Elen Carvalho: « Les valeurs nous aident à garder la tête haute »

Mannequin, modèle, actrice, diplomée  en psychologie légale, Elen Carvalho, est une boulimique de travail, dotée d’une belle  curiosité intellectuelle . Cette Brésilienne native de  Rio de Janeiro est arrivée à Madrid il y a quelques années. Depuis, elle  assure avoir été conquise par la terre ibère. Et cette dernière le lui rend bien : “l’Espagne m’a reçue avec beaucoup d’amour”, reconnait-elle. Dotée d’un caractère bien trempé, elle sait ce qu’elle veut et se donne les moyens d’y prétendre : “« Lorsque les priorités sont claires, aime-t-elle dire,  les décisions deviennent faciles…”. Ce qui n’empêche pas une empathie hors norme. Elen est très engagée auprès de nombreuses causes humanitaires et caritatives. Sans oublier d’être à l’écoute des nombreux combats que mènent les femmes pour l’égalité des droits et contre toutes les violences. Paroles d’une personnalité qui mérite le détour.

MÉDITERRANÉENNES. Lorsque je vous ai écrit  la première fois pour solliciter cet entretien  pour notre magazine vous m’aviez répondu: « Mais je ne suis pas Méditerranéenne. Je suis d’origine brésilienne… ». J’ai  toutefois insisté. Et vous voilà … 

 

ELEN CARVALHO: C’est vrai! Mais c’est parce que je pensais que le magazine était consacré exclusivement  à celles qui sont nées et ou ont grandi dans cette région du monde .

Vous étiez jeune quand vous avez quitté  le Brésil ? Dans quelle région êtes-vous née et où avez-vous grandi  ? 

Je suis de Rio de Janeiro et j’ai grandi à Bahia. Et cela fait Six ans que je vis et travaille en Espagne.

Les natifs d’Amérique latine sont généralement très nostalgiques, surtout les Brésiliens. Vous confirmez ?

On ne peut pas généraliser. Je crois que la culture est très diversifiée et chacun a sa propre personnalité. En ce qui me concerne, je peux dire que je ne suis pas du tout nostalgique. Je me suis bien adaptée dans ce pays qui m’a si bien accueilli.

Cela dit, en décidant de rejoindre l’hémisphère nord vous n’avez pas fait n’importe quoi:  vous êtes en Espagne, un pays méditerranéen,  chaleureux, où l’on parle une langue latine. Cela aurait pu être plus compliqué, si vous aviez choisi, par exemple, la Scandinavie, non ?

 Pour dire vrai, je ne sais pas.N’ayant pas vécu dans un pays scandinave, je suis incapable de faire une comparaison. A l’inverse, je sais que l’Espagne  me convient très bien. Dans ce pays, la  culture est très similaire à celle du Brésil et mon adaptation n’en a été que plus facilitée. 

L’Espagne me convient très bien

Espagnole d’adoption, vous avez  sans doute appris à aimer le bassin méditerranéen. Quelles sont les villes ou les régions qui vous impressionnent le plus…

D’emblée, j’ai aimé ce pays. Sans cela, je serais retourné chez moi. L’Espagne m’a reçu avec beaucoup d’amour. Les régions que j’aime le plus sont celles du  sud. En raison  de la mer bien sûr  Quand vous avez  toujours vécu comme moi  à Rio dans un environnement maritime, retrouver la même ambiance en Méditerranée est un vrai bonheur.

Racontez-nous comment vous êtes arrivée dans le mode fermé de la mode et de la haute couture? Une passion précoce  ou une découverte sur le tard ? 

C’était en fait une découverte tardive. Je suis psychologue de formation. J’ai également suivi une formation en administration des affaires avant de me spécialiser dans les ressources humaines. Aujourd’hui, je suis détentrice d’un Master de psychologie légale. En ce qui concerne le travail de modèle, j’ai été  découverte dans la rue par des chasseurs de profils  au service d’une agence assez connue. On m’a conseillé de postuler. C’est ce que j’ai fait et  j’ai  été prise. Cela n’a pas été compliqué. Je  travaille comme mannequin et actrice  pour la publicité depuis  cinq ans maintenant.

 Je crois que vous aimez  cette affirmation  de Coco Channel « La mode passe, le style reste » Expliquez nous la différence ?

Parler de mode et de style n’est pas la même chose. La mode est une tendance générale, imposée et éphémère. Au contraire, le style est propre à chaque personne. Il est individuel et durable.

