Semra Hunter, notre invitée VIP

                          Semra Hunter : « je suis optimiste pour les femmes »

LALIGA TV – HOST.  Espagnole et catalane d’adoption, d’origine californienne, avec une ascendance de troisième génération turque par le biais du grand père paternel, Semra Hunter, la trentaine triomphante, est la voix et la belle image de la chaîne de télévision dédiée à l’élite du football ibérique. Ancienne  milieu de terrain axiale, trahie par une méchante blessure, elle était, en principe, destinée à se forger une brillante carrière dans la diplomatie au sortir d’une solide  formation à l’Université de Berkely. Mais sa passion pour le ballon rond l’a détourné de ce qui ne fut qu’une passade amoureuse. A elle la folie des stades, les passionnantes histoires de footballeurs géniaux, les scénarios incroyables que seul ce sport planétaire est capable d’écrire. Semra est depuis presque quatre ans  un des témoins privilégiés de l’histoire quotidienne du football espagnol et européen. Après l’avoir été exclusivement pour le Real Madrid. Si notre invitée baigne dans la foot, elle n’en reste pas moins une femme très concernée par les choses de la vie “réelle”. Comme on le decouvre dans ce long entretien qu’elle a accordé a votre magazine Méditerranéennes.com. 

Méditerranéennes: En  animant une émission de la chaine TV de la Liga pour le groupe Media Pro vous êtes installée dans la plus belle des  loges pour vivre le football espagnol.  Racontez-nous le chemin qui vous a mené à ce poste stratégique et sans doute très envié.

 Mon parcours dans le journalisme de diffusion sportive remonte à  2012, lorsque j’ai commencé ma maîtrise en journalisme sportif et communication à Madrid. Au cours de mes études, j’ai décroché un stage chez Al-Jazeera Sport en même temps que BeIN SPORTS a été créé, et j’ai travaillé pour les deux. Mais quelques mois plus tard, j’ai rejoint Real Madrid TV, la chaîne officielle du club, pour travailler en tant que journaliste et éventuellement présentatrice en anglais et en espagnol. Après deux ans et demi de reportages, d’émissions en studio et de voyages à travers le monde avec les Merengue, j’ai déménagé à Istanbul, en Turquie, comme correspondante pour le réseau international TRT World. Pendant mon séjour là-bas, j’étais soit dans le studio pour animer notre émission sportive quotidienne, soit dans un avion pour couvrir un événement sportif majeur, un reportage ou une interview. Début 2018, deux ans après mon passage chez TRT World, j’ai décidé de retourner en Espagne. C’est là que les planètes se sont alignées et que LaLiga TV a été créé. Mon  rêve absolu allait se concrétiser . Je suis donc devenue  l’animatrice -présentatrice  du match du jour sur la chaîne. Aujourd’hui, j’entame  ma troisième saison!

 Avant la Liga vous avez été reporter et présentatrice sur la chaine TV du Real Madrid pendant quatre ans, entre 2013 et 2016, cette  expérience vous a été  sans doute utile pour rejoindre  LaLiga  TV?

Oui bien sûr. Très utile. J’ai progressé à un rythme incroyablement rapide à Real Madrid TV, car nous n’étions qu’une poignée pour effectuer tant de taches. Je devais être très polyvalente et apprendre à tout faire :  écriture, production, édition, reporting et présentation. L’expérience avec RMTV m’a rendue très complète et cela m’a permis de travailler en deux langues à la fois avec et sans caméra. Cerise sur le gâteau, le football est mon premier amour. Un sport que je pratique depuis l’âge de trois ans et que je regarde depuis que j’ai l’âge de… regarder la télévision et d’aller au stade.  Longtemps, alors que je vivais à Los Angeles, j’ai voulu devenir une joueuse professionnelle. Mais en raison d’une blessure, j’ai dû abandonner ce rêve. Cela n’a pas fonctionné.

Vous êtes désormais installée à Barcelone. En Catalogne, on ne vous a jamais suspecté de « favoritisme » et/ ou  de « sympathie »  pour le Real connaissant la rivalité exacerbée entre le Barça et le les Merengue ? 

