Alizé Utteryn, une battante à New York
Notre invitée de la semaine, c’est Alizé Utteryn pour l’état civil et les intimes et alias AlizéLaVie pour les ambitions entreprenariales auxquelles elle n’a jamais eu l’intention de fixer des limites.La Franco-américaine d’origine guyanaise à un tempérament de feu que n’arrive pas à cacher sa beauté incandescente et un code vestimentaire à la fois chic et glamour.Fonceuse, débordante d’idées, elle n’a jamais craint l’échec.
Et quand il frappe à sa porte, elle peut mettre un genou à terre mais se relève dans la foulée pour poursuivre son chemin encore plus décidée, quitte à faire un crochet et contourner l’obstacle. Sa devise ? Pour atteindre un objectif, quelle que soit sa nature, il faut être capable de sortir de sa zone de confort.
C’est ce qu’elle a fait, il y a trois lustres, en décidant de quitter un job bien payé, une situation confortable et sécurisée à Paris et en République Tchèque pour atterrir à New York avec la ferme intention de réaliser son “rêve américain”. Presque sur un coup de tête.
La directrice des ressources humaines parisienne, mannequin et danseuse dans une autre vie, à dû refaire ses classes pour devenir journaliste puis spécialiste de la communication et du marketing. Dans des conditions de vie très difficiles. Comme seule sait les offrir la grande métropole américaine à ceux qui ont l’ambition de la séduire et dont ne sortent gagnants que ceux et celles dont le cuir est tanné.
Aujourd’hui, alors que de nombreux signaux sont passés au vert sur son parcours, AlizéLaVie dit à Alizé Utteryn, que le moment n’est pas venu de baisser la garde. Car le meilleur est encore à venir. F.C
Bonjour Alizé Utteryn. Commençons par évoquer votre parcours de vie. Alors que vous aviez 10 ans, vous quittez la France pour la Guyane où vous ne restez que peu de temps pour revenir à Paris en 1986. Comment avez-vous vécu ce double changement ?
En fait, je n’ai pas bien vécu notre départ en Guyane parce que j’ai eu du mal à m’adaper par rapport à la culture, les habitudes et la mentalité. D’autant, que j’ai été rejetée à l’école par les autres élèves qui estimaient que je me comportais plus comme une petite Européenne que comme une Guyanaise. Il y a eu même de la méchanceté parfois. Après cinq années difficiles d’adaptation, je suis retournée en France avec ma petite soeur. Non, je ne garde pas un excellent souvenir de cet épisode.
A la fin de vos études, vous plongez dans une carrière professionnelle. Avec une vraie réussite, puisque vous devenez DRH d’une grande entreprise à Paris. Une ascension fulgurante. Racontez-nous.
Pour débuter dans le monde du travail, j’avais trouvé un poste dans les ressources humaines comme gestionnaire de paie. À ma grande surprise, car je n’avais jamais été fan des chiffres notamment parce que j’avais suivi un cycle littéraire.
Ensuite, c’est allé très vite. Je suis devenue assistante DRH puis responsable ressources humaines pour Actuellement une filiale de Carrefour et Responsable Gestionnaire Paie pour une compagnie spécialisée dans les services de la distribution d’eau en région parisienne.
Après cinq ans d’expérience, j’ai rejoint une agence de marketing à Paris en tant que DRH. Là j’ai accumulé une bonne expérience dans des domaines aussi divers que la communication, la gestion des conflits et toujours la responsabilité de la paie.Activités qui nécessitent patience, rigueur et disponibilité.
Puis, vous décidez de quitter Paris et la France. Alors que vous aviez une situation professionnelle et sociale confortable, vous prenez d’abord la direction de la République Tchèque puis New York avec la certitude de repartir presque de zéro? Pourquoi avoir pris un tel risque ?
Après un séjour d’expatriée de deux ans en République Tchèque avec un contrat local, j’ai fait le grand saut vers les Etats-Unis. Ces premières années professionnelles furent en effet instructives et formatrices mais assez usantes physiquement et nerveusement. J’ai eu aussi le sentiment de tourner en rond et éprouvé donc le besoin de changer d’air.
