Malvina Maury, dans le piège mexicain

Après une année 2022 riche en événements et en émotions et quelques fois en petites galères dans la Ville Lumière, la chanteuse et performer française, Malvina Maury, avait décidé de prendre quelques mois pour se regénérer.Mais de façon très active. Fidèle à son tempérament de feu et à son indécrottable enthousiasme.

En optant pour un vrai road movie qui devait l’emmener entre autres au Mexique, aux Etats-Unis, un pays où elle grandi, au Canada,au Chili etc.Informée de son projet, Méditerranéennes Magazine  lui avait proposé de tenir dans ses colonnes une sorte de journal de bord où elle aurait partagé – avec nos lecteurs qui la connaissent et l’apprécient  bien désormais – au fur et à mesure de l’avancée de son périple, ses impressions, ses belles rencontres, ses découvertes, ses étonnements et ses inspirations.

Hélas, cette belle idée n’a pas pu voir le jour. La sémillante artiste à l’optimisme chevillée au corps  ne pouvait imaginer que son projet allait être bouleversé et ses belles sensations fracassées. En tombant dans un piège mexicain. Elle a décidé de raconter le reste de ses mésaventures dans nos colonnes.. FC

 

Illusions perdues

“L’histoire que je vais vous raconter commence après avoir donné une centaine de concerts à Paris sachant qu’en journée, j’étais aussi guide touristique à Montmartre pour faire découvrir la gastronomie française aux touristes américains. J’étais fatiguée, épuisée, j’enchaînais tous les jours sans day off.

“Le dernier mois à Paris je l’ai vécu dans un hôtel miteux montmartrois, toilettes sur le palier et douches communes, autant vous dire que les douches de mon club de gym m’ont bien servie durant le mois de décembre.

“Pour la première fois de ma vie, je côtoyais les punaises de lit, j’aurais pu m’en passer !!!
J’étais éreintée, je n’avais pas le temps de prendre le temps de réfléchir, d’écrire ou de composer.
Je ne savais pas quand est-ce que j’allais voir la fin de ce tourbillon, j’avais besoin de prendre du recul…

“Mon ancien patron pour qui je travaillais à New York, que nous allons appeler G, m’avait proposé de devenir la directrice artistique de son nouveau lieu qu’il voulait ouvrir au Mexique à San Miguel d’Allende. J’allais tirer avantage de cette proposition pour faire une pause et j’allais en profiter aussi pour aller voir mon frère à Québec City puis mon père au Chili.

“J’ai préparé mon voyage pour début janvier et je pensais rentrer mi-mars en France.
Je suis partie le 11 janvier au Mexique. À peine arrivée le 12, mon ancien boss me fit travailler le soir même (comme serveuse) dans un hangar d’artistes où il avait acheté un petit spot « tapas+alcool » d’une quinzaine de places assises pour sa compagne mexicaine.
Il m’avait prévenu qu’elle était jalouse, je lui avais rétorqué « t’as qu’à lui dire que je suis lesbienne! » en rigolant.

“J’allais être hébergée dans leur maison. Sa compagne m’a fait la gueule toute la soirée, il y avait une serveuse qui faisait la gueule aussi…j’ai compris qu’après que c’était son amie.

” Le lendemain matin, je reçois un message de G qui m’invite à prendre le café à l’étage.
J’y vais et bien sûr l’ambiance était assez tendue. S compagne, que l’on va nommer A, ne m’a pas dit bonjour, rien, elle  ne regardait que G dans les yeux et lui parlait, en l’appelant par des mots doux comme « cariño », « baby »…  Bref, j’étais là, tel un fantôme…inexistante, en observant cette mascarade, une telenovela mal jouée.

“Cette Mexicaine jalouse d’une blanche car elle avait trouvé son « Sugar Daddy », son blanc qui avait de la tune, elle ne comptait pas le lâcher. Telle une moule à son rocher, elle était accrochée à lui.
On pouvait vraiment sentir, la femme qui a dû galérer toute sa vie…elle avait un fils de 17 ans qu’elle avait dû avoir très jeune, son ex devait être violent et l’alcool était très présent aussi.

” Nous devions retourner à la petite brasserie pour l’ouverture vers 13 h. Nous avons travaillé toute l’après-midi puis vers 20 h, G a pris sa moto, il est rentré à la villa et A avec son amie, m’a proposé de sortir boire un verre sans G. J’ai accepté, nous sommes arrivées dans un bar avec Music live, j’étais dans mon élément.

A a commandé une bouteille de rouge, puis j’ai eu le droit à un interrogatoire sur G, sa vie, son ex-femme….j’ai bu 2 verres, je suis allée danser, je suis revenue, elles rigolaient toutes les deux, m’ont tendu un verre, et m’ont dit de le boire, j’ai exécuté sans me poser de questions… petit à petit j’ai commencé à me sentir partir, je n’étais plus maître de mes gestes, j’ai commencé à avoir peur, j’ai même filmé la séquence, j’ai essayé de filmer autour pour montrer les gens mais je n’y arrivais pas c’était de plus en plus dur, on entend dans ma vidéo que je ne sais pas si je vais être vivante le lendemain, j’avais peur.