C’est la question que l’on me pose  tout le temps : « Soutenez-vous le Barça ou le Real Madrid »?   Je dois dire que c’est très complexe d’y répondre compte  tenu de mon histoire avec les deux clubs et les deux villes. Quand j’ai déménagé pour la première fois en Espagne, j’ai vécu à Barcelone. Naturellement, en tant que fanatique de football, je suis immédiatement devenu supporter et j’allais souvent à des matches au Camp Nou. Mes amis étaient Catalans. Mon ex-petit ami était Catalan. Il n’y avait pas d’autre choix pour moi, vraiment! De plus, cela avait coïncidé avec l’arrivée de Messi sur la grande scène et l’âge d’or Guardiola. Il était presque impossible de ne pas tomber amoureux du Barça en le suivant au quotidien Mais avoir ensuite travaillé avec le Real Madrid m’a fait aimer le club pour tant d’autres raisons. Maintenant, à LaLiga TV, en tant que professionnelle, je peux vous assurer que je ne ne favorise aucune équipe dans mes propos et commentaires. Peu m’importe que vous soyez le Barça, Madrid ou Eibar. Mon rôle est d’être neutre et de bien  satisfaire  les  téléspectateurs  en fournissant la meilleure analyse possible. Je mets toujours de côté les sentiments personnels que je peux avoir envers un club en particulier. Et en vérité, en travaillant si étroitement et en suivant chacune des vingt équipes de la division au quotidien, on  fini par avoir  de l’affection pour toutes les équipes, les  aimer toutes et souhaiter leur succès. Je déteste la fin de saison où il faut dire au revoir à trois équipes en route pour la deuxième division!

“La rencontre avex Xavi, un rêve devenu réalité”

 C’est difficile d’être neutre dans le monde bouillonnant du football ? Cela ne ressemble pas à un « amour » contrarié, parce que non déclaré ?   

Non, pour moi, ce n’est pas difficile. Comme je l’ai dit, plus je regarde et apprends sur chacun des clubs de haut vol, plus je les respecte et plus  je découvre des raisons d’en profiter. Chaque équipe de La Liga a quelque chose de différent à offrir, que ce soit des joueurs spéciaux, des managers brillants, des histoires incroyables et bien d’autres détails. J’apprends toujours quelque chose de nouveau. Et chaque saison apporte de nouvelles histoires, la montée d’une jeune super star, la résurgence d’un vétéran. Quelle que soit l’équipe, je suis toujours divertie et fascinée

 De grands joueurs, entraîneurs et  dirigeants  vous en avez rencontrés beaucoup ces dix dernières années . Certains vous ont sans doute plus impressionnée que d’autres . Des exemples à nous donner ?

À ça, oui ! Je suis une personne très chanceuse! J’ai rencontré  des personnes incroyables au fil des ans, et j’en suis très reconnaissante. L’histoire que je partage le plus souvent est celle de Xavi Hernández. C’est mon joueur préféré de tous les temps. Joueuse, j’étais  un milieu de terrain axial. Alors je me suis naturellement tourné vers lui quand j’ai commencé à suivre le Barça, et j’étais accro. Je l’ai interviewé trois fois à Doha, au Qatar, et j’ai même eu la chance de jouer au football avec lui. Je n’aurais jamais pu imaginer cela, ni même demander quelque chose de mieux. Un vrai rêve devenu réalité.

Les stars mondiales du football –  et il y en a un paquet à  Madrid et  à Barcelone – sont souvent montrées du doigt pour leurs confortables revenus et beaucoup les imaginent riches, égoïstes et superficiels…

Comme dans la vie ordinaire, dans le monde  du football, il y a un peu de tout.  Cela couvre tout le spectre de la mentalité et de la personnalité : de l’incroyablement humble au mode de vie somptueux et extraordinaire. Les humains sont des humains, qu’ils soient footballeurs ou non. Chacun a sa propre  façon de se comporter. Et quand il s’agit d’argent, certains sont beaucoup plus réservés et prudents avec leurs revenus que d’autres. Je suis heureuse de dire que tous les footballeurs que j’ai  rencontrés ne sont pas arrogants et / ou égoïstes. Beaucoup d’entre eux sont délicieux, terre-à-terre et très normaux. Facile à approcher, accessibles à l’échange. Ce qui me surprend le plus, peut-être, c’est que souvent la personne que vous voyez sur le terrain n’est pas celle que vous voyez en dehors. Pendant l’ère Mourinho à Madrid, Pepe n’avait vraiment pas une bonne  réputation. Mourinho semblait faire ressortir le pire en lui. Pourtant, plus tard, en dehors du terrain, et à l’époque d’Ancelotti, j’ai été complètement surprise  dans mes interactions avec lui: il était le plus poli et le plus amical de tous!

