Suzanne Valadon, « peintre critiquée, mais jamais oubliée »

Le Centre Pompidou à Paris rend un hommage géant à l’artiste Suzanne Valadon ( 1865-1938) en offrant à voir une flopée de ses oeuvres ( 200)  au grand public cosmopolite et international  de la capitale française. Inaugurée le 15 janvier, l’exposition, pilotée par un solide duo  Nathalie Ernoult, attachée de conservation au Centre Pompidou, et Chiara Parisi, directrice du Centre Pompidou Metz,  verra le printemps, puisqu’elle est programmée jusqu’au 26 mai 2025.

« L’exposition « Suzanne Valadon », explique le dossier de présentation initié par le Centre Pompidou, retrace cet itinéraire unique, depuis ses débuts de modèle favorite du tout-Montmartre, jusqu’à sa reconnaissance artistique, intervenue très tôt, par ses pairs et la critique. Véritable « passeuse » d’un siècle à l’autre, Suzanne Valadon embrasse la ferveur parisienne du tournant-de-siècle, ses cafés, bals musettes et cabarets et ses multiples révolutions artistiques, intellectuelles et sociétales (…)

 » Cette exposition souligne l’étendue, la richesse et la complexité de son œuvre en s’articulant autour de cinq sections thématiques : Apprendre par l’observation, Portraits de famille, « Je peins les gens pour apprendre à les connaître », « La vraie théorie, c’est la nature qui l’impose », Le nu : un regard féminin. Une sélection d’œuvres de ses contemporaines, aux préoccupations picturales proches des siennes, comme Juliette Roche, Georgette Agutte, Jacqueline Marval, Émilie Charmy ou Hélène Delasalle complète cette proposition…  ».

Contrairement à beaucoup d’autres artistes de son époque, cette  reine du crayon et du pinceau,  » figure de référence,critiquée, mais jamais oubliée » selon les bons mots de Xavier Rey, le directeur du Musée national français d’art moderne, a pu connaître la gloire de son vivant. Partie de rien à son arrivée à Paris pous suivre sa mère lingère de métier, elle a osé s’inscrire  dans un monde qui n’était pas le sien et tracer un chemin  glorieux.

Un sacré exploit surtout lorsqu’il s’agit d’une femme. Si elle fut rapide, son ascension dans le monde masculin et très fermé de l’art pictural français, ne lui évita pas d’emprunter une voix parallèle pour arriver sur le devant de la scène. La native de  Bessines-sur-Gartempe ( ),  n’a pas hésité à passer par la case modèle. Grâce à une chance incroyable, elle eut l’occasion de poser nue pour  des peintres illustres tels que  Gauguin, Toulouse-Lautrec, Puvis de Chavannes, Renoir etc.

Et c’est presque tout naturellement  que cette  longue et intense fréquentation des ateliers les plus renommés de France, lui donna l’envie de passer derrière un chevalet pour produire ses premières oeuvres. Son sens aigu de l’observation du travail des grands maîtres, doublé d’une grande confiance en son propre talent, l’amena à multiplier les créations tous azimuts:  bouquets de fleurs, portraits, nus, natures mortes.

Celle qui avait été dans une première vie, comme en passant, acrobate, a connu aussi quelques grandes réussites  à son époque en devenant en 1894  la première femme à être admise, à l’âge de 29 ans, à la Société nationale des Beaux-Arts.  Ou la première femme  à dessiner et peindre des modèles masculins nus.

Encouragée par quelques rencontres puissantes et heureuses, elle bénéficia de l’amitié d’artistes exceptionnels comme Édouard Degas, d’abord, puis Pablo Picasso,  par  s’imposer indiscutablement parmi les meilleur(e)s portraitistes de son époque. Portraits qui ne fuient pas le réalisme. L’artiste avait l’habitude de dire  : “La vraie théorie, c’est la nature qui l’impose”.  Principe qu’elle s’applique à elle-même  en 1931 en réalisant son autoportrait. Celui d’une femme âgée de 66 ans qui n’offre pas, loin de là, que de beaux restes.Valadon était aussi reconnue pour sa grande maîtrise des couleurs.

Artiste iconoclaste, au but final indéfini, selon les puristes et les partisans absolus d’une ligne directrice, Suzanne Valadon  aimait définir sa passion et ses parcours comme suit :  “J’ai dessiné follement pour que quand je n’aurais plus d’yeux j’en aie au bout des doigts”.

@Fayçal CHEHAT

 

 

 

 

 

 

 

 

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