Viola Davis: “…Et Shakespeare ne pourrait rien pour moi !”

C’est à la force du talent, et avec la  ténacité de ceux qui savent d’emblée  qu’ils entrent en compétition lestés de lourds  handicaps artificiels et subjectifs, que l’actrice américaine Viola Davis, 56 ans, c’est  fait une place dans le paysage culturel de la furieuse  et créative  terre d’Amérique. Avec au bout, contre vents et marées, un super palmarès et des Prix en veux-tu en-voilà. Dans un entretien puissant paru dans le journal frnaçais Le Monde, la petite fille de grands parents  qui travaillaient dans une plantation de Caroline du Nord raconte, entre autres sujets, comment, il y a trente ans,  elle avait vécu son passage  dans la prestigieuse Juilliard School  de  New York ! Saisissant.

Vous savez quoi? C’est normalement une excellente école de théâtre. Mais ça n’a pas marché pour moi. Parce que, au lieu de célé­ brer ce que j’étais, ils m’ont contraint d’en avoir honte et de m’excuser pour tout: ma voix, mon allure, mon corps, bref, tout ce qui allait avec ma couleur. Ils ont tenté de me façonner en une parfaite actrice blan­ che. On travaillait les pièces d’auteurs blancs : Shakespeare, Arthur Miller, George Bernard Shaw… Avec des personnages blancs. Des metteurs en scène blancs. Des comédiens invités blancs. J’avais beau jouer le jeu, mettre des corsets et des perruques européennes, qui collaient mal avec mes tresses, adopter l’accent britannique et ac­ cepter l’idée d’être formée à jouer des rôles de Blancs, je savais que, à la sortie de l’école, les seuls rôles qu’on m’offrirait seraient ceux de personnages noirs parce que je suis NOIRE ! Je suis VIOLA ! Avec des hanches, de grosses lèvres, une voix forte. Et Shakespeare ne pourrait rien pour moi !“.  (Entretien accordé au quotidien  frnaçais Le Monde du 23 mai 2022)

 

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