Vous avez vécu durant deux ans en Turquie, le pays dont sont originaires vos parents. Ils étaient  pour quelque chose dans ce choix  ?

Mes parents sont en fait Américains, nés et élevés aux États-Unis. Moi aussi, je suis Américaine. C’est par mon grand-père que nous sommes  liés à la Turquie. Le fait de savoir qu’il serait à Istanbul, avec  toute sa descendance, m’a bien sûr aidé à m’installer sur les rives du Bosphore. Même si la décision principale est venue du travail lui-même. C’était une offre vraiment intéressante d’un point de vue professionnel, une offre qui me permettait de continuer à grandir et à progresser dans ma carrière. Toutefois, l’idée que j’allais passer des moments de qualité avec ma famille que je ne voyais généralement qu’une ou deux fois par an tout a joué un rôle.

”  Non, tous les footballeurs ne sont pas des “égoîstes arrogants”

Le football est une passion voire une  folie sur les bords du Bosphore dans ce pays méditerranéen.  Vous avez dû aimer cette expérience, vous la Latine ?

 Les Turcs sont un peuple extrêmement extraverti. Ils vivent les choses pleinement et profondément. Le football est l’une de leurs passions, pour ne pas dire LEUR passion Mon expérience avec la culture du football turc a été merveilleuse et tellement amusante. Pendant mon séjour, Beşiktaş a remporté la SüperLig, et j’ai été envoyée  par la télé réaliser un micro trottoir  dans les rues menant au stade pour couvrir les célébrations d’avant-match. C’était un spectacle ahurissant. Des vendeurs de maïs  ambulants au milieu de la folie d’une  marrée humaine, des fusées éclairantes colorées et de la fumée. C’était comme un chaos organisé – un flux constant de personnes, vêtues de noir et blanc, chantant, chantant, klaxonnant pour fêter à l’avance  un succès qu’ils pensaient leur tendre les bras. Des scènes et une énergie incroyables.Inoubliable souvenir.

Vous avez grandi dans le pays du football américain et du Super Bowl. Pourtant c’est dans le soccer européen que vous avez trouvé votre bonheur professionnel. Comment s’est faite votre rencontre avec le sport le plus populaire de la planète  ?

Mon père était un grand athlète, il a toujours aimé le sport. Il a même mis  réussi à y intéresser ma mère. Je suis enfant unique et mes parents pensaient que le sport serait le moyen idéal pour moi de me faire des amis et de ne pas me sentir seul sans frères ou sœurs. Je pratique toutes sortes de sports depuis que je suis  petite – tennis, natation, ski, claquette jazz, ballet … et bien sûr, le football. J’ai juste adoré la sensation de frapper le ballon, de courir après cette sphère géante plus grande que moi à l’époque. Je pouvais le sentir dans mon sang, c’était MON sport.

Mais quittons un peu le monde du football et parlons de Semra, la femme… Vous avez étudié à Berkeley, mais dans quelle spécialité?

J’ai fais des  études  sur “la paix et les conflits”. C’est une façon très Berkeley de dire les relations internationales. Une fois que mes rêves de devenir footballeuse professionnelle ont pris fin, j’ai décidé de me concentrer sur la poursuite de mon autre passion – les voyages. À l’époque, j’avais une idée très romantique de ce que ce serait de travailler dans une ambassade et de vivre partout dans le monde, mais j’ai finalement réalisé que je n’aimais pas la politique.

«Oubliez le passé, il est parti. Mais jetez un coup d’œil en arrière de temps en temps pour vous rappeler d’où vous venez et où vous allez. » Ceci est un extrait de l’une de vos déclarations publiques. Est-ce important pour vous, les racines, la source des origines?

