Sandrine Pepit: “Pour les filles, le principal risque de la fugue, c’est la prostitution”.
À l’occasion de la journée internationale des enfants disparus (25 mai), Sandrine Pépit, directrice du 116 000, le numéro d’appel d’urgence pour signaler une disparition, s’est beaucoup investie et exprimée dans les médias pour rappeler, si besoin en était, la lourdeur du dossier, et inciter à une mobilisation permanente.
Selon les chiffres officiels, 41106 disparitions de mineurs ont été signalées en 2020 et 43202 en 2022 dans l’Hexagone. Et selon cette éminente spécialiste fait entre autres deux constats amers. D’abord, “à l’origine d’une fugue, il y a un traumatisme : harcèlement, négligence, maltraitance, conflit familial”. Ensuite, depuis quelques années, nous constatons un lien croissant entre fugues à répéti- tion et exploitation sexuelle. Propos choisis.
” La fugue est la principale porte d’entrée de la prostitution. Ce phénomène touche le plus souvent des jeunes filles qui ont commencé à se prostituer avant de quitter leur famille, ou bien leur foyer quand elles sont suivies par la protection de l’enfance. D’autres commen- cent à se prostituer pendant leur errance, pour survivre. La moyenne d’âge, c’est 14 ans.
“Au début, elles ne se considèrent pas comme victimes et voient jus- te cette activité comme une ma- nière de gagner de l’argent rapidement. Ensuite, pour faire moins de passes elles-mêmes, certaines recrutent d’autres filles dans les foyers de protection de l’enfance, à la sortie de l’école ou sur les réseaux sociaux et basculent dans le proxénétisme aux côtés de garçons presque aussi jeunes qu’elles.
“Il arrive aussi qu’elles soient prises en main par des réseaux or- ganisés et emmenées à l’étranger. Elles peuvent passer de la France à la Belgique et à l’Italie en une journée. Nous avons d’ailleurs relevé une hausse du nombre de fu- gues vers l’étranger en 2022…”
(Extrait d’un entretien publié par le quotidien français Le Figaro du 27 mai 2023)
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