Les places sont rares et chères… Pourtant, on a la sensation, lorsqu’on lit les petits mots et pensées  que vous  semez sur votre parcours, que vous êtes une personne clairement tournée vers les autres…

Comme je vous l’ai dit, je ne suis pas depuis  longtemps dans le monde de la mode. Je ne  saurais vraiment vous dire comment tout cela fonctionne. Il y a beaucoup de compétition, c’est sûr, mais pour le moment je n’en souffre pas. Je ne rencontre pas de difficulté à trouver du travail. Peut-être que mon profil correspond à une demande spécifique. Je ne sais pas. Mais je ne vais pas m’en plaindre.  Je pense que chaque modèle a son propre style et que sans doute  les clients  trouvent un intérêt au mien. Je ne me suis pas posé la question.

En même temps, on a l’impression aussi que vous êtes une  femme très décidée. Qui sait ce qu’il faut faire au moment où il faut le faire. Notamment quand vous dites : « Lorsque  les priorités sont claires, les décisions deviennent faciles… « 

Oui, c’est une question de bon sens. En effet, les  décisions deviennent faciles  à prendre quand vous savez déjà quoi faire. Mettre plus de temps avant de vous  décider peut se transformer en une erreur irrattrapable.

Justement, alors que vous êtes au seuil d’une plus grande aventure artistique, quelles sont vos priorités ?

Mes priorités sont de me concentrer sur cette aventure professionnelle créatrice et d’essayer de tout découvrir et de la vivre à fond. Tout en conservant  le plein soutien de ma famille et  d’être en équilibre avec tout ce qui m’entoure.

Pendant la période de confinement en Espagne, vous avez un peu montré les crocs pour dénoncerceux quidans la population s’en étaient pris aux soignants et soignantes en les accusant de risquer de les contaminer parce qu’ils vivent dans les mêmes immeubles.Onimagineque vous avez été très peinée par ce comportement égoïste…

(Ferme) Il me semble en effet très mauvais  de s’attaquer à que ceux qui prennent des risques, sont en première ligne, prennent soin de nous afin de nous guérir et  nous éviter le pire. Comment oser rejeter ces personnes  simplement et leur dénier le droit de vivre parmi nous parce que nous pensons, sans doute à tort, qu’ils sont malades et qu’ils peuvent nous infecter ? Si nous ne voulons pas que ces personnes vivent avec nous, alors assumons! Formons-nous à leur métier et prenons leur place auprès de ceux qui souffrent et ont besoin de soins !

J’adorerais  tellement  tourner avec Juan Antonio Bayona

Dans ce monde un peu troublé, vous gardez, à l’évidence, la tête sur les  épaules et  vous avez des valeurs qui comptent beaucoup à vos yeux… 

 Oui, car je pense que les valeurs sont toujours ce qui nous aidera à garder  la tête haute et à pouvoir lutter contre les injustices et les problèmes qui enlaidissent le monde.

 A vous lire, on a la conviction que pour vous le maître mot  est ASSUMER   comme le montrent deux extraits ce-dessous …

 «  Ne laissez pas la personne imaginaire à l’intérieur de votre tête vous empêcher d’aimer la bonne personne devant vous. .. »

« La seule façon de vivre la plénitude est d’assumer ce que nous sommes, indépendamment de ce que les autres veulent que nous soyons »

Vous avez vu juste. Ces deux phrases me représentent  parfaitement. Car elles sont totalement vraies. Si je veux être moi-même, je dois supposer que je ne peux pas dépendre de ce que les autres pensent de moi.  Je suppose aussi que les gens que j’aime et qui m’entourent ne sont pas tels qu’ils sont représentés dans mon imagination. Car tout comme je veux qu’ils m’aiment pour ce que je suis, je veux les aimer avec leurs défauts. Car nul n’est parfait. 

 Alors qu’il a été marqué par le début d’un confinement atrocement strict, le printemps 2020 a été paradoxalement excellent  pour vous sur le plan médiatique. Avec  trois grands reportages  vous concernant dans trois magazine de mode et ce dans trois pays différents : Espagne, France et Italie.  Une  vraie satisfaction, je suppose ? 

Oui, je le reconnais: le fait d’avoir cette présence  dans les médias m’avait rendu très excitée. Surtout que ce sont trois magazines très importants  dans le domaine de mon activité  et  diffusés dans  trois pays qui sont à la pointe  dans le  secteur de la mode. 