J’étais consciente des avantages que j’allais perdre- un très bon salaire et une relative sécurité humaine avec la proximité de mes proches et amis – mais j’étais aussi guidée par une puissante envie de sortir de ma zone de confort.
Une façon de penser qui n’est pas, il faut le reconnaître, le point fort de nous autres francophones. Je me suis dit qu’au pire je pourrais toujours revenir chez moi avec une expérience originale à l’international sur mon CV . Des années plus tard, je n’ai vraiment rien à regretter de ma vie newyorkaise.
Les premiers années ont été compliquées, mais vous arrivez à vous reconstruire. En commençant une carrière de journaliste.En 2013 vous lancez votre magazine Alizé LaVie. Pourquoi avoir choisi un tel titre ?. C’est rare qu’un média porte le nom de son fondateur ou fondatrice.
J’ai choisi ce titre parce je voulais qu’il me ressemble et qu’il soit associé à ce que je suis, Alizé, et à la vie que j’ai choisi de magnifier et d’honorer.Le fait que ce soit en français rappelle aussi d’où je viens et ma double culture. C’est aussi une façon de penser d’ores et déjà à ce que les Américains appellent la Legacy (l’héritage).
En dehors du magazine, pouvez-vous nous résumer avec précision le package des activités que propose votre entreprise en 2023 ?
Le magazine est en effet une sorte de vitrine. J’ai d’autres activités.En l’occurence AlizéLavie Agency pour le marketing, le branding, l’édition et la communication dont on propose les services à d’autres entreprises du même secteur. Nos prix sont accessibles à tous, de manière à ce que nous puissions travailler aussi avec notre communauté et la diaspora.
Au début de l’année, vous êtes revenue en Europe pour assumer le rôle de présidente du jury de “Miss Elégance France” organisé à Albi à proxmité de la ville de Toulouse.Comment avez-vous été approchée pour un tel événement ?
En effet, au mois de janvier 2023, j’ai été invitée par le président du Comité Miss Elégance France, Stéphane Saves, à devenir la présidente du jury de la septième édition de Miss Elégance France .Une belle opportunité et une reconnaissance pour mon travail qui m’ont vraiment émue.Il faut savoir que cette proposition m’a été faite alors que j’étais au Togo pour travailler sur un projet caritatif et événement auquel étaient également invités les responsables du comité de de Miss élégance.Ce fut une belle rencontre. .
C’est une précieuse reconnaissance de la part de votre pays d’origine et de coeur qui vous a à l’évidence fait plaisir …
Absolument ! Car je ne m’attendais pas du tout à ce qu’une telle opportunité me soit offerte alors que je me trouvais en mission en Afrique. Il faut savoir qu’à l’origine du Comité Miss Elégance France, on retrouve les anciens de l’équipe du comité Miss France depuis l’ère de Mme Geneviève de Fontenay. C’est elle qui leur a transmis cette passion qui les anime depuis plus de 30 ans. C’est dire la qualité du label.Ce retour dans mon pays d’origine et de coeur avait une valeur inestimable. D’autant que j’ai été chaleureusement reçue par les 28 miss représentant toutes les régions de France.
Ces activités doivent vous ramener à la période où vous étiez modèle.C’est comme un retour aux sources ?
Oui, cela me rappelle un peu le monde de la beauté dont j’ai fait partie en France puis aux Etats-Unis. Mais je parlerai plus de continuité que de retour aux sources. Avant, j’étais modèle aujoud’hui je suis passée de l’autre côté de la barrière. Je suis juge et j’apporte mon expérience et mon savoir-faire à celles qui rêvent de réussir dans le mannequinat et le monde des miss. Je ne cache pas que de telles propositions flattent en même temps mon ego. Je me dis que ce monde me reconnaît comme une des siennes et que j’ai encore de beaux restes alors que je viens de fêter mes 47 ans ( rires).
Alizé Utteryn au milieu des candidates au Concours de Miss Elégance France
La danse compte aussi dans votre vie. On apprend ainsi que vous aviez fait partie du groupe de danseuses du chanteur Dr Sakis Nsakala…
La danse a toujours été importante dans ma vie Je suis née avec une âme de danseuse. Rendez-vous compte, ma mère me disait que je me déhanchais déjà dans son ventre dès qu’il y avait de la musique (rire). . Et cela n’a pas arrêté dans l’enfance et à l’adolescence Puis, j’ai continué comme professionnelle avec le groupe du Dr Sakis dont j’étais l’une des “Sexy Girls” appelées communément “Matata” qui signifie “Le feu” en lingala.
