Malena Alterio: ” La “machine” s’est développée et elle va tous nous dévorer”
Actrice de cinéma et de télévision, comédienne prolifique au théâtre, Malena Alterio a collectionné les nomminations et les prix de meilleure actrice dans de nombreux festivals internationaux avant de remporter son premier Goya le 10 février 2024 pour sa remarquable performance dans le film à gros succès ” Odio el verano ” ( “Je hais l’été“).
D’origine argentine, comme nombre de ses compatriotes, Malena est très liée à l’Espagne où elle a vécu de nombreuses années dans sa jeunesse . En terre hispanique ses films sont beaucoup vus, son travail respecté, voire aimé. Un pays ibère où elle a souvent l’occasion de poser ses valises et où les médias spécialisés ne ratent jamais l’occasion de l’interviewer. Comme l’a fait il quelques jours le quotidien mdrilène, El Mundo.
Quand elle accepte de se confier les propos de la native de Buenos Aires sont toujours profonds, surtout lorsqu’elle évoque les bouleversements de ces vingt dernières années sur le plan technologique qui font, selon elle, que le monde et les êtres humains semblent filer à très vive allure. Mais pas forcément dans la bonne direction.
Notamment lorsqu’il s”agit de la bonne santé de la création culturelle. En raison de la présence prégnante des réseaux sociaux. Véritable fast food qui ne permet pas d’apprécier à sa juste valeur l’oeuvre au long cours. La comédienne qui aime tant la compagnie des gens, fait cependant ce qu’il faut tout pour prendre ses distances avec la jungle des réseaux sociaux- qu’elle surnomme “la machine”- tellement ils lui paraissent plongés dans l’excessif et le futile. Extraits.
“ C’est comme ça, c’est épuisant, il y a beaucoup de choses et il n’en reste aucune. Peut-être que je parle comme les vieilles dames, parce que j’ai déjà 50 ans, mais je me souviens plus des films de mon enfance et de mon adolescence que de ceux d’aujourd’hui parce que les films ne se voient plus, ils se consomment. La machine s’est développée à tel point qu’elle va tous nous dévorer, nous vivons dans le rebut immédiat. Si je n’aime pas quelque chose dans la troisième minute, je le supprime. Il semble que le monde va finir avec une nouvelle qui vient de sortir et quand une autre sort, elle est oubliée.
“Maintenant, j’ai décidé de supprimer l’application Instagram car la machinerie est si parfaite qu’elle nous oblige tous à y entrer et à moins de vivre dans une tour isolée du monde, vous n’êtes pas sauvé. Je refuse, maintenant je ressens le soulagement de me connecter à moi-même sans voir ce qu’ils ont dit ou publié sur moi parce que cela m’empêchait de lire.
” Je suppose que les jeunes qui sont nés avec cela auront la gestion de toute cette machinerie.Je ne dirais pas autre chose Mais au moins, ils n’ont pas de complexes ni de culpabilité, mais moi j’en ai parce que j’ai vécu à une autre époque. La question est de savoir comment utiliser ces réseaux de manière appropriée et je n’en suis pas à ce moment-là. De plus, je suppose que si vous passez 24 heures avec votre téléphone portable à la main, cela ne vous culpabilise pas, mais cela provoque un accident vasculaire cérébral…”
(Propos extraits de l’entretien paru le 30 août dans les colonnes du quotidien espagnol El Mundo )
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