Jury de la Mostra 2024 : Soudade Kaadan invitée de Debra Granik
La réalisatrice syrienne Soudade Kaadan sera membre du jury de l’édition 2024 de La Mostra de Venise. Elle assumera cette responsabilité dans la catégorie “Orizzonti” (Horizons).
C’est une sorte de retour aux sources pour la native de Damas et une belle reconnaissance de son travail par la famille du cinéma international lorsqu’on se souvient que son court métrage “The Day I Lost My Shadow” avait été récompensé à Venise en 2018 du prix Lion du futur du meilleur premier film.
Dans le jury qui siégera en septembre prochain, Kaadan aura à travailler aux côtés du réalisateur iranien Ali Asgari, de la réalisatrice italienne Valia Santella, du réalisateur hellène Christos Nikou et de la réalisatrice sous la présidence de la célèbre directrice de la photographie américaine Debra Granik.
Formée a la critique théâtrale à Damas (Syrie) puis étudiante brillante à l’Institut des Études Scénique, Audiovisuelles et cinématographiques (IESAV) de l’Université Saint Joseph à Beyrouth (Liban), Soudade est l’auteur de documentaires pour des institutions internationales à l’image de l’UNICEF et de la chaîne d’information qatarienne Aljazeera avant de réaliser “Looking for Pinkson” un doc au long cours récompensé par de nombreux prix.
Le dernier long métrage de Soudade Kaadan, “ Nezouh“, entre fable et réalité, voir le synopsis ci-dessous, sorti en juin 2023, a connu à un joli succès international. Devant l’impossibilité de le tourner dans la capitale syienne où est sensée se dérouler l’histoire, le film voit le jour, en pleine période de Covid 19, à Gaziantep, une ville du sud de la Turquie. Avec la collaboration de la très réputée directrice de la photographie Hélène Louvart, le film remporte le prix des droits de l’homme d’Amnesty International au festival MedFilm de Rome.
Entrée dans la maturité de sa quarantaine, la talentueuse réalisatrice a une idée très précise de la façon de filmer et de narrer ses histoires. Engagée et pointue, elle pense que les femmes ont une approche différente de celle des hommes : « Je pense que le regard et l’objectif des femmes sont différents, a-t-elle confié dans un bel entretien publié le 2mai dernier par le magazine theguardian.com,en particulier dans les films de guerre. Les réalisateurs masculins aiment les grandes actions, les champs de bataille et les scènes graphiques, et les femmes s’intéressent davantage aux micro-changements qui se déroulent dans la famille ou dans la société. Nous filmons les choses différemment. Ce sont les petites choses qui m’intéressent, celles qu’on ne voit pas aux informations. »
Mais ce qui lui tient le plus à coeur, c’est de ne pas faire dans le misérabilisme où dans la recherche forcée de l’empathie dégoulinante de culpabilité : « Je voulais montrer un film où l’on puisse voir notre tragédie avec dignité, avait-elle ajouté au sujet de Nezouh, que l’on puisse sympathiser avec nous et ne pas nous voir seulement comme des victimes. J’ai opté pour l’humour noir parce que je crois que nous rions avec des gens avec qui nous nous sentons égaux ». Sacrée belle et authentique personnalité. Les Italiens de la Mostra ont vraiment bon goût.
@Fayçal CHEHAT
Film Nezouh. Synopsis
“Au cœur du conflit syrien, Zeina, 14 ans, et ses parents sont parmi les derniers à encore vivre dans leur quartier assiégé de Damas. Lorsqu’un missile fait un trou béant dans leur maison, Zeina découvre une fenêtre qui ouvre sur un monde de possibilités inimaginables. Elle aime dormir à la belle étoile et se lie d’amitié avec Amer, un voisin de son âge. Quand la violence des combats s’intensifie, Zeina et ses parents sont poussés à partir, mais son père est déterminé à rester dans leur maison. Il refuse d’être un réfugié. Confrontées à un dilemme de vie ou de mort, Zeina et sa mère doivent prendre une décision“.
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