Aujourd’hui, mes multiples activités me laissent si peu de temps libre. Bien que j’ai pu reprendre quelque fois la danse africaine à New York avec le célèbre chorégraphe et danseur ivoirien Fanzy Monguehy, fondateur du groupe Kaoka. Il m’encourage et me pousse à m’y mettre sérieusement. Grâce à lui, je suis convaincue que je retournerai un jour sur scène, même si ce sera juste pour le plaisir. Car je reste une artiste danseuse pour la vie. J’ai cela dans le sang.
La New-Yorkaise que vous êtes devenue a une devise : « Dont only dream but live your dreams. ».Vous êtes convaincue que tout un chacun peut réaliser ses rêves ?
Sans le moindre doute! Je suis convaincue que c’est possible à condition de ne pas hésiter à se lancer dans le bain. Il faut y croire. Il faut même rêver grand et s’accrccher jusqu’au bout. C’est mon moteur. J’ai voulu être modèle, je le suis devenue. J’ai voulu danser, j’ai été danseuse. Aux jeunes, aux moins jeunes et à tous, je dis : “Osez”. Il ne faut pas se mettre des limites ou laisser d’autres les mettre pour vous.
Paris, New-York où votre ouverture sur l’Afrique n’ont cependant jamais relégué votre amour pour les Caraïbes, les Outre-mer, où vit encore une partie de votre famille.
Non, mon parcours ne m’a jamais empêché de montrer mon amour pour la Caraïbe anglophone , les Antilles et ma Guyane natale. Et même si je l’ai quittée très jeune, une grande partie de ma famille y vit toujours.C’est la terre de mes racines. Sur ce point, jamais je ne changerai.Je n’oublie pas d’où je viens, je suis avant tout guyanaise et fière de l’être.
Le fait social et historique #MeToo est né aux Etats-Unis il y a quelques années avant d’envahir le monde occidental et bouleverser les relations femmes-hommes. Comment le vivez-vous personnellement ?
Oui, vous avez tout à fait raison de dire que ce mouvement a bouleversé les rapports hommes -femmes, au niveau du monde occidental en tout cas. Comment je le vis peronnellement ? J’ai souvent connu cette relation avec les hommes un peu particulière, celle de la “femme objet” que l’on veut absolument séduire. Mais je ne suis jamais tombée dans le piège. J’ai toujours su imposer aux hommes le respect.
En leur faisant comprendre qu’ils auraient tort de prendre leurs désirs pour des réalités. Dans 95% des cas, cela s’arrête quand je dis stop. Je n’ai jamais eu besoin d’aller au conflit. Le jeu de séduction ne va jamais au delà de la bienséance et du respect. En alerte, je sais faire un rappel à l’ordre. Et souvent cela suffit. Il est primordial pour moi que les succès dans les affaires, quand succès il y a, ils ne le doivent qu’à la compétence.Absolument rien d’autre.
Cela dit, il est clair que beaucoup de femmes, encore aujourd’hui, peuvent vivre des relations difficiles avec les hommes.En ce sens, le mouvement #MeToo est en train de rebattre les cartes. Et c’est tant mieux.
Quelle place occupent les femmes dans ce que vous avez construit inlassablement ces dix dernières années ?
Elles comptent énormément dans les projets que je mène et dans ceux ce que je compte mener dans le futur. Il est incontestable que les femmes sont souvent douées pour le leadership et ce dans tous les domaines.
Quand l’occasion leur est donnée, elles montrent une autre façon de faire, de manager et de prouver. Et leur mérite est souvent encore plus grand car objectivement elles ont plus d’obstacles à franchir et de charges à supporter. En tant que mère, pour ce citer que cet exemple.
Je ne suis pas une féministe dans le sens manichéen que veulent lui donner certains et certaines.Mais je sais que je souhaite profondément qu’un maximum de femmes deviennent des modèles de réussite et de créativité par leur travail. Je participerai de toutes mes forces au développement de ce mouvement.