La source n’est pas aussi importante pour moi que pourrait le laisser croire la  déclaration elle-même. Je pense que c’est une belle phrase, et quelque chose que j’essaie personnellement de vivre. Parfois, je peux être tellement prise par des choses du passé – en particulier des choses que j’aurais aimé faire différemment ou changer – que j’oublie de vivre dans le présent. Ce qui est fait est fait, inutile de s’y attarder. Mais je pense qu’il est important de réfléchir aux événements qui se sont produits pour en tirer des leçons. Cela peut aider à grandir en tant que personne. Le passé est la base sur laquelle repose votre moi présent et futur. C’est toujours agréable de se souvenir des bons moments, des instants qui ont apporté de la joie dans votre vie. Mais pour les souvenirs moinsi agréables, il est essentiel de ne pas les laisser vous inquiéter ou vous affecter de manière négative  et polluer votre  avenir. Concentrez-vous sur le positif et laissez-le vous inciter à devenir la meilleure version de vous-même  et  à créer la vie que vous souhaiter vivre.

En janvier 2020, alors que vous entriez dans votre dixième année dans le football, vous avez lancé, comme, émerveillée : ‘ Je dois encore parfois me pincer devant  la réalité que je me suis créée au cours de cette décennie – l’incroyable voyage que la vie m’a offert … Mais quel était votre rêve à l’âge de 20 ans  ? 

Si je suis honnête, je dirais que ne m’en souviens pas vraiment!  Il y a eu tellement de choses que j’ai voulu faire ou réaliser dans la vie. Mais cette liste évolue constamment en fonction du moment dans lequel je suis dans mon parcours. Ce dont je me souviens, c’est qu’à ce moment-là j’étais à mi-chemin de mes études à l’UC Berkeley et sur le point de réaliser enfin mon rêve de vivre en Europe. J’ai déménagé en Espagne pour la première fois en septembre 2007 et ce fut une période extrêmement excitante pour moi. Je savais depuis tout petite que je voulais déménager en Europe. Je voulais parcourir le monde. Et  je le fais toujours. Découvrir de nouvelles cultures, apprendre de nouvelles langues, apprécier de nouvelles traditions, des aliments différents, se délecter d’architectures uniques … et l’Europe m’a donné cela. Ce fut une expérience tellement révélatrice pour moi. En vérité, je ne pensais pas à une carrière dans le journalisme audiovisuel à ce moment-là.

Parents turcs, enfance et adolescence californiennes, et maturité en Espagne, votre terre d’adoption. Tout cela forme un cocktail détonnant. Elle se manifeste comment  au quotidien cette richesse et cette mixité culturelles ?

Donc mon grand-père est en fait le turc de la famille. Mes deux parents sont issus d’héritages très variés, mais ils sont nés et ont grandi aux États-Unis. Ce sont des gens très ouverts d’esprit et ils ont estimé qu’il était crucial de voir le monde au-delà de la bulle de Los Angeles où j’ai grandi. Donc, en premier j’ai eu une éducation très américaine – j’ai pratiqué beaucoup de sports, travaillé extrêmement dur à l’école. Mais d’un autre côté, contrairement à la plupart de mes amis et des gens avec qui j’ai grandi, j’ai eu le privilège  de voyager en Europe et en Turquie chaque année depuis ma naissance. À la fois pour les vacances mais aussi pour rendre visite à la famille. Ma mère avait vécu à l’étranger dans plusieurs pays d’Amérique du Sud quand elle était plus jeune, et pouvait parler plusieurs langues, elle me comprenait donc parfaitement et insistait sur l’importance de grandir en voyant le monde . C’était, selon elle, la meilleure façon d’apprécier ce que j’avais et d’où je venais. Pour comprendre que les gens ne naissent pas égaux dans cette vie. Et que, hélas, pour la grande majorité des gens sur cette planète, les choses ne sont pas faciles. Mes parents ont toujours insisté sur l’importance d’être reconnaissant et de traiter les gens avec respect. Je suis extrêmement chanceuse d’avoir des parents merveilleux qui m’ont donné une éducation si unique et qui m’ont sans aucun doute façonné de façon positive et fait de moi la personne que je suis aujourd’hui.

