Carolyn Carlson : “la danse, c’est l’art de révéler l’invisible”
Carolyn Carlson est un indémodable monument de la danse contemporaine. Née à Oakland de parents finlandais elle fait ses débuts dans le métier en Californie. Mais c’est après son arrivée en France – un pays qui l’a adopté et dont elle a fini par prendre la nationalité récemment (2019)- qu’elle donne a sa carrière de danseuse et de chorégraphe une folle brillance. L’Italie est également son autre pays de coeur et de passion. Dans la grande botte elle devient en 1999 directrice artistique de la première Biennale de la Danse de Venise, y lance une école de danse, l‘Academia Isola Danza et y crée de nombreuses chorégraphies.
Au soir de sa carrière – elle a 81 ans – son palmarès est étourdissant. Elle est cette artiste aux 80 chorégraphies, 8 ouvrages et de nombreuses distinctions dont les Victoires de la musique pour Signes à l’Opéra de Paris en 1998 et le Lion d’Or de la Biennale de Venise en 2006. Elle est aussi membre de l’Académie des beaux-arts depuis 2010. Son actualité c’est la reprise des chorégraphies mythiques, dont The Tree, qu’elle présentera les 22 et le 23 octobre au Théâtre des Champs- Elysées, à Paris.
Dans une interview aussi dense que passionnante accordée a la journaliste Annik Cojean du quotidien du soir français, Le Monde, elle aborde de nombreux sujets en rapport avec sa longue carrière et ses multiples passions, la calligraphie entre autres. Ainsi que les rencontres décisives qui ont construit sa vie et sa carrière: à commencer celle avec le charismatique chorégraphe américain, Alwin Nikolais. Et son arrivée au mitan des années 70 à l’Opéra de Paris dont elle a su casser les codes contres vents et marées à force dde faire comprendre qu’elle plaçait “l’improvisation au cœur de la création”. Extrait. F.C
À la question pourquoi contiuer à enseigner.
“Parce que c’est essentiel. Il faut transmettre. Je pars des bases inspirées de Nikolais, mon maître absolu, dont je porte le flambeau, puis je travaille avec l’âme et le cœur de mes danseurs. Je distille une idée, un poème que j’ai écrit, une photo, un tableau, des livres, autant d’instruments qui me donnent la possibilité de les inspirer, de les illuminer. Là encore j’improvise, je suis dans l’instant. Parfois, devant la fenêtre de notre atelier à la Cartoucherie du bois de Vincen- nes, je leur dis : « Voyez-vous cet arbre ? Tou- chez-le avec votre imagination et devenez comme lui. » Ou bien : « Regardez les étoiles, prenez-en une. Elle brûle. Devenez cette étoile. Vous brûlez… » Vous n’imaginez pas ce qui se passe, les lar- mes qui jaillissent comme les prises de cons- cience… C’est ça, la danse, l’art de révéler l’in- visible, et ça vient du plus profond. Ce n’est pas se regarder dans le miroir et faire des ges- tes. J’ai un don pour observer mes danseurs, voir à l’intérieur d’eux-mêmes et leur offrir ce que moi-même j’ai reçu. Donner et recevoir… C’est un principe de vie.”
(Extrait de l’entretien paru dans les colonnes du quotidien français Le Monde daté du 430 septembre 2024).
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