Nadine Khouri et son bel album “hanté”
Pour la chanteuse Libanaise Nadine Khouri, son deuxième album intitulé “Another Life”, publié à la fin de l’année 2022, trouve l’origine de sa conception en 2020. Annus horribilis s’il en fut. Avec cette pandémie du COVID-19 dévastatrice qui n’épargna aucun territoire de la planète ou presque.
Et pour elle, la fille de Beyrouth, il y eut comme un supplément d’horreur, l’explosion qui a ravagé le port de la métropole méditerranéenne et un quartier entier faisant des centaines de morts et des sans abris par milliers. Dont les conséquences dramatiques sont encore béantes en ce début de l’année 2023.
Another Life est donc ce nouveau monde qu’elle appelle de ses voeux à la sortie de l’enfer. Un blues urbain et cosmopolite qui raconte les dérives de la planète et où il est question de l’exil, de la solitude, entre autres thèmes. Sublimé par la voix ourlée, douce et envoutante voire magnétique de l’interprète.
Un album que l’auteur qualifie de “hanté”. “Il y avait beaucoup de questions que je me posais à ce moment-là. Et beaucoup de ces questions se sont retrouvées dans la musique”.
C’est aussi une création enrichie par la puissante participation de musiciens tels Basia Bartz, Francis Booth ou Tomas Garcia et les chœurs de Lizzy O’Connor et du remarquable Adrian Crowley.
Et comme pour «The Salted Air», son premier opus qu’elle estime plus romantique, commis avec bonheur en 2017, la native de a collaboré avec le génial producteur so britsh John Parish. Talentueux inspirateur d’artistes tels, excusez du peu, PJ Harvey, Tracy Chapman, Eels et Sparklehorse.
Une voix ourlée, envoûtante et magnétique
D’ailleurs, c’est une Nadine Khouri reconnaissante et admirative qui évoque l’homme qui l’a aidé à façonner une si belle oeuvre: “En plus d’être incroya- blement talentueux et capable d’élever le niveau du travail de n’importe qui, je lui fais confiance, a-t-elle confié au magazine Arab News, je l’apprécie vraiment en tant que personne et travailler ensemble m’a semblé naturel et confortable sur le plan humain. Je savais que John serait capable de capturer ce que je recherchais sur cet album. Je cherchais l’harmonie et un processus aussi simple que possible.”
Nadine Khouri le dit sans le clamer trop fort : son nouvel album est comme une envie de “revisiter mon ancien moi. Ma vie telle qu’elle était, les choses dont je me souviens, tout ce qui m’a si fortement marqué. Je ne voulais pas perdre ça et j’essayais d’être vraiment avec et d’explorer cette personne que je sentais peut-être perdue ou laissée pour compte”.
L’auteur compositrice et interprète entame sans doute une nouvelle étape de sa vie depuis qu’elle s’est installée à Marseille la lumineuse après avoir passé vingt dans un Londres plus sombre mais qui crée et vit à cent à l’heure.
Le morceau “On Pushing These Walls est la cerise sur le gâteau de ” The Another Life”. Une formidable occasion pour la Libanaise de rendre hommage à une artiste qu’elle admire par dessus tout,Lhasa, décédée en 2010. « C’était une artiste unique et une chanteuse extraordinaire qui a changé le cours de ma vie et influencé de nombreux musiciens. Après avoir vu Feist, Bryce Dessner et d’autres lui rendre hommage un soir à Londres, je suis rentré chez moi et j’ai écrit cette chanson. La musique de Lhasa était expansive, ouverte, plurielle, exploratoire, au-delà des langues et des genres. »
“The Another Life” a été enregistré par Dani Bennett Spragg aux Hoxa Studios de Londres.
@Fayçal CHEHAT
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