Pour finir sur les questions professionnelles, de quelle nature est le grand projet à venir. Celui qui vous tient vraiment à coeur…
Sans entrer dans le détail, je peux vous dire que j’ai des projets d’infrastructures dans la Caraïbe et en Afrique particulièrement pour ma compagnie médias. J’ai l’intention de développer l’événementiel dès l’année 2024. Je souhaite aussi renforcer mon activité de consultante business à l’international, facilitatrice et apporteuse d’affaires
Et puis, l’autre projet, que j’ai entamé et qui me tient à coeur, c’est de raconter dans un livre mon parcours de vie dans toutes ses dimensions : professionnelles et privées. J’ai vraiment envie de partager mon expérience avec ses hauts et ses bas, ses passions et ses doutes, ses chemins sinueux et ses lignes droites. Et si cette histoire peut inspirer, aider, encourager, ne serait-ce que quelques personnes, notamment des femmes, alors j’aurais réussi quelque chose de fort. Ce livre fera en quelque sorte le lien entre Alizé Utteryn et AlizélaVie.
Ces multiples activités vous laissent-elles un peu de temps pour vous ? Si oui, comment l’occupez-vous ? Avez-vous des passions: pratiques sportives ou culturelles ? Arrivez-vous à profiter de la vie trépidante new-yorkaise ? `
Je n’ai pas vraiment de temps pour moi. Je ne m’en plains pas, puisque c’est un choix de style de vie, celui que j’ai voulu vivre, il y a quinze ans, quand j’ai quitté mon confort parisien. Mais il est vrai que je rêve parfois de me poser un peu pour profiter en douceur du temps qui passe.
New York, la Big Apple qui vit à cent à l’heure et ne dort jamais offre tellement d’opportunités. Malheureusement, je n’en profite pas autant que je le souhaiterai. Par contre, je suis toujours contente de la retrouver au retour d’un voyage ou d’une mission. C’est ma Sweet Home.
C’est là où je me sens le mieux, c’est chez moi. J’adore New York, je suis new yorkaise pour la vie, for ever, excepté pendant l’hiver (Rires!) où je prends la direction illico presto de Miami, ma deuxième ville de résidence. Pourquoi se faire souffrir dans un froid glacial quand à moins de 3h de New York, le soleil avec une température de plus de 30 degrés et des magnifiques plages sont au rendez-vous. En fait, New York ne me voit pas pendant toute la période de l’hiver et ce jusqu’au printemps à part cas de force majeure.
Encore une fois un choix de vie privilégiée qui n’est pas donnée à tout le monde dont je suis consciente et que je ne prend pas pour acquis. Mais c’est la vie que je mérite car j’ai travaillé dur pour y parvenir. C’est le fruit d’un dur labeur, à manger mon pain noir pendant des années, que je récolte aujourd’hui. J’en suis très fière. Une histoire de succès, une réussite que je ne dois qu’à moi, à la sueur de mon front, que je n’ai certainement pas volé. Je la dois principalement au soutien de ma famille, à ma persévérance, ma résilience et ma foi.Je n’ai jamais abandonné car j’ai toujours cru en moi.
D’ailleurs je rends grâce au Seigneur qui a rendu l’impossible possible à travers mon parcours et à l’univers pour toutes ces bénédictions. Je suis extrêmement reconnaissante, pleine de gratitude, une philosophie positive de la vie que je pratique et cultive chaque jour qui passe et cela dès mon réveil. C’est cette même gratitude qui me rend heureuse et épanouie à l’aube de ma cinquantaine. Oui heureusement, je le suis ! Car je sais que le meilleur reste à venir. Merci la VIE !
@Propos recueillis par Fayçal CHEHAT
LES PRÉFÉRENCES D’ALIZÉ
Votre livre : Becoming de Michelle Obama
Votre film : Le diable s’habille en Prada
Votre série: Sex in the city
Votre chanson : Savoir aimer Florent pagny
Votre ville: New York
Votre peintre : Leonard De Vinci
Votre acteur : Denzel Washington
Votre actrice: Viola Davis
Votre parfum : Channel coco Mademoiselle
Votre sport : la dance
Votre talent caché : ecriture
Votre voyage : Australie
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