Elisabet Benavent: »L’ego est un animal. Plus vous le nourrissez, plus il a faim »
La romancière espagnole Elisabet Benavent, 40 ans, depuis le 3 juillet, n’a pas trainé en cours de route pour trouver la réussite et épouser la gloire. Son premier roman, » Dans les pas de Valeria » (« En los zapatos de Valeria« ) sort au début de l’année 2013 sur une platforme numérique et trouve son public, immense, puisque 800 000 exemplaires sont vendus en peu de temps.

La saga Valeria va voir son succès s’étendre encore lorsque Neflix élabore trois saisons inspirées de son oeuvre à partir de 2020. Depuis, les ouvrages de la native de Gandia, près de Valence, totalisent plus de 4, 5 millions d’exemplaires vendus à travers le monde et son dernier roman, « Un conte parfait« , a fait l’objet d’un long métrage que le public abonné à la plate-forme Netflix a pu voir en 2023. Evoquant cet engouement incroyable pour son oeuvre, l’auteure a une belle formule (voir l’extrait ci-dessous) pour expliquer toute la difficulté qu’il y a à ne pas se laisser dévorer par son ego…
« Pour tout vous dire, j’ai le vertige quand je pense au nombre de livres qu’il y a quatre millions et demi. Je préfère donc ne pas y penser, pour ne pas être tenté de croire que je suis quelqu’un et ainsi continuer à traiter le lecteur face à face. Si vous pensez à quatre millions et demi… Ouf, ce sont des chiffres ingérables qui, si vous leur accordez de l’importance, finissent par vous dévorer. En tant qu’écrivain, et je pense que cela arrive dans toutes les professions artistiques, il y a un exploit dérivé que vous devez réaliser : garder votre ego sous contrôle. L’ego est un animal : plus vous le nourrissez, plus il a faim et le travail de l’artiste n’est pas de le nourrir. Et il aboie toujours..
(mais) « Je le garde bien enfermé et avec une chaîne très courte, mais je vous dirai aussi que l’ego, bien compris, vous donne l’amour-propre et je ne m’y comporte pas bien. J’ai un peu le syndrome de l’imposteur. J’ai commencé à écrire sans prétention, aucune, nulle, et du coup je me suis retrouvé avec cette réussite folle. Partons du principe que je comprends le privilège de pouvoir vivre de ce que j’aime le plus, c’est-à-dire écrire, mais tous les écrivains souffrent d’une certaine timidité. C’est assez paradoxal car c’est un métier dans lequel on se lance parce que l’on va travailler seul devant l’ordinateur et avoir
( Extraits de l’entretien paru dans les colonnes du quotidien espagnol El-Mundo en juillet 2024)
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