Maria Grazia Cucinotta: ” Ce n’est pas facile d’être actrice en étant dyslexique “
L’ histoire de l’actrice italienne Maria Grazia Cucinotta est passionnante parce que pour le cinéma transalpin qui a connu une période faste jusqu’au début des années 90, elle restera à jamais identifiée à un film “Il postino” (Le facteur) qui connut un succès phénoménal en Italie bien sûr mais aussi dans tous les pays anglo-saxons, Angleterre et Etats-Unis surtout. Le film est resté deux ans à l’afficche dans les salles de cinéma de New York.
Le long métrage signé par l’Anglais Michael Radford et scénarisé par l’acteur Italien Massimo Troisi imagine la rencontre dans les années 50, aussi improbable que puissante, de Mario, jeune facteur italien () avec l’exilé Pablo Neruda (Philippe Noiret), le plus grands des poètes et romanciers chiliens et prix Nobel de la littérature en 1977.
La rencontre a lieu à Salina, l’une des sept îles Eoliennes au large de la Sicile. Au fil du temps et des tournées quotidiennes, les deux hommes multiplièrent les échanges? Ce qui offrit l’occa – sion au jeune porteur de nouvelles de découvrir les secrets ensorcelants et la force des mots qui habitent la poésie. Maria Grazia Cucinotta, elle, joue le rôle de Béatrice, la torride et plantureuse serveuse de l’unique bar du hameau sur mer. Il s’avère que 2024 est le 30ème anniversaire de la réalisation du film. Une bonne partie de presse italienne n’a pas manqué l’occasion de marquer le coup.
Et c’est logiquement que celle qui a illuminé le film par sa beauté et son naturel époustouflant a eu les honneurs d’évoquer le tournage de ce bijou italien. Dans un bel entretien accordé au quotidien Corriere Della Sera , la native de Messine raconte aussi ce qu’elle doit à Massimo Troisi (décédé, hélas, quelques jours après la fin du tournage) qui l’auditionna et retint sa candidature même après qu’elle lui ai annoncé qu’elle souffrait de dyslexie. Pour celle qui a fêté ses 56 ans le 27 juillet dernier, ce souvenir reste le plus beau de sa vie de comédienne. Le film l’a fait connaître dans le mond entier. L’histoire d’une vie tient parfois à un détail. À une rencontre À un petit geste bienveillant.
« Massimo Troisi m’a choisi lors des auditions. C’est Nathaly Caldonazzo qui lui a parlé de moi. Je lui suis reconnaissante et je l’aime, même si nous ne nous parlons plus. Mes jambes tremblaient d’être assise là devant lui en train de lire un scénario. Ensuite, comme je suis dyslexique… j’ai manqué de préparation, je n’avais aucune expérience.
Mais ce n’était pas un problème pour lui Parce qu’il ne voulait pas que je sois technique : « Tu n’es pas obligé d’agir parce que ça se voit ». Il ne considérait même pas la dyslexie comme un défaut, il me disait simplement de ne pas courir. Je me souviens aussi du tic-tac que je pensais être une horloge, mais c’était plutôt son cœur. Heureusement, j’ai fait comme si de rien n’était et je n’ai commis aucune gaffe.”
«Quand j’étais jeune, j’avais des crises de panique pendant les examens. Je n’ai pas grandi dans un quartier facile, à un moment donné, on pensait que j’étais toxicomane, parce qu’il y avait beaucoup de drogues qui circulaient. Ma mère était désespérée. Plus je m’effondrais, plus je ressemblais à l’idiot du village. » Ce n’est pas facile d’être actrice avec ces troubles. « Au théâtre surtout, au cinéma on rembobine la scène. Quand j’ai joué Les Filles d’Eve au théâtre, j’avais très peur, heureusement Vittoria Belvedere et Michela Andreozzi jouaient avec moi et elles m’ont beaucoup aidé.“
(Entretien paru dans les colonne du quotidien italien ” Corriere Della Sera” daté du 3 septembre 2024).
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