Lucrecia Martel :”Il n’y a rien de plus inutile à la réflexion que les positions binaires”

La brillante cinéaste, scéanriste et productrice  argentine Lucrecia Martel est dans l’actualité parisienne avec deux évéments marquants. Il y a d’abord la sortie de son livre s’entretiens et d’essais ” Lucretia Martel. La circulation“, paru aux Éditions de L’Oeil, ensuite  la rétrospective intégrale de ees films  intitulée “Le cinéma hors de lui ” que lui consacre le  Centre Pompidou du 14 novembre au 1er décembre 2024.

Ce n’est pas la première que le célbère centre parisien la met à l’honneur. C’était déjà le cas l’année dernière (21 – 30 avril )   à l’occasion de la  54e édition de  “Visions du Réel” .,,La native de Salta (57 ans)  au nord de l’Argentine, est l’auteure de 4 longs métrages dont le dernier Zaha date de 2017 et d’une  dizaine de courts métrages. La plupart de ses oeuvres ont été récompensées dans les divers festivals internationaux en Europe et en Amérique latine.

Lucretia MartelSa passion pour l’histoire de l’Argentine la pousse à beaucoup  à  écrire et tourner sur la thématique de la colonisation, la violence, le racisme, la dicature qui a ensanglanté son pays dans les années 80 , les tourments sociaux et aussi  la situation faite aux femmes argentines.

A l’image des titres suivants : “ La mujer sin cabeza” (La femme sans tête”), “Zama “(2017) qui explore le fait colonial  voire  “Terminal Norte ”  réalisé durant la pandémie du Covid 19  qui  suit un groupe de femmes musiciennes réfugiées dans les forêts et paysages profonds  du Salta, une région très symbolique du conservatisme dans le pays.

Dans ces récente sorties médiatiques,Lucrecia Martel se montre sceptique  au sujet d’un monde divisé entre la droite et la gauche et où ceux qui s’estiment être les bons de l’histoire considèrent toujours que les  mauvais sont ceux du camp d’en face.

Je crois surtout qu’il  y a une très grosse erreur, qu’on traîne plus ou moins depuis le XVIIIe siècle, qui est de croire qu’il y a un abîme idéologique entre la droite et la gauche et que la pensée de l’humanité peut être divisée de cette façon. Asseyez-vous à la table de n’importe quelle famille dans le monde, et vous verrez que dans cette famille il y a des gens qui pensent d’une manière ou d’une autre et qui s’adorent quand même.

Vu de l’extérieur, on pourrait diviser cette table en “gauche” et “droite” mais il me semble que cette bêtise nous a fait commettre de nombreuses erreurs. En Argentine, s’est formée l’idée qu’il y avait  une fissure qui divisait le pays en deux, et j’ai passé un temps fou à lutter contre cela. Il n’y a rien de plus inutile à la réflexion que les positions binaires.

Ce qui se manifeste dans le langage de ces gens redevenus racistes dans leur usage de la langue, offensants envers les femmes, envers les homosexuels, c’est aussi une réaction au fait qu’on a voulu, depuis longtemps, empêcher ce langage.  Mais il n’existe pas une famille où tout le monde parle correctement! Nous sommes tous mélangés, il faut doc trouver d’autres façons de nous penser poltiquement, sans générer ces polarité qui ne servent à rien.

(Extraits de l’interview accordée au quotidien français Libération daté du 20 novembre 2024)

 

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