 

Et puis, en tant que comédienne vous avez participé à un épisode de la très populaire série espagnole intitulée « serviryproteger » tourné à Grenade. Pouvez-vous nous en parler ? 

C’était une telle joie que de participer à cette série. Il est vrai aussi que c’est l’une des plus appréciées en Espagne. Je m’y suis  sentie vite à l’aise parce j’ai été recommandée par un ami qui me connaissait très bien. Nous étions dans la même promotion d’un Master d’interprétation.J’ai été mise dans de bonnes dispositions par l’ensemble de l’équipe du tournage. J’en garde un excellent souvenir.

Mais ce n’était pas une première fois pour vous sur le petit écran ?

Non.En vérité, j’avais connu quelques expériences intéressantes. Comme dans « Madrid brûlant » (Arde Madrid »)  avec Paco León, Cuarto Milenio, etc.

Et au cinéma quelles sont vos ambitions ? Le statut d’actrice  peut être une brillante reconversion pour l’après mannequinat ? 

J’adorerais participer à un premier long métrage. Je pense sincèrement qu’il y a plus d’opportunités aujourd’hui grâce à la multiplication des plateformes

 Vous êtes sans aucun doute une cinéphile, quel cinéma aimez-vous ?  L’Espagne est intéressante et compte quelques réalisateurs et réalisatrices de grand talent.   

J’aime le cinéma d’auteur. Celui qui fait de la place à l’acteur et à l’actrice  et permet de donner de la profondeur aux personnages. Bien sûr, je pense à des réalisateurs comme Almodovar, Var Antonio Banderas, Paco Leon, Antonio Bayona, Fernando Leon de Aranoa, etc.

 

Avec qui rêvez vous de tourner dans le futur ?  Et dans quel genre : comédie, drame, thriller ? 

J’adorerais  tellement  tourner avec Juan Antonio Bayona parce que j’aime beaucoup ses films comme  L’orphelinat à suspense, ou L’impossible.

Au vu des événements que l’on vient de citer, pensez-vous que 2020 et 2021 ont constitué  un tournant important dans votre carrière ?

C’est difficile à dire à chaud. Avec la pandémie, tout s’était arrêté. L’industrie du monde audiovisuel, du cinéma, des séries, etc. Nous allons entrer  dans  un processus de reconstruction majeur. En vérité, en ce moment précis, je ne peux pas m’avancer et dire quel sera l’avenir de cette industrie et comment elle m’impactera à titre personnel.

 En tout cas, on est certain au moins une chose: vous n’êtes pas du genre ingrate. Surtout quand vous postez sur votre profil Facebook ou sur Instagram le message suivant :«  Je suis très contente de mon année 2019. beaucoup de travail dans les annonces, des magazines, des projets éditoriaux. Merci à tout le monde de m’accompagner dans cette nouvelle profession. Merci à tous les directeurs, designers et photographes de m’avoir aider à interpréter mon art … 

Juste avant l’arrivée de la pandémie, le cru 2019 a été bon pour moi. Car j’ai eu une activité diversifiée et de qualité. Et c’est toujours très important de remercier les gens qui m’accompagnent, m’enseignent, me dirigent et me corrigent car sans eux je ne  serais pas au niveau qui est le mien aujourd’hui.

Au cinéma comme dans les défilés de haute couture,  l’entrée en scène est un moment crucial : les minutes qui précèdent le défilé et ceux qui précèdent le clap : Ça tourne  ! C’est la même sensation ? Décrivez-la nous ? 

Il m’arrive qu’avant d’entrer dans un défilé ou sur une scène de tournage je devienne très nerveuse. C’est une sensation qui prend naissance dans mon estomac.Mais une fois que j’entre en piste, tout passe. Vous n’allez sans doute pas me croire, mais je ressens la même chose au moment de quitter la scène. Un sentiment entre nervosité et excitation que j’aime beaucoup. 

Propos recueillis par Fayçal CHEHAT

LES PRÉFÉRENCES  D’ELEN 

Votre livre : Le garçon au pyjama rayé 

Votre film : difficile car j’en ai plusieurs.

 L’impossible, Elite Troop, la mission ..

Votre série: Lost, Narcos…

Votre chanson : MBP (musique pouplaire brésilienne)

Votre ville: Madrid 

Votre peintre : Sorolla

Votre acteur : Vagner Moura, Jeremy Irons

Votre actrice: Angelina Jolie

Votre parfum : Lavande 

Votre sport: La course à pied

Votre talent caché :  j’adore lire les livres de psychologie

Votre voyage inoubliable:  au Japon

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