociale, de sa formation accélérée dans l’appren- tissage de la vie dure,  l’Italienne était programmée pour ne concevoir l’activité artistique que sous le prisme du réalisme et donc du militantisme.Dans la foulée, elle part au Mexique voisin où règne depuis des années une athmosphère révolutionnaire.

Tina Modotti (Italie, 18096-1942) Affiche Jeu de Paume

Et très vite, elle montre son appétance pour les images qui narrent les luttes des femmes et des hommes pour la dignité  économique et sociale. Toutes choses qu’elle a si bien connues alors qu’elle était enfant, préadolescente puis adolescente. Comme l’explique la commissaire de l’exposition du Jeu de Paume.

“Dès 1924,  affirme  Isabel  Tejeda Martin, Modotti a un regard très différent de ce que lui a enseigné son maître. C’est important de se souvenir qu’elle a travaillé quand elle était enfant, que c’était une femme de milieu modeste. Pour moi, quand elle passe de l’autre côté de l’appareil et qu’elle photographie les Mexicains, elle reste des deux côtés de l’objectif. C’est ce que j”ai appelé son ‘regard incarné’, un regard empathique” . Un engagement qui prend  un sens plus fort lorsqu’elle  décide d”adhérer au Parti communiste  mexicain en 2027″.

Son travail au Mexique  trouvera écho à l’internatonal y compris aux Etats-Unis  où elle fera connaître  le mouvement  muraliste* Plutôt que le circuit des expositions ce sont les journaux – quotidiens, hebdomadaires et magazines –  dans des pays à l’avant-garde dans le domaine où elle excelle qui feront connaître ses photos et asseoir solidement sa réputation. Au Mexique et aux Etats-Unis bien sûr mais aussi en Allemagne, en Russie et en Espagne.
Dans ce dernier pays meurtri par une terrible guère civile, elle est bien sûr au côté des antifascistes. Pas comme photographe mais comme secouriste. En 1939, elle est contrainte de quitter la péninsule ibérique pour rentrer clandestinement au Mexique où elle décèdera d’une crise cardiaque  alors qu’elle était dans un taxi à 46 ans seulement. En réalité la carrière de photographe  de Tina Modotti n’a duré que sept ans . Soit de 1923 à 1930. Courte, rare  mais puissante et féconde.

L’exposition de Paris  offre à voir  plus  de 250 photographies qu’évoque et commente, dans un superbe  catalague officiel, Quentin Bajac, le directeur du Jeu de Paume : «Quelques images-icônes, souvent mises en avant, ont fait oublier l’essentiel, à savoir que son travail ne cherche pas à plaire, mais se révèle bien davantage soucieux d’adhésion au réel et à une forme de vérité. Longtemps étudiée à travers le seul prisme de l’influence d’Edward Weston, l’œuvre photographique de Modotti se détache enfin, depuis plusieurs années maintenant, dans sa singularité».

Il faut préciser que les   engagements militants et politiques  de l’artiste et la dispersion de ses oeuvres on contribué longtemps, au moins  jusqu’au début des années 70 – a son invisibilité internationale. En France, le commissaire Sam Stourdzé a été le premier, en 2000,  à lui consacrer une exposition  aux Rencontres d’Arles.

Toujours au  sujet de cette marginalisation  on peut dire qu’elle a été également causée par l’avènement du  maccarthysme et  de l’anticommunisme aux États-Unis voire le machisme exacerbé de l’époque  qui laissait alors peu de place aux femmes. Même dans le domaine de création cutlurelle. Isable Tejeda Martin précise :  Quand j’ai commencé à travailler sur Tina Modotti, au milieu des années 1990 en Italie, elle apparaissait très peu dans l’histoire de la photographie. Quand elle était mentionnée, c’était comme modèle et compagne d’Edward Weston ou comme élève du photographe américain.” Le maccarthysme et l’anticommunisme  qui sévissaient aux  États-Unis et le fait qu’elle soit une femme peuvent aussi expliquer cette exclusion.

@Fayçal CHEHAT

 

Inaugurée le 12 février, l’exposition  “Tina Modoti, l’oeil de la révolution” est visible jusqu’au 12 mai 2024  au Musée du Jeu de Paume , 1 Place de la Concorde, 75001 Paris.

 

 

 

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