San Miguel de Allende (Mexique)

 

Puis plus rien, black out…. Je me réveille, je n’arrive pas à bouger, j’ai A sur moi, elle est nue, en califourchon et fait des va-et-vient sur moi, elle me fout ses seins dans mon visage et dit des mots comme si on était dans un film porno… J’ai du mal à revenir dans mon corps, je ne comprends pas ce qui se passe.
Je lutte pour pouvoir utiliser mon corps, à ce moment-là, j’ai assez de force pour la pousser en dehors du lit.
Je lui demande de partir, elle me ressaute dessus, je la repousse en criant plus fort: « dégage, va retrouver G ! »
Elle part, je ne sais même pas si elle s’est rhabillée ou pas, tout ce que je sais, c’est que je me sens mal, je suis nue aussi, je veux me dire que c’est un cauchemar, je m’habille, je pleure, je m’endors…
6h plus tard je me réveille, j’ai des douleurs dans tout mon corps, mon dos est en vrac, j’ai des bleus sur mes bras, un long bleu qui traverse mon dos et ma nuque…ma nuque me fait mal comme si j’avais reçu le coup du lapin.

“Mon coeur palpite, puis je le sens se ralentir, il me fait mal, me gêne…je suis assoiffée, ma bouche est sèche. J’essaye de me convaincre que c’est un cauchemar, je n’arrive pas à réaliser, j’appelle une amie, je lui raconte l’histoire en rigolant, c’est tellement improbable, je ne sais pas quelle émotion mettre dessus.
“Puis les jours passent, je commence à réaliser, je me cache dans ma chambre, j’ai peur, je ne veux plus les voir, je commence à avoir des angoisses, je lutte pour me lever le matin et sortir, puis arrive le soir, je suis pétrifiée, je pleure de panique à l’idée de sortir seule.
Petit à petit mon cerveau comprend que je me suis faite droguée, abusée physiquement et sexuellement.

En arrivant au Mexique , l’artiste sortait d’une année 2022 où elle a donné uen centaine de concerts à Paris

 

Cette folle d’A, a utilisé le seul pouvoir qu’elle avait pour me faire peur : le sexe.”  Cela a bien fonctionné, j’ai passé le reste de mon séjour, 10 jours à avoir peur, peur des gens, peur des regards. À ce moment-là, la musique est mon dernier souci, la rencontre de musiciens aussi, je veux juste partir et sauver ma peau.

” Je suis partie le 24 janvier du Mexique, le vol a été retardé plusieurs fois, j’étais en panique, je voulais juste partir et toutes les heures il décalait mon vol pour Houston car il y avait une tornade…j’avais 3 avions pour arriver à destination au Québec. J’ai du modifier tout mes vols car j’avais 6h de retard sur mon 1er vol.

“Je suis arrivée à Houston, une partie de la piste d’atterrissage était en feu, des sirènes de pompiers… je devais passer la nuit à Houston pour prendre mon vol au matin mais tout les hôtels étaient complet, j’ai passé la nuit à errer dans l’aéroport. Puis le lendemain destination Newark avec des inondations pour arriver à Québec sous une tempête de neige.

Ça y est j’étais sauvée, j’allais enfin pouvoir respirer.

” Pendant 3 jours, j’ai dormi, puis par moments je pleurais pour rien, je n’arrivais pas à me contrôler.
J’ai eu énormément de mal à m’intégrer entre mon frère, sa femme et leur fille.
J’ai été très faible pendant une semaine puis j’ai repris de la force, je suis même sortie avec un ami de mon frère, je suis allée voir une impro théâtrale puis j’ai fait une Jam de jazz pour finir dans un karaoké.

” Cela m’a fait du bien, j’ai rencontré une personne ce soir-là et j’ai réussi à faire l’amour.
C’est peut-être bizarre pour vous mais j’avais besoin de me prouver que je pouvais le faire, si j’étais capable d’éprouver du plaisir charnel.

” Le fait de chanter ce soir-là, ne m’a pas libéré, je n’ai pas réussi à être ancrée dans mes émotions.
J’avais la nécessité de me libérer d’un poids alors le lendemain, j’ai posté mon texte sur la dissociation (je l’avais écrit en 2019) sur les réseaux sociaux, je me suis sentie soulagée, je pouvais enfin mettre des mots sur ce que je ressentais et les assumer.

” Après ce post, j’ai reçu un message de mon père, qui me disait qu’il n’avait pas aimé ma prose et qu’il ne voulait plus me voir. J’ai dû annuler mon billet pour le Chili et prendre un billet pour rentrer en France.
Quand j’ai reçu son message, je me suis sentie étrange…étrangement bien et apaisée, j’en avais fini de ce stress constant de devoir parler à mon père, de devoir le voir, ne pas savoir ses réactions, ne pas savoir comment réagir…je savais juste que le silence avec cette personne était le mieux et s’il disait quelque chose, il fallait acquiescer dans son sens.

Ce que je n’avais jamais remarqué, c’est que je me faisais tout le temps descendre, rabaisser, dénigrer par cette personne. C’est comme si un filtre était tombé et que je pouvais voir de mieux en mieux la toxicité de cette relation.

 

“Je viens de rentrer à Nice, je suis mentalement faible. 

Je vais maintenant prendre soin de ma santé mentale avant de reprendre mes projets artistiques.
J’ai envie de me sentir solide et intouchable face à la méchanceté gratuite de ce monde.
C’est pour cela qu’avant toute chose, je vais apprendre à m’aimer. Je veux pouvoir me regarder dans un miroir et me dire je t’aime.

Je vais faire le bilan de mes expériences et en tirer des leçons pour évoluer en tant qu’humain.
Il est temps d’éclore, alors pour cela je vais prendre mon temps.
Je vais retrouver le sens de la joie car ma joie de vivre est contagieuse et je compte bien la partager!

@ Malvina Maury

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