Kaouther Ben Hania: “Beaucoup de femmes intègrent le patriarcat dans un mode survie”

Le superbe documentaire les ‘”Filles d’Olfa”  est sorti en salles, en France et en Europe, le 5 juillet. Les vacances estivales sont d’ailleurs une  belle occasion pour les cinéphiles de découvrir le travail pointu de  Kaouther Ben Hania.

À 45 ans, la Tunisiene peut se prévaloir d’un palamrès remarquable. Elle compte à son actif  huit courts métrages et six longs métrages, documentaires compris. “Les filles d’Olfa” a été récompensé  du prix du cinéma positif au festival de Cannes 2023. Il était également en compétition pour la Palme d’or.

Le synosis du film est résumé ainsi : la vie d’Olfa, Tunisienne et mère de 4 filles, oscille entre ombre et lumière. Un jour, ses deux filles aînées disparaissent. Pour combler leur absence, la réalisatrice Kaouther Ben Hania convoque des actrices professionnelles et met en place un dispositif de cinéma hors du commun afin de lever le voile sur l’histoire d’Olfa et ses filles. Un voyage intime fait d’espoir, de rébellion, de violence, de transmission et de sororité qui va questionner le fondement même de nos sociétés.

Il faut préciser que la  native de Sidi Bouzid a beaucoup travaillé sur le thème du patriarcat et la relation mère fille dans son pays. Une thèmatique que l’on retrouve aussi prégnante  dans tous les pays d’Afrique du Nord et même dans  certaines sociétés de la rive nord de la Méditerranée.   Kaouther Ben Hania  en parle dans une sortie médiatique datant de la fin du mois de juin,  F.C

 

Dans celui-ci, il s’agit d’une violence intrafamiliale transmise. Olfa a tellement intégré le patriarcat qu’elle reproduit tout ce qu’il y a de plus toxique sur ses filles en croyant les protéger. Le patriarcat n’est pas une histoire d’hommes. Beaucoup de femmes l’intègrent, comme Olfa, dans un mode de survie. Parce qu’elles pensent que c’est la seule manière de s’en sortir. C’est comme ça que cela devient très sournois. Ce n’est pas non plus une histoire tunisienne. La Tunisie est un contexte, riche, et que je connais bien, mais c’est universel…”

 

Je pense qu’être sur un tournage a permis aux filles de s’ouvrir. C’était une prise de parole salvatrice pour elles. Ce que je trouve magnifique, c’est qu’elles résistent à leur héritage violent, à la vision patriarcale du monde. Elles ont grandi dans cette sphère violente, mais elles la rejettent. Pas de manière intellectuelle avec un discours féministe, mais de façon quasiment organique. C’est aussi ce qui m’a motivée à faire le film : leur résistance, leur fraîcheur, leur manière si spontanée de parler…”

 

(Propos extraits de l’entretien accordé au magazine digital trois couleurs.fr daté du  29 juin 2023)

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