Espagnole d’adoption, Semra Hunter adore la richesse culturelle de la péninsule ibérique

Grâce à votre métier, vous voyagez  beaucoup en Espagne. Quelles sont les les villes ou les régions qui vous ont le plus impressionnées ?

J’ai eu la chance de voyager dans presque toutes les régions et chacune est si unique. Il est assez difficile d’en choisir une seule. Le pays a tellement à offrir :  des paysages, des climats, des cultures, des langues, des histoires, une gastronomie différents. C’est vraiment incroyable de voir tout ce qui est offert par un  si petit pays en superficie.  Ma région préférée  est certainement  là où je vis, Barcelone. Je suis partie plusieurs fois, j’ai essayé la vie ailleurs, mais je finis toujours par revenir. La Catalogne est une région magnifique – pleine de plages célèbres, de côtes comme la Costa Brava, de volcans éteints à La Garrotxa, de paysages de montagne dans les  Pyrénées, de régions viticoles aux caves exceptionnelles, de villes médiévales, etc. C’est un endroit minuscule comparé à d’autres, mais qui propose une incroyable variété.

” J’adore le mode de vie détendu des Espagnol(es)”

Qu’aimez-vous dans les traditions et dans le  mode de vie méditerranéens  ?

J’adore vivre au bord de la Méditerranée ! Je suis une personne aquatique, j’ai grandi sur les côtes de l’océan Pacifique et j’ai un besoin vital d’être près d’une grande étendue d’eau. J’aimais vivre à Madrid par exemple,  mais je ne pouvais pas imaginer  y vivre longtemps. Loin de la mer. C’est tout simplement impossible. J’aime aussi  la nature détendue et la façon de vivre des Espagnol(e)s. Comment ils prennent des pauses déjeuner de deux heures et dégustent un verre de vin ou une bière avec désinvolture tout en mangeant leur repas. J’adore aussi la nourriture et je suis fascinée par la culture profondément fière qui la sous-tend. En cultivant les meilleurs vins,  olives (et huile d’olive), pains, fromages – des choses simples, mais de la nourriture et des ingrédients de base qui ont une telle importance pour les racines historiques et les liens avec les Romains, par exemple. C’est quelque chose que nous n’avons certainement pas en Californie.

 Vous êtes, je crois savoir, très sensible à la condition des femmes dans le monde. A l’occasion de la journée du 8 mars (2019) vous avez  posté ce message sur votre compte Facebook « À toutes les femmes qui cherchent une raison de croire, une raison de continuer à se battre … N’abandonnez pas. Croyez en vous. Vous serez étonnées de ce que vous pourrez accomplir. Et par les endroits où vous irez. Il n’y a pas de limites. Les possibilités sont infinies. PERMETTEZ-VOUS D’ÊTRE le meilleur VOUS .….

Oui bien sûr. Dans de nombreuses régions du monde, depuis des millénaires, les femmes font l’objet de mauvais traitements et d’abus de toutes sortes. Vues comme des moins que rien, traitées sans respect… La situation s’améliore, heureusement, mais il reste encore un très long chemin à parcourir. Je pense donc qu’il est important pour les femmes de se défendre, de s’exprimer et d’avoir confiance en leurs capacités.

Femmes : je crois que la marée de l’impunité commence à reculer “

Avez-vous confiance en l’avenir des femmes dans ce monde en perpétuelle ébullition. L’Espagne semble tout de même  un peu  à la pointe du combat dans ce domaine. On se trompe ?

Par nature, je suis optimiste. J’essaie toujours de trouver le positif dans les choses. Même si parfois, il est difficile d’y arriver. Bien entendu, j’ai confiance en l’avenir des femmes. Nous devenons plus fortes et plus combatives avec le temps. Et nous avons du soutien derrière nous pour le faire. Vous  me posez des questions sur l’Espagne – il y a certainement un problème ici historiquement en ce qui concerne la maltraitance des femmes. Il y a ce qu’ils appellent le «machisme». Moi-même, et presque toutes les femmes que j’ai connues depuis mon arrivée en Espagne, avons  été exposées à une sorte de harcèlement de la part des hommes. Et ce n’est pas acceptable. Pour une raison étrange, ces hommes ont le sentiment qu’ils ont le droit de se comporter  ainsi en état assurés d’une certaine impunité. Pas tous les hommes évidemment. Il y a  aussi des hommes fantastiques dans ce pays qui sont favorables à aider à changer le discours et la façon dont les femmes sont parfois traitées. Mais j’ai l’impression  que la marée  de l’impunité commence à reculer . Même si ce reflux est encore trop long  à notre  goût.  Femmes et hommes essaient de regarder dans la même direction.

