Serene Grandeur: ” L’autoportrait, c’est la façon intime et sincère de mon expression “
L’artiste peintre libanaise Serene Ghandour, 28 ans, également chanteuse de jazz, devait assurer une grande exposition de ses oeuvres à la galerie Mission Art à Beyrouth en octobre, un événement reporté une première fois et perturbé une deuxième fois par l’actualité dramatique que vit le pays du cèdre. L’exposition “Jésus à la keffieh » et « Mar Charbel à la fatiha »,est tout de même visible aujourd”hui, mais uniquement sur rendez-vous. En catimini en quelque sorte. Mais aussi une façon très courageuse de maintenir le cours des arts et de la culture malgré tout. Elle a tout de meme lele mérite d’exister en dépit du fracas des armes.
Né d’un père musicien, lui-même fils d’une professeur d’art palestinenne, Serene a grandi dans un monde de bienveillance et d’ouverture à l’autre quel que soit son satut social, ses origines ethnques et sa confession religieuse. A noter que Serene est une précoce puisque c’est dès 2007 – elle venait d’avoir 19 ans – qu’elle entre sous la lumière de la reconnaissance en devenant la co-loréante libanise de l’Olympiade artistique de l’International Child Art Foundation. Le chemin s’ouvre encore plus après une formation brillante à l’Université libanaise. Totalement dévouée à son art, les portes de galeries et des salons s’ouvrent devant elle . Puis, son atelier devient un lieu de visite pour les passionnés d’art. Dans son travail, son choix est clair et assumé : “se se concentrer sur un sujet qu’elle voudrait mieux connaître: elle-même. Son travail se concentre sur des autoportraits aux travers desquels elle entame son processus de découverte de soi”.
Dans un une belle analyse de sa peinture,le magazine https://arttemoinemergence.com/serene-ghandour décrit les desseins de la jeune artiste : “En montrant au public les parties d’elle-même les plus intimes et les plus « repoussantes », elle cherche à comprendre les limites de nos sociétés et les codes avec lesquelles ces dernières interagissent. Utilisant la dépréciation de soi, l’exagération ou la satire, l’artiste nous montre le laid, le dérangeant. Serene ne compte pas arrêter l’autoportrait de si tôt, c’est pour elle un moyen de se voir célèbre et de sortir du Liban, du moins à travers ses toiles”. Talent à suivre.
“M’accepter moi-même et mon apparence
“Chaque coup de pinceau devient un moment de réflexion sur soi, de doute, de haine de soi, d’amour de soi et de résolution de problèmes, tissant une tapisserie d’émotions et d’expériences sur la toile ». Quant à sa recherche permanente autour de l’autoportrait, « c’est la façon la plus intime et sincère dont je puisse m’exprimer. Mes œuvres et mon art en général sont une réflexion sur la manière dont je ressens les choses plutôt que ce qui se passe à l’extérieur. Peindre mon histoire, c’est me montrer. M’accepter moi-même et mon apparence. La douleur… Qui n’est pas en douleur en ce moment ? Les expressions que j’utilise font partie de la narration et de l’histoire que je raconte ».
À propos de ces grandes mains qui peuplent ses portraits “Ces mains qui disent tout”
« C’est que la main est une des parties les plus expressives du corps humain. En plus d’être un merveilleux outil de création, elle dit tout de nos états d’âme. Quand les mains sont désœuvrées, quand elles sont en mal de travail, quand on est dans une situation où l’on ne sait pas où les mettre, quoi en faire, elles deviennent un poids très lourd à porter. Les mains que je mets en avant servent aussi à amplifier la perspective ».
( Propos extraits du reportage consacré à l’exposition de l’artiste par le quotidien libanais “L’Orient le jour” daté du 26 octobre 2024)
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