Nada Debs: “Le designer est”un pacificateur”

La designer libanaise Nada Debs a désormais une réputation mondiale. En témoigne sa collaboration en 2021  avec la grande marque suédoise IKEA sur la collection LJUVARE conscacrée à l’esthétque traditionnelle du Ramadan. Histoire de” revitaliser l’énergie des intérieurs, donner du style et une déco tendance à la célébration du mois sacré” par le monde musulman.

La même année, la native de Beyrouth a vu son tapis de prière   « Transcendence » remporter  le prix  AD Design Awards du  meilleur design de produit. Deux ans plus tôt, 2019, elle s’était associée au célèbre bottier milanais Fratelli-Rossetti. pour imaginer une paire de sandales ” dont le talon s’inspire de la technique traditionnelle de la marqueterie ottomane en étant incrusté d’une série de zigzags nacrés“. Effet waouh garanti.

Nada Debs est née au Liban mais a grandi au Japon, suivi une formation aux États-Unis conclue par un diplôme de la Rhode Island School of Design. Mais c’est à Londres qu’elle a lancé sa carrière spécialisée dans le mobilier sur mesure.Ce n’est que la quarantaine venue qu’elle regagne son Liban natal.

Elle y fonde la collection Contemporary Arabesque qui propose un mélange des matières, marqueterie dans la tradition. Sa vie et ses expériences diverses au Japon, en Amérique  et en Europe lui donnent la légitimité de magnifier l’art oriental avec cette touche contemporaine et de lui ouvrir les portes de l’universalisme.

Pour le journal Le Monde “la cheffe de file du design libanais réconcilie minimalisme japonais et arabesques orientales.”  En fait, c’est la destinée des designers authentiques. Designers, qui, pour elle, méritent amplement le titre de”pacificateurs”.

 

Je pense que le terme de « pacificateur » est parfait, car je tiens toujours à réconcilier les différences dans lesquelles j’ai grandi. Longtemps, je n’arrivais pas à sa- voir si j’étais japonaise, arabe ou occidentale, ayant vécu aussi dix ans à Londres, où je m’étais ma- riée et où j’ai élevé mes deux fils. Le design m’a donné la réponse, à savoir que l’on peut être tout cela à la fois. J’éprouve un vrai conten- tement quand je parviens dans mes créations à exprimer le meilleur de chaque culture, à trouver un point d’équilibre. Je trouve que l’œuvre métissée pos- sède une identité neuve, enrichis- sante pour tous

 

Sur sa nouvelle vie au Liban

Depuis l’an 2000, nous avons connu tant de bouleversements et de crises au Liban. Nous avançons de dix pas et reculons de cinq. Chaque catastrophe m’oblige à devenir plus forte et plus prolifique, me donnant une raison supplémentaire de me battre. Je considère nos meubles et nos objets comme une extension de ce que nous sommes. Mon travail est une forme de résistance. Le Japon m’a appris à faire le ménage et à voir l’essence des choses…

(Propos extraits de l’entretien accordé au quotidien français Le Monde daté du 13 décembre 2023)

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