Wassyla Tamzali : “on ne peut pas vivre libre seule”
Née d’un père algérien d’origine turque et d’une mère et d’une mère espagnole, l’écrivaine Wassyla Tamzali a l’Algérie et la Méditerranée au coeur. Elle est l’auteure d’ouvrages marquants tels : “La tristesse est un mur entre deux jardins” (avec Michelle Perrot) aux éditions Odile Jacob (2021), “Une femme en colère: lettre d’Alger aux Européens désabusés ” (Gallimard, 2009) ou “Le père”, éd. Chèvre feuille Étoilée, 2007. Livre collectif (des filles parlent de leur père). En 2007, elle est l’initiative de “L’appel des femmes arabes pour la dignité et l’égalité”.
L’écrivaine Assia Djebar affirmait qu’« en Algérie, même les pierres sont féministes ». Quand vous vous éveillez dans le patriarcat, vous ne pouvez pas ne pas être féministe. J’avais 13 ans lorsque la cuisinière m’a dit un après-midi à l’heure du goûter : « Non ! Le gros morceau du gâteau n’est pas pour toi, il est pour ton frère !» Je suis allée voir mon père qui m’a répondu que les filles et les garçons avaient les mêmes droits.Depuis, personne n’a pu me convaincre que les filles et les garçons n’étaient pas égaux. Je vivais plus ou moins libre dans une famille éclairée, mais dès que je sortais, je redevenais une jeune femme algérienne soumise à la loi générale de la société. Très vite j’ai compris ce que disait Simone de Beauvoir : on ne peut pas être libre seule. Pourtant, je n’ai pas vu tout de suite la nécessité d’un mouvement féministe.”
(Extrait d’un entretien paru dans les colonnes du quotidien La Croix du 12 mars 2022)
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