Sarah Ourahmoune : “Un mec a secoué une barrière en criant : « Retourne dans ta cuisine»

Le parcours de Sarah Ourahmoune est  sans doute le plus riche et le plus  impressionnant de la boxe féminine française. Avec une médaille d’argent aux Jeux olympiques de Rio de Janeiro, une corronne mondiale remportée en 2008 et une dizaine de  titres de championne de France.

La native de Sèvres, dans les Hauts-de-Seine, est le symbole absolu de l’entrée des femmes dans l’univers de la boxe anglaise. Il faut rappeler que l’autorisation  de se produire officiellement sur un ring ne leur a été accordée qu’en en 1997 autant au niveau amateur que professionnel.

Aujourd’hui, à 41 ans, la championne est devenue, entre autres activités,une forte personnalité et une importante dirigeante du noble art en particulier et du sport français en général. En effet, la Franco-algérienne est en effet vice présidente  du Comité national olympique française (CNOSF) et vice-présidente de la Fédération française de boxe (FFB) .

À l’occasion d’une très récente sortie médiatique, Sarah Ourahmoune  a raconté sa première apparition sur un ring et de l’accueil qui lui a été réservée par un public masculin à  une majorité écrasante. C’était en 1999. Il y a seulement 25 ans Une autre époque, un autre monde. Fayçal CHEHAT

 

On m’a proposé de participer à une soirée, à Elancourt (Yvelines), avec plusieurs combats masculins à l’affiche, dont un championnat du monde. Le président du club m’avait donné une tenue qui semblait plus adaptée à une ring girl; j’ai finalement opté pour un tee-shirt et un short de basket. La salle était pleine. Je devais affronter une fille venue de la boxe française. Nous n’avions pas été an- noncées dans le programme. La foule était hystérique quand nous avons traversé le pu- blic pour monter sur le ring. Un mec a secoué une barrière en criant : « Retourne dans ta cuisine». J’ai gagné mon combat, un moment très fort, plein d’émotions et d’adrénaline qui m’a donné envie de continuer.

Des propos sexistes, elle a connu bien d’autres : ”  De la part d’hommes, mais aussi de femmes qui ne comprenaient pas comment je pouvais donner des coups, en prendre… Mon corps se musclait : « Ce n’est pas très joli», me disait-on. Est arrivée, bien plus tard, l’affaire de la jupe que la Fédération internationale de boxe a voulu nous imposer. L’argument était de dire qu’on était moches sur un ring et qu’avec cet accoutrement on donnerait une « belle image ». La boxe fémi- nine allait faire ses débuts aux Jeux olympi- ques [à Londres, en 2012]. Il y a eu une solidarité assez forte des boxeuses pour refuser la jupe. Personnellement, je me sentais bien en short. Je voulais qu’on me regarde pour mes perfor- mances sportives, pas pour mon physique.

( Propos extraits d’un entretien accordé par Sarah Ourahmoune au quotidien français Le Monde daté du 2 mai 2023). Lien: ~Le Monde du Dimanche 30 Avril et Mardi 2 Mai 2023.

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