Hala Moughanié : “Il est possible d’écouter et d’accepter l’autre”

Hala Moughanié est cette  Libanaise qu’on présente comme l’écrivaine et  la femme de théâtre  qui  s’intéresse avec passion à l’impossible travail de mémoire dans  un pays aux multiples égragnitures et  blessures.

Or, selon elle, quand il n’y a que des mémoires individuelles, celles-ci ont de fortes chances de se tranformer en une mémoire univoque.Ce qui ne fait pas avancer   une société sur le chemin de  la compréhension  de ses troubles et de ses faiblesses.

De retour  à Beyrouth  en 2003, après quinze années passées à Paris où elle s’est forgée une belle réputation, Hala a  reçu à la mi-novembre un Prix attribué conjointement par le Théâtre de La Colline et les éditions Actes Sud, deux prestigieuses institutions françaises de la culture.

Celle qui estime  ne pas avoir une écriture intimiste est plutôt très à l’aise sur le terrain lorsque son autre métier de consultante lui en donne l’occasion.Dans un bel entretien accordé au journal  beyrouthin “L’Orient le Jour”, elle annonce aussi que ” La Mer est ma nation”  sera mis en scène par Imad Issaf  et joué  à Beyrouth en septembre 2023. Une grande première pour elle dans sa ville et son pays de coeur.

 

Hala-Moughanié

 

                    ” Ce qui nous rassemble , c’est la souffrance”

Pour différentes raisons dont la première est qu’aucune institution ne porte réellement ce travail pourtant essentiel. La seconde raison tient à la fragmentation de la mémoire : nous n’avons que des mémoires individuelles. Or la mémoire est approximative, partielle, déformée par l’idéologie et les expériences personnelles. Le danger est toujours celui d’une mémoire univoque.

“Il faut donc d’urgence ouvrir des espaces d’expression multiformes où il est possible d’écouter et d’accepter l’autre. C’est notre grand défi au Liban. Et pourtant, on peut y arriver parce que ce qui nous rassemble, c’est la souffrance que nous avons traversée, pendant les années de guerre certes, mais également depuis.

“Nous n’avons cessé d’être secoués par les multiples et très graves crises qui se sont succédé : l’occupation syrienne, le massacre de Cana, l’assassinat de Hariri, la guerre israélienne de 2006, la guerre en Syrie et l’arrivée des réfugiés, et plus récemment l’effondrement économique du pays et l’explosion du port. Donc il ne s’agit pas seulement de notre mémoire de la guerre civile, mais de ce tumulte incessant dans lequel nous vivons. Comment composer avec tout ça ? Comment l’exprimer ? Voilà les questions qui m’occupent“.

(Extrait de l’interview parue dans les colonnes du quotidien libanais “L’Orient le Jour” du 1er décembre 2022)

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