Carol Mansour ou quand « Aida Returns »à Jaffa
La semaine dernière, il y avait le festival Ciné Palestine Toulouse Occitanie.Pour célébrer la dixième édition de leur évènement cinématographique; les organisateur ont présenté 36 films traitant de la Palestine, fictions et documen- taires compris.
Parmi, les invitées d’honneur, il y avait la réalisatrice Palestino-libanaise Carol Mansour auteure de « Aîda Returns » un documentaire consacré à feue sa mère Aida Abboud qui lui avait fait promettre, alors que la fin de sa vie commencait à pointer son bout du nez, de disperser ses cendres en terre de Palestine.
La sienne, à Jaffa précisément. Ce territoire qui l’avait vue naître et grandir et d’où elle a été contrainte de partir en 1948, l’année de la Nakba, comme 800 000 Palestiniens, sous les coups de boutoir de la colonisation israélienne.Sa famille avait d’abord trouve refuge au Liban voisin.
Mais l’embrasement et la plongée du pays du cèdre dans la violence de la guerre civile dans les années 90 va pousser la famille à reprendre les chemins de l’exil et poser cette fois ses valises à Montréal. Au Canada. Un pays froid, mais très accueillant tout de même.
Ce sont les dernières péripéties de la vie d’Aida et surtout le voyage de ses cendres qui sont racontés dans le film. Une tache loin d’être aisée tant les obstacles furent nombreux et obligés. Comme – détail parmi tant d’autres – ceux qui ont contraint ses organisateurs à répartir les cendres de la défunte dans deux sacs en plastique au cas où ils auraient été confisquées au cours des différentes étapes de leur voyage.
Les cendres voyagèrent d’abord jusqu’à Beyrouth grâce à l’aide deux bons ami(e)s, la photographe Tanya Habjouqa et le photojournaliste Peter Van Agtmael. Avant de franchir la frontière qui sépare Amann de la Cisjordanie. Cette oeuvre poignante et tellement humaine a nécéssité cinq ans de travail. Le film-ducmentaire est sorti en 2023 et a été depuis présenté dans de nombreux festivals.
Dans les colonnes du quotidien émirati, The National, Carol Mansour avoue « avoir été interloquée lorsque ses parents ont fait le choix d’être incinérés. Avant de trouver une raison qui tient la route : «Quand j’y pense, a-t-elle confié, je me demande pourquoi mes parents voulaient être incinérés parce que c’est bizarre et rare. Mais je dirais que c’est probablement parce qu’ils n’avaient pas de maison dans laquelle ils voulaient être enterrés ».
Carol Mansour tient cependant à expliquer que faire « Aida Returns » n’était pas dicté seulement par une mission personnelle, à savoir exaucer le voeu fait par sa mère bien aimée. Si la réalisatrice s’est plongée dans cette aventure, c’est aussi parce qu’elle entre dans une perspective collective et universelle.
Celle de tous les Palestiniens : « Dans tous mes films, je travaille sur les droits de l’homme parce que l’art est un outil. Ce n’est pas que j’ai une mission, mais si je n’ai pas de but, je me sens vide déplacés qui attendent depuis des décénnies de gagner leur droit au retour sur leur terre . S’il ne s’agissait que de moi, je n’aurais pas fait ce film ». A noter que le documentaire a été presque entièrement tourné par téléphone et n’a pas été scénarisé.
@Fayçal CHEHAT
Le synopsis du film
– Aïda Returns- Le retour d’Aïda de Carol Mansour : Aïda quitte Jaffa en 1948, exilée à Beyrouth, puis à Montréal. Atteinte d’une maladie d’Alzheimer avancée, elle a perdu la mémoire et le sens del’identité, à l’exception de ses souvenirs de Jaffa. Lorsqu’elle meurt, sa fille Carol décide de la « ramener » à Jaffa. Avec l’aide d’amis étrangers, Aïda parvient à se reposer là où elle doit être, dans la terre où elle est née.
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