Ebrar Karakurt,”sultane du filet”et femme libre
Ebrar Karakurt est l’une des grandes pointures du sport turc féminin. Cette volleyeuse de 24 ans, perchée à 1m96, fait aussi partie des plus brillantes joueuses de la balle au filet de la planète. Actuellement professionnelle sous les couleurs du club russe Lokomotiv Kaliningrad , elle avait permis en 2023 à son équipe nationale de s’adjuger sa première Ligue des Nations et son premier Championnat d’Europe des nations. Deux trophées jamais remportés par la Turquie toutes sélections confondues dans des sports collectifs.
Il y a quelques jours à Paris, les Rouges avaient cette fois échoué au pied du podium après leur défaite devant les Brésiliennes (1-3) au milieu d’une féroce concurrence. Une performance qui installe durablement le volley féminin turc dans l’excellence mondiale. Mais déjà en 2021 au JO de Tokyo, Ebrar avait été décisive avec l’équipe qui avait battu la Chine championne du monde en titre et avait ainsi atteint les quarts de finale.
En dépit de ce niveau de performance incroyable, la native de Balikesir ne fait pas l’unanimité sur la rives du bosphore. Lesbienne qui ne se cache pas en s’affichant fièrement avec sa compagne sur Instagram, l’ancienne joueuse s’attire les foudres des conservateurs et le soutien sans faille de la partie libérale.
Une opposition féroce qui trouve sa traduction jusque dans les stades où les matches de la sélection surnommée ” «Filenin Sultanları» – “Les Sultanes du filet“;-, font invariablement le plein à chaque sortie internationale.
Selon des sources locales le volleyball féminin est devenu le deuxième sport le plus populaire du pays juste derrière le football.Ce que confirme la star aux bras tatoués, aux cheveux coupés très courts qui porte ce numéro 99 devenu iconique.
” Les femmes turques aiment incroyablement le sport, avait confié la joueuse dans un entretien accordé au magazine digital www. komitid à quelques jours du début des Jeux de Paris 2024, nous avons eu de nombreuses stars olympiques femmes ces dernières années et, cette année, nous avons plus d’athlètes féminines que d’athlètes masculins aux Jeux olympiques. Les Turques font preuve de force dans le sport et dans tous les aspects de la vie. Nous essayons de les inspirer plus encore et de les rendre heureuses en remportant des trophées. Aujourd’hui en Turquie, tout le monde dit +Nous sommes un pays de volley-ball+. Nous jouons tous les matchs à guichets fermés et nous battons des records d’audience. Nous sommes liées aux femmes turques par les liens du coeur.
En dépit de ce niveau de performance incroyable, la native de Balikesir ne fait pas l’unanimité sur les rives du bosphore. Lesbienne qui ne se cache pas en s’affichant fièrement avec sa compagne sur Instagram, l’ancienne joueuse s’attire les foudres des conservateurs et le soutien sans faille de la partie libérale. Mais la haine que lui voue une partie de la société turque ne l’empêche pas de dédier cette réussite internationale à toutes les femmes de son pays. C’est sa façon à elle et à ses coéquipières de faire avancer leur cause.
“Nous recevons chaque jour, ajoute-t-elle dans la même sortie médiatique, des milliers de commentaires positifs ou négatifs. Si nous laissons ces commentaires nous changer, alors nous ne pouvons pas être nous-mêmes. C’est pour cette raison que j’essaie de rester à l’écart des réseaux sociaux, notamment lors des tournois importants. Mais je sais aussi que les commentaires négatifs ne proviennent que d’une toute petite frange de la société. Lorsque je marche dans la rue, je reçois le soutien de centaines de personnes, et je reçois des cadeaux et des messages de sympathie de milliers de fans du monde entier. Je leur suis reconnaissante à toutes et à tous.”
Suite à son ascension incroyable ces deux dernières années, la Turquie point désormais à la quatrième place du classement mondial de la Fédération internationale de volley-ball (FIVB) derrière l’Italie, le Brésil et les Etats-Unis. Mais devant la Chine et la Pologne.
@Fayçal CHEHAT
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