Quand ce Mondial de football masculin organisé au Qatar aura pris fin le 18 décembre prochain et qu’on evoquera l’aventure de l’arbitre stéphanie Frappart, il ne nous restera qu’une question à poser: mais que manquera-t-il à la Française pour signer un parcours parfait le jour où elle rangera son sifflet dans les poches de l’histoire du football international. Même si à 38 ans, il lui reste encore quelques belles années d’activité devant elle.En vérité, pas grand chose. Car depuis qu’elle a embrassé ce métier, elle n’a eu de cesse d’être la première à ouvrir, les unes après les autres, les portes qui mènent à l”égalité hommes femmes dans ce sport universel mais si lourdement mysogine il y a à peine vingt ans.
La collectionneuse des grandes premières
Frappart est la dame des premières par excellence. Quatrième arbitre lors de deux matches de Coupe du monde quelque jours plus tôt, elle a été désignée le 2 décembre comme arbitre principale du match Costa Rica – Allemagne comptant pour la troisième journée du groupe E. Dans ce match historique, elle était accompagnée par un duo de juges femmes en l’occurence la Brésilienne Neuza Back et la Mexicaine Karen Diaz.Cette expérience est dans continuité de son ascension fulgurante commencée il y a une decennie. En effet, la native de Plessis Bouchard (Val d’Oise) a été en France la première femme arbitre centrale d’un match de Ligue 2 (2014), puis d’un match de Ligue 1 (2019), d’une finale de Supercoupe de l’UEFA (Chelsea-Liverpool en 2019), d’une rencontre internationale en compétition officielle masculine (Malte-Lettonie en Ligue des Nations, en septembre 2020)…
” Je ne suis pas la porte parole du féminisme”
Quelques jours avant le coup d’envoi du Mondial, Stéphanie Frappart mettait les choses au point sur les rôles que certains voudraient la voir endosser :”Je ne suis pas la porte-parole du féminisme. Je ne veux pas qu’on me stigmatise par rapport à un genre mais par rapport à ce que je fais sur le terrain“.Et à l’heure ou l’idée de boycott de l’événement organisé dans l’Émirat gazier était à la mode chez certains en Europe et en Amérique, elle a préféré voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide : “Je ne m’étais pas mis comme objectif primordial d’être à la Coupe du monde. Ça a été une surprise et je suis très honorée d’y participer.
Le verre à moitié plein ? : “ J’ai toujours été bien été accueillie à Doha et je trouve que c’est un signe fort de la part de la FIFA de mettre des femmes arbitres dans ce pays-là. On dit que le sport n’est pas politisé, mais je sais qu’on joue un rôle. Si notre présence peut faire avancer les choses, c’est très bien”.Ce soir là, tout le monde a pu apprécier le sans faute et la superbe maîtrise dont elle a fait preuve dans un match musclé et fou fou fou entre Allemands et Costariciens. Un match viril mais gardé dans les limites du fair play par une femme qui n’a pas été obligé de hausser le ton pour se faire respecter.Et rien ne dit que la FIFA ne pourrait pas faire un pas supplémentaire en désignant la Française, si bien sûr elle maintenait sa belle expertise durant la deuxième quinzaine, maîtresse de la finale mondiae le 18 décembre. Un formidable signe pour clôturer l’année 2022.@Fayçal CHEHAT
Pierluigi Collina (Italie)
” Je voudrais parler d’arbitres sans avoir à décliner le mot au masculin ou au féminin”
Celui qui passe pour être le plus prestigieux arbitre de l’histoire du sifflet, l italien Pierluigi Collina, qui est aujourd’hui président de la commission des arbitres de la FIFA, s’exprimait ainsi récemment dans les colonnes du quotidien spécialisé transalpin, Corriere della Sera.« Seule la qualité compte, le reste pas du tout. Si un arbitre a des qualités, il doit être capable de les exploiter indépendamment du fait qu’il soit un homme ou une femme. Je voudrais parler d’arbitres sans avoir à décliner le mot au masculin ou au féminin. J’espère qu’à l’avenir il y aura d’autres Frappart et que ce ne sera plus une chose étrange ou une nouvelle .Elles enchaînent depuis plusieurs années les prestations de haut vol. Pour nous, ce sont uniquement des arbitres officielles. Et c’est le message que je leur ai donné: ”Vous n’êtes pas ici parce que vous êtes des femmes, vous êtes ici parce que vous êtes des arbitres de la Fifa”.@Fayçal CHEHAT
Récapitulatif des premières de Stéphanie Frappart
2014 : Arbitre centrale de Ligue 2
2019 : Arbitre centrale de Ligue 1
2019 : Arbitre centrale en compétition européenne de club, en Super Coupe de l’UEFA
2020 : Arbitre centrale en compétition européenne des nations, en Ligue des nations de l’UEFA
2020 : Arbitre centrale en Ligue Europa
2020 : Arbitre centrale en Ligue des champions
2021 : Quatrième arbitre à l’UEFA Euro hommes
2022 : Arbitre centrale aux qualifications pour la Coupe du monde hommes
Commentaires