Lili Barbery-Coulon: “Annie Ernaux m’a forcée à m’interroger sur l’apprentissage de la vie sexuelle, à travers la honte”
Lili Barbery-Coulon est une femme aux multiples talents. Journaliste beauté au Journal Le Monde et Vogue, dans une première vie, blogueuse, auteure, professeure deyoga kundalini et de méditation, décoratrice, elle est aussi une lectrice insatiable. Dans un long et passionnant entretien publié par le Journal du Dimanche, elle fait un tour d’horizon des livres et des auteur(e)s qui ont marqué sa vie. Ceux qui ont nourri ses rêves, forgé ses respirations et l’ont aidé à devenir ce qu’elle est devenue aujourd’hui et ” laissé des empreintes ” en elle.Nous avons retenu de cette remarquable sortie médiatique, l’hommage rendu au prix Nobel de littérature 2023, Annie Ernau. F.C
“J’ai découvert Annie Ernaux par “Mémoire de fille*. Elle y raconte l’été 1958 dans l’Orne. Elle devient monitrice, dans une colonie de vacances. Elle parle de la fille qu’elle a été, de son désir de sexualité. J’ai ainsi reconnu la fille que j’avais moi-même été. Son besoin d’aller à l’encontre des interdits parentaux, de connaître le plaisir et le contact de la peau, de ren- contrer l’inconnu. Il y a la violence de ce que peut être une première fois, loin de ce que l’on avait rêvé.
“À l’époque, on n’a pas encore parlé de la question du consentement. La narratrice est traversée par cette violence, sans qu’elle puisse mettre des mots dessus et va se retrouver reléguée à sa honte. Tout son désir de romantisme va être cannibalisé. par ce corps lourd d’homme. La lecture a été un choc.
“Je me suis dit : qu’ai-je vraiment choisi et où étais-je à l’adolescence ? Annie Ernaux m’a forcée à m’interroger sur l’apprentissage de la vie sexuelle, à travers la honte. Je suis née en 1976 et, dans les années 1990, on traitait encore les filles de « traînées » et de « putains » quand elles couchaient.”
Lien utile :https://lilibarbery.com/wellness/yoga/accueillir-le-printemps-2023-au-chateau-de-ma-mere/
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