Judith Godrèche: ” Ce qui a déclenché ma prise de parole…”
L’actrice française Judith Godrèche avait fait une grosse impression lors de la dernière cérémonie des Césars 2024 en tenant un discours fort et poignant contre les violences sexuelles dans le cinéma.Des propos qui ont fait grand bruit et renforcé la libération de la parole engagée par d’autres femmes du monde du 7e art en France et à l’international.
Dans un entretien croisé – publié par Le Journal du Dimanche, avec Edouard Durand, juge des enfants et ancien coprésident de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), Judith Godrèche revient sur ce qui l’avait décide prendre la parole sur cette thématique devant ses pair(e)s du monde du cinéma. D’abord, un sens des responsabilités. Ensute un constat sur le silence qui est une réaction “tristement banale face aux révélations de violences sexuelles”. Extraits.
” Enfant, quand je voyais des scènes de vio- lence dans la rue, ou des animaux se faire maltraiter,j’étais très interventionniste… Mais ce qu’on me faisait à moi, je l’acceptais totalement. Dans cette relation avec Be- noît Jacquot, dans ce monde du cinéma, avec ces réalisa- teurs qui abusaient de façon très systématique de leur pou- voir, j’étais complètement soumise. Ce qui a déclenché ma prise de parole, c’est l’idée que quelqu’un d’autre soit en- core en danger. Un silence engagerait ma responsabilité, même dans l’ombre. Il y a un mystère : « j’ignore ce qui est en train de se passer » ; une certitude : « je ne suis pas unique » ; et une angoisse, celle d’être là à ne rien faire. Alors, une limite est atteinte. J’en sais trop. Je ne peux pas être consciente de tout cela et rentrer chez moi en pensant à autre chose, ce serait cautionner…”
“Imaginez que là, en plus, il s’agit du cinéma, une société du spectacle où la notion du paraître est primordiale. Des gens qui, moi y compris, construisent la perception de leur propre image durant des années, avec les conseils de leur attachée de presse, de leurs agents. C’est un milieu avec beaucoup d’amitiés, de connivences, d’intérêts réci- proques. Comment se situer dans tout cela ? J’espère que ce qui doit être dit le sera. Et que ceux qui n’accepteront pas le changement pour que les abus cessent, ne trouve- ront plus leur place. J’aimerais imaginer un renversement de forces. Malheureusement, l’argent, le pouvoir, l’autori- té ont pour l’instant empêché les choses de changer. Mais si les victimes qui n’ont pas forcément le pouvoir se met- taient toutes à parler, parler, parler… le brouhaha pren- drait le dessus sur celui qui a, certes, une énorme voix, mais qui serait alors isolé…”
‘Popros extraits de l”interview croisée Judith Godrèche – Édouard Durant parue dans les colonnes de l’hebdmadaire français Le Journal du Dimanche ” daté du 24 mrs 2024).
Sa dernière réalisation cinématographique
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