Entre 2018 et 2019, les femmes  espagnoles sont descendues plusieurs fois dans la rue pour réclamer l’éaglité des droits et lutter contre la violence.

 

 

 

 

 

Comment avez-vous réagi au mouvement  #Meetoo qui est parti des USA avant de submerger l’Europe ?   Et qu’avez-vous ressenti  durant les grandes manifestations des femmes espagnoles contre la violence masculine et son lot de drames ? 

J’ai été très choquée. Choquée pour tant de raisons différentes. Qu’il a fallu si longtemps pour qu’un mouvement comme celui-ci se produise.Que tant d’abus horribles se poursuivent depuis si longtemps et apparemment personne n’a rien fait à ce sujet. Que la peur est un inhibiteur incroyablement puissant pour les  hommes et  les femmes… On a tous tardé avant de réagir.  Alors que le monde où nous vivons  n’a jamais semblé plus   moderne et avancé  sur les plans économique et technologique, il demeure tellement arriéré  dans la façon dont nous nous traitons les uns les autres. Je suis attristée par le nombre d’abus et l’ampleur de ces abus. Mais je suis heureuse que le moment soit enfin venu de parler et de créer activement un mouvement pour empêcher que cela ne se produise plus  aujourd’hui  et pour les générations futures. Je ne peux qu’espérer que quelque chose de positif sorte de toutes les douleurs et souffrances auxquelles ces femmes ont été et sont encore involontairement soumises.

Mais la bataille s’annonce longue et difficile…

Sans doute. Mais j’admire le courage de ces femmes qui descendent dans la rue pour dire  “ça suffit!”. La violence DOIT cesser. O se doit de lutter pour la justice et pour un traitement approprié. Être considérée comme plus qu’une simple femme au foyer ou une mère, mais plutôt comme des êtres humains avec des qualités qui peuvent apporter une valeur ajoutée substantielle à la société. Les hommes ne sont pas les seuls. Je me rends compte qu’il peut sembler que j’essaie de prendre parti ici, mais je ne le suis pas. C’est un effort conjoint, il n’y a pas de camp. Comme je l’ai déjà dit, je pense que les choses se sont améliorées et continuent de le faire. Cela semble basique, mais nous devons traiter les gens comme nous voulons qu’ils nous traitent, quel que soit leur sexe. C’est quelque chose que j’ai apprise quand j’étais enfant. Et je vis toujours selon ce principe aujourd’hui.

            ” L’industrie du football s’ouvre de plus en plus aux femmes “

Le football est un milieu machiste en général. Les femmes y arrivent, mais elles sont encore minoritaires aux postes clés… Vous faites partie de celles qui s’y sont imposées …

Oui, c’est une industrie dominée par les hommes. Il n’y a aucun doute à ce sujet. Quand j’ai commencé, il n’y avait pas beaucoup de femmes qui travaillaient dans le football. Mais cela change aussi. Et rapidement. Je vois  de plus en plus des femmes émerger dans toutes sortes de rôles dans le monde du football, et je trouve que c’est merveilleux. Pourtant, en fin de compte, ce qui compte pour moi, c’est que la personne qui fait le travail – homme ou femme – soit la bonne personne pour ce travail. J’apprécie beaucoup plus les qualifications et l’expérience d’une personne pour un poste que le simple fait qu’elle soit là parce qu’elle est un homme ou une femme. La bonne nouvelle est qu’il y a de plus en plus de femmes parfaitement capables et qui méritent le travail qu’elles obtiennent. Et c’est agréable à vivre.

Guadalupe-Porras-Ayuso, première espagole à arbitrer un match de la Liga lors de la saison 2019-2020

 

Quand elle n’est pas dans un stade, devant une caméra ou sur un plateau télé, quelle  femme est Semra  Hunter ?  Qu’a-t-elle le  temps de faire ou de ne pas faire en sachant que ses  weekends sont souvent consacrés au travail ?

