Myassa Messaoudi: “En Algérie, le prétendu statut supérieur de l’homme est sacralisé”

Invitée par le quotidien algérois Liberté a faire le point sur l’état des droits des femmes  en Algérie juste après la journée du 8 mars 2022, l’écrivaine Myassa Messaoudi avait dressé un bilan sans concession. Duquel il ressort,  lorsqu’il s’agit du genre  féminin  qui représente la moitité de la population du pays,  que la  société algérienne  est pleine de paradoxes brutaux. Ce qui n’étonne pas l’auteure du roman piquant publié en 2019 aux éditions Koukou  et intitulé ” C’est mon choix! ” disent “les femmes soumises ” . À partir du moment où le  conversatisme est rendu tout puissant parce qu’il s’appuye  solidement  sur un Code  de la famille  qui est “en passe de devenir un deuxième Coran”. Mots choisis.

Le code de la famille est en passe de devenir un deuxième Coran. Ni amendable, ni abrogeable, ni discuté. On sacralise, à travers des lois ségrégationnistes à l’égard des femmes, le prétendu statut supérieur de l’homme. On en est encore au racisme primaire et biologique.  Le statut de la moitié de la population algérienne, la plus diplômée, est légué aux obscurantistes pour en faire leur motif de haine et d’exclusion. Le pays se voit donc amputé d’une énergie et d’un apport substantiel pour son développement et sa cohésion sociale. On ne mesure toujours pas l’étendue des dégâts générés par ce code sur les plans sociologique, politique et économique du pays. Sans parler de la piètre réputation qu’il induit au sein des nations (…). L’un des grands paradoxes algériens en matière de droits des femmes est qu’elles sont autorisées à accéder à n’importe quelles formations, aussi exigeantes et prestigieuses soient-elles. Elles peuvent occuper des postes au plus haut rang administratif et juridique des entreprises. Elles peuvent être ministres et même présidente de la République. Rien ne s’y oppose légalement. Mais pour contracter un mariage, il lui faut un tuteur ! Une sorte d’aval masculin qui n’est pas sans rappeler le rôle lointain que jouaient les propriétaires d’esclaves. Survivent, à l’égard des femmes, quelques reflexes dignes des temps sombres de la traite”.   ( Interview paru le 9 mars 2022 dans les colonnes du quotidien algérien Liberté)

 

 

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