Lina Ghotmeh, dans le Ghota de l’architecture
L’architecte Lina Ghotmeh poursuit son irrésistible ascension professionnelle. À 43 ans, elle est devenue l’une des spécialistes les plus demandées au niveau international.
En témoigne sa nomination ce printemps par la Commission Royale comme architecte du futur musée d’art contemporain d’AlUla en Arabie saoudite. Un chantier immense et prestigieux. Sis dans le nord-ouest de l’Arabie, à 1100 km de Riyadh, au patrimoine vieux de plus de 7 000 ans d’histoire.
Celle qui est qualifiée d’architecte “humaniste” accepte avec plaisir cette image qui lui colle à la peau. Car, dit-elle : « Quand on parle d’humanisme, il y a un sentiment de respect. J’essaie, à travers mon architecture, de développer des lieux qui rassemblent et mettent à l’aise“.
La native de Beyrouth ne conçoit pas ses oeuvres uniquement sous les prismes de l’efficacite et de l’utilité. Elle accorde autant d’importance à la beauté qu’elle estime absolument “necessaire “.
Un crédo inscrit dans son ADN.Comme elle l’avait déjà défendu au début de cette année 2023 à la conclusion du bâtiment dédié à la maroquinerie Hermès, à Louviers, en Normandie : « On peut penser que c’est un musée, un centre culturel, une demeure ou une manufacture, mais dit-elle, l’essentiel pour moi est que son architecture soit vertueuse et qu’elle émane du beau, qu’elle puisse raconter son environnement et, surtout, l’histoire de la maison Hermès qui s’y installe. Il est essentiel qu’elle soit appropriée, qu’on s’y sente bien“.
Sur un projet d’importance comme celui que vient de lui confier le Royaume des Saoud, elle use également de son indispensable travail d’approche qui permet la connaissance des lieux et celle des populations censées en profiter.
Lina Ghotmeh a en effet mis le paquet. Elle a échangé avec la population en organisant des ateliers. Comme elle a rendu visite à des élèves dans leurs écoles élémentaires pour leur parler et observer leur rapport à leur environnement.
L’objectif de dans le futur. C’est quelque chose de très précieux pour moi; cette architecture appartient en quelque sorte à sa place, mais est totalement originale“.
L’artiste est né et passé son enfance à Beyrouth du temps où les bombes pleuvaient sur la capitale du pays du cèdre et ou il fallait souvent rejoindre les caves et les sous-sols pour s’en protéger. Jeune étudiante, elle avait un temps hésité entre des études d’archéologie et une formation d’architecte.
Si elle a choisi la deuxième option c’est parce que, dit-elle dans une séduisante formule : l’archéologie consiste à «déterrer le passé» alors l’architecture demande un acte d’optimisme et de construction de nouvelles choses.
Pour pousser encore plus loin son envie de connassances, Lina s’était installée en Europe où elle travaille d’abord à Londres pour rejoindre le cabinet Foster & Partners, puis Jean Nouvel à Paris
Toujours aussi précoce, elle fonde sa propre agence en 2006 DGT Architects dans la capitale française alors qu’elle entrait dans sa 26e année.Avant de prendre la tête en 2016 de sa deuxième agence, Lina Ghotmeh Architecture également sise dans la Ville Lumière.
Toujours récemment, en octobre 2022, la Serpentine Gallery avait confié à la Libanaise la réalisation de son 22e pavillon éphémère inauguré finalement en juin dernier au coeur de Hyde Park, à Londres.
Aujourd’hui, Lina Ghotmeh peut s’enorgueillir de présenter une liste longue comme le bras de Gulliver des projets auxquels elle a collaborés ou réalisés à découvrir sur son website (https://www.linaghotmeh.com).
La Libanaise est une conférencière très demandée et une enseignante respectée à l’école d’architecture de Yale comme à l’université de Toronto. Elle est enfin coprésidente du réseau scientifique pour l’architecture dans les climats extrêmes et membre du jury du prix Aga Khan d’architecture.
@Fayçal CHEHAT
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