Paola Cortollesi : “J’ai été marquée par le cinéma de Rossellini et de Vittorio De Sica…”
Le long métrage “‘Il reste encore demain” signé par la réalisatrice et actrice Paola Cortollesi est depuis mercredi 13 mars dans toutes les salles de France et de Navarre avec de réelles chances de toucher un public dans la droite ligne du tsunami réalisé en Italie où il a été vu par plus de 5,5 millions de spectateurs entre novembre 2023 et février 2024. Un chiffre qui sera certainement amélioré d’ici l’été prochain.
Une chose est certaine, dans la très dense et prestigieuse histoire du cinéma italien, le film de la native de Rome, 50 ans, est déjà entré dans le top dix des audiences nationales de tous les temps. Et cela est loin d’être fini. Le thème choisi par la native de Rome, pour son premier long métrage en tant que réalisatrice est très sensible et éminemment d’actualité: la question des droits et libertés des femmes.
La réalisatrice s’est inspirée du récit de l’émancipation d’une femme de la domination d’un mari d’une rare violence dans la grande banlieue de Rome au matin de l’après deuxième guerre mondiale. Dans un entretien paru dans les colonnes du quotidien du soir français Le Monde, Paola Cortollesi apporte quelques éclairages concernant ses choix de réalisation.
Le choix du noir et blanc
” Ce fut un choix instinctif. Les années 1940, je me les suis tou- jours imaginées en noir et blanc, parce que je les ai découvertes avec le cinéma néoréaliste de Ro- berto Rossellini, Vittorio De Sica… Les films que ces auteurs ont tournés pendant la guerre m’ont marquée, comme Campo de’ Fiori [1943], de Mario Bonnard, avec Anna Magnani. En rupture avec le cinéma de propagande du régime fasciste, très éloigné du pays réel, ils ont montré des lieux, des visages, des accents beaucoup plus authentiques. Les sujets de leurs films étaient relativement légers, pour faire diversion à la guerre qui plombait le moral des Italiens. Ces contrastes m’ont inspirée, notamment pour la séquence d’ouverture…”
La chorégraphie de la violence
“Il s’agissait de montrer quelque chose qui se répète au fil du temps, un rituel, une routine. Mon per- sonnage se fait frapper, l’accepte, se relève, tout en sachant qu’elle se fera bientôt de nouveau violenter par le même homme. La danse me semblait la forme adéquate pour figurer cette absence au monde et à soi-même. La chanson qui illus- tre cette scène, Nessuno, parle d’amour: «Personne, pas même le destin, ne pourra nous sépa- rer.» Mais l’interprétation drama- tique qu’en donne Petra Magoni, accolée à ces images, en altère le sens : la promesse d’union s’avère, dans les bras de cet homme-là, une malédiction...”
(Propos extraits de l’interview accordé au quotidien Le Monde daté u 13 mars 2024 )
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