Liz Deep Jones (2): “les raisons de mon engagement”

 Liz Deep Jones, journaliste de télévision  et auteure, australienne d’origine libanaise, est à l’origine de l’exposition consacrée à la situation des migrants  en Australie, “WeBleedThe Same”,  et elle en est également la Commissaire. Elle raconte dans le texte qui suit les raisons de son engagement dans la cause humanitaire et la lutte contre le racisme.
Je suis né à Sydney, en Australie, et j’ai grandi dans une banlieue en bord de mer appelée Maroubra, dans une famille chrétienne libanaise et arabophone essayant de comprendre où j’appartenais dans une société qui apprenait encore à accepter les personnes de différentes cultures.
Quand j’étais enfant, je me souviens très bien que mon père devait régulièrement tenir tête aux racistes qui l’agressaient verbalement et regardait parfois cela se transformer en horribles altercations physiques. Malgré ces expériences, mon père aimait l’Australie car le positif l’emportait de loin sur le négatif et il voulait que nous grandissions en tant que fiers Australiens.
Izabella Deep Jones , le fille de Liz avec  grand photographe australien Tim Bauer
Mais j’ai subi le racisme d’autres enfants qui ne me connaissaient assez. Cela m’a fait mal et m’a fait remettre en question mon identité et mon sentiment d’appartenance. J’étais gêné de parler ma langue maternelle, l’arabe, et j’avais honte de mon apparence et même de la nourriture que je mangeais. J’ai essayé de cacher qui j’étais vraiment. C’était extrêmement difficile d’essayer de naviguer dans deux mondes. Je souhaitais avoir des cheveux blonds et des yeux bleus parce que c’est à cela que je pensais qu’un Australien ressemblait.
“Embrasser nos différences, célébrer nos similitudes “
Ces sentiments de non-appartenance et le manque de représentation ethnique à la télévision m’ont conduit à devenir éventuellement une journaliste à l’antenne, à partager nos histoires et à montrer que nous appartenons au même monde. Mon courage à parler a été inspiré par mon père qui m’a inculqué une grande confiance et m’a appris que nous sommes tous pareils. Il avait l’habitude de dire : « Traitez tout le monde comme vous aimez être traité. Nous voulons tous les mêmes choses, être heureux et en bonne santé et vivre dans un endroit sûr et paisible. »
Cela me brise le cœur d’entendre que quelqu’un est victime de racisme, car je comprends les effets démoralisants qu’il a tout au long de la vie. Mais c’est encore plus dévastateur quand cela affecte ma famille et mes enfants. Ils sont ma force motrice et l’une des principales raisons pour lesquelles j’ai créé ce spectacle.
Liz Deep Jones, Photo de Tim Bauer

Mon fils de 25 ans, Dylan est un ardent défenseur de la lutte contre le racisme. Il a pour mission de renforcer la compréhension pour mettre fin au racisme et aux préjugés : « Le racisme est  un problème persistant au sein de notre communauté et nous devons travailler ensemble pour l’arrêter. Le racisme caché et causal est monnaie courante pour quelqu’un comme moi. Ces expériences m’ont aidé à me façonner et à alimenter mon désir d’aider à apporter des changements positifs pour ceux qui ont des mentalités archaïques et ignorantes”.

Cette exposition explore, confronte et questionne le racisme. Qui sommes-nous en tant que nation et qui voulons-nous être ? Quelles actions menons-nous pour vivre et travailler ensemble dans un monde plus pacifique et inclusif ? Que faisons-nous pour lutter contre le racisme et étouffer son pouvoir ?
Mon objectif est d’engager, d’éclairer et d’améliorer le point de vue du public sur des personnes d’origines, de races et de religions variées alors que nous luttons pour la paix, l’égalité et l’acceptation. Nous espérons donner un aperçu des effets néfastes du racisme et des avantages d’embrasser nos différences et de célébrer notre similitude.
Nous sommes citoyens du monde et il est de notre devoir de combattre le racisme, de lutter pour l’égalité et de faire sentir à chacun qu’il appartient, qu’il compte et que nous sommes égaux, nous sommes des êtres humains qui saignent pareil !
Par Liz Deep Jones

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