Antonia San Juan: « Le patriarcat est là depuis que Dieu a créé Adam…”

Antonia San Juan, est une icône du cinéma et du théâtre  espagnol. Mais une sorte d’icône à la marge. Aujourd’hui, la native de La Palmas, c’est 62 ans et 43 ans  de carrière. C’est en 1999,  avec le rôle d’Agrado, le travesti, confié par  Pedro Almodovar, que celle qui avait fait  ses débuts sur la scène en réalisant des woman one show dans des pubs et bistrots de Madrid, avait fait son entrée dans la légende.

D’ailleurs, c’est elle même qui  avouait, des années plus tard ,que cette partie à la fois précaire et créative de sa vie a sans doute préparé le tournant de sa carrière : «Le cabaret m’a tout donné. Il m’a appris à “tenir un personnage pendant dix minutes: une bourgeoise, une pétasse, une anxieuse, un trav’, avait-elle confié au quotidien  français Liberation le 15 juillet 1999, j’y suis mon propre metteur en scène. Et surtout, c’est ainsi que j’ai séduit Almodovar’.

L’actualité d’Antonia San Juan, c’est aussi  cette apparition dans Liuben une coproduction hispano-bulgare signée Venci Kostov  relativement courte  mais tellement fidèle à son image d’artiste qui traite de l’identité, de la maternité, de l’émigration ou encore du patriarcat. Dans un entretien accordé  à  El-Mundo, elle revient sur sa carrière iconoclaste, son parcours de vie cabossé et sur le patriarcat  qu’elle estime réactivé. F.C

Je ne suis pas le porte drapeau d’une croisade. Mais le patriarcat est là depuis que Dieu a créé Adam et a cherché un partenaire qu’il a pris à l’une de ses côtes. Ils ont mangé une pomme et elle était la coupable. Disons que le patriarcat est quelque chose d’inhérent même aux êtres humains…

Eh bien, nous vivons une réverbération du patriarcat. L’homme a senti que ses fondements ont été ébranlés et que le patriarcat a été réactivé. Mais en parallèle il y a des avancées. En tout cas, je vais être très prudent car je n’ai pas envie d’être agressé ou que quelqu’un se sente importuné. Nous vivons dans une société très agressive dans laquelle tout le monde a une opinion et dans laquelle il n’y a pas d’éducation et, par conséquent, tout peut être mal interprété…

L’autre jour, un policier a arrêté une chanteuse parce qu’elle montrait sa poitrine… Ce que je crois, c’est que quand il n’y a pas de valeurs, d’éducation ou de limites, c’est plus facile de se laisser emporter par la haine. Nous avons souffert de la bonté de croire qu’après quelque chose comme la pandémie, nous allions aller mieux. Et il est devenu clair que non...”

( Propos extraits d’un entretien publié dans les colonnes du quotidien madrilène  du 7 juillet 2023)

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