Ons Jabeur: « Il faut respecter les joueuses »

 Ons Jabeur, la  double finaliste a Wimbledon en 2021 et 2023 était à Paris cette semaine pour son entrée en lice dans le  tournoi de Roland Garros dont elle avait atteint à deux reprises  les quarts de finale (2021-2022) . En difficulté depuis quelques mois, suite à des pépins physiques, elle a dû cette fois quitter la compétition  dès le premier tour battue (6-7, 0-6) par la Polonaise Magdalena Fręch, 25e joueuse mondial.

Un début de printemps difficile  qui s’explique pour la native de Ksar Hellal  par une préparation ratée et  assumée.  Actuellement 36e au classement WTA, la Tunisienne n’est pas du genre à baisser les bras ni à s’apitoyer sur son sort  et compte bien relever le défi d’un retour  à son meilleur niveau. Celui qui lui  avait permis il y a encore  deux ans d’atteindre le top trois mondial.

Ons Jabeur drapeau tunisien en main pour fêter sa qualification en huitièmes de finale à Roland Garros

Cette élimination précoce n’a pas empêché celle qui a été surnommée « La ministre du bonheur » par ses très nombreux admirateurs en Tunisie de montrer qu’elle est toujours cette femme capable  de s’intéresser, au-delà de son cas personnel, aux questions de  l’évolution du sport en général et du tennis féminin en particulier.

À propos, de  ce dernier sujet, Ons Jabeur est monté au créneau  en conférence de presse pour dénoncer le traitement réservé aux tenniswomans par les plateformes de télévision en les accusant clairement de sexisme. Son argument est on ne peut plus juste puisque  les organisateurs du tournoi parisien (la Fédération française ) et le chaine qui détient les droits  de retransmission et de diffusion ( Amazon Prime Video) n’ont programmé aucun match féminin en session de nuit

« C’est un peu ironique, a confié celle qui vient d’avoir 30 ans, Ils ne montrent pas le sport féminin, ils ne montrent pas le tennis féminin, et puis ils posent la question : ‘Oui, mais les fans regardent surtout les hommes’. Bien sûr qu’ils regardent plus les hommes parce qu’on montre plus d’hommes. Tout est lié. C’est une honte de la part de la Fédération, une honte de la part de Prime Video, peu importe comment on appelle la télévision, d’avoir signé un tel contrat. Beaucoup de grandes joueuses méritent d’être là. L’un des matchs de lundi était celui entre Naomi Osaka et Paula Badosa. Un match incroyable. Elles étaient censées être en session de nuit. Comme l’année dernière quand Iga Swiatek et Naomi Osaka étaient censées être là. Je ne sais pas de quel genre de fans ils parlent. Je sais que je suis une fan et que regarderais ce match. »

(vidéo) Ons Jabeur a commenté aussi son difficile début de printemps 2025 et promis de corriger le tir

Avant d’enfoncer le clou sans prendre de gants : « C’est une honte pour les Fédérations, les chaînes de télévision. C’est triste qu’on reste encore dans la même situation et malheureux pour le sport féminin en général. Les personnes qui prennent ces décisions, je ne sais pas si elles ont des filles et j’espère qu’elles ne les traitent pas comme ça. C’est un peu ironique. On ne diffuse pas de sport féminin, de tennis féminin et ensuite on se pose la question de savoir pourquoi on regarde plus le sport masculin. Bien sûr qu’on regarde plus, puisque c’est ce qui est le plus diffusé, ça va donc de pair... »

En réalité, la Tunisienne ne faisait que dire tout haut ce que les joueuses pensent tout bas depuis longtemps. D’ailleurs, Ons Jabeur a reçu dans la foulée le soutien ferme de Coco Gauff, la numéro deux mondiale et  joueuse la mieux payée sur le circuit : « Je pense que les matchs féminins méritent une place en soirée ».

Suite à la déclaration faite en conférence de presse par Ons Jabeur, les mauvaises langues étaient de sortie et s’en sont pris dans la foulée à la numéro un du tennis africain et arabe en l’accusant, notamment sur les réseaux sociaux, de  chercher à noyer le poisson pour faire oublier ses deux éliminations précoces au mois de mai dans deux tournois importants du calendrier. En l’occurrence le rendez-vous  des Internationaux de  Rome puis celui de Paris, l’un des quatre événements comptant pour le Grand Chelem.

Dire cela est injuste et signifie que les auteurs de ces commentairest ont oublié ou connaissent mal cette sportive de haut niveau  dont les engagements sont forts et divers sur des thèmes autrement plus sérieux et plus impactants.. Engagements sociaux, humanitaires et politiques.  Ons Jabeur est une femme forte et une athlète intègre, dans le partage,  qui ne se cache jamais dans la bulle dorée  d’une profession qui lui assure il est vrai  un réel confort de vie gagné à la sueur de son front. On peut être champion(ne) et avoir un avis sur la marche du monde.

 

@Fayçal CHEHAT

 

Commentaires

Soyez le premier à commenter cet article ...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Revenir au TOP