Pendant la plupart des huit dernières années, mes week-ends ont été consacrés  au travail  en studio  ou à couvrir des matches de football. Mais j’aime ça. Et quand je ne travaille pas, je regarde encore des matches ou je vais dans les stades. Le football  est une partie si profondément ancrée dans ma vie  que c’est difficile pour moi d’imaginer un week-end sans un peu de football! Quand j’ai la chance de profiter d’un week-end de repos, je voyage généralement si je le peux. J’ai l’âme d’une exploratrice et j’ai toujours envie d’un peu d’aventure. Comme j’aime passer  du temps avec mes amis et ma   famille autour d’un bon repas ou d’une activité amusante.

Quelle place occupe la culture dans votre vie. Une passion pour la lecture, le cinéma, les arts?

J’ai toujours aimé les arts. Depuis que je suis  petite.Ma mère m’a toujours amenée au théâtre régulièrement car elle trouvait extrêmement important que la culture joue un grand rôle dans ma vie. J’ai de merveilleux souvenirs. J’ai eu la chance d’avoir pu apprécier  des  comédies musicales, des pièces de théâtre, des opéras …  Et comment comment ne pas être fan de cinéma quand on a grandi à LA ? Hollywood est toujours présent et était le centre du monde du cinéma. Tous les vendredis soirs, nous allions en famille à Blockbuster louer un film et passions la nuit tous ensemble à regarder toutes sortes de films classiques de la génération de mes parents ou bien la dernière comédie. La musique était aussi une chose très importante à la maison. Mes parents adoraient la musique du monde entier. Mon père avait une collection vaste et éclectique de disques et de CD. Rock afro-cubain, espagnol, français, latin, britannique et américain… Avec toutes ces expériences, j’ai le sentiment que j’ai vu et appris beaucoup de choses sur le monde à travers un tel mélange de regards  différents. Et cela  a beaucoup façonné la personne que je suis aujourd’hui. Le monde peut être un endroit magnifiquement créatif et inspirant. J’ai toujours envie d’en savoir plus sur les différentes cultures et visiter différents endroits. Plus c’est loin et plus cela m’est  inconnu et  mieux c’est.

Si elle n’est pas une fashion victim, Semra Hunter est toujours habillée d’un sourire authentique

“Non, je ne suis pas une fashion victime”

Vous êtes toujours belle et élégante à la télévision et dans le cadre officiel. Mais vous considérez-vous comme fashion victim?

Non, je ne me suis jamais considérée comme une victime de la mode. Encore une fois, cela a probablement à voir avec la façon dont j’ai été élevée. en effet, ma mère a toujours été attirée par les choses uniques et cela était aussi le cas pour la mode. Elle a toujours détesté les grandes marques parce qu’elle sentait que tout le monde avait les mêmes vêtements, s’habillait de la même manière et qu’elle aspirait à être différente. Elle a toujours été un grande fan des boutiques, des petites marques, des choses habituelles. Et à bien des égards, je ressens la même chose aujourd’hui. Je suis très noir ou blanc en matière de mode. Soit j’aime, soit je n’aime pas. Et j’ai tendance à être plutôt attirée par les petites marques.  Il est également vrai que tant que les vêtements me vont bien et sont flatteurs pour ma forme, je ne me soucie pas tellement de savoir s’il s’agit d’une tendance ou de telle ou telle marque. Quand il s’agit de ce que je porte à la télévision, c’est un mélange de vêtements qui sont les miens, qui me permettent de m’exprimer librement au gré de mes choix, et des vêtements qui sont choisis pour moi par les services de la télé.. Même si je ne suis pas toujours d’accord avec ces choix. Car je n’ignore pas que ce qui me semble bon à titre personnel  ne l’est pas  toujours quand on passe à l’écran

 Sur les photos et les vidéos, partout et en toutes circonstances, vous avez en permanence un sourire sincère et communicatif. Peut-on dire que Semra (la brune en arabe) est née sous une bonne étoile? 

C’est certainement une belle notion! Je suis une personne naturellement heureuse et optimiste. Que cela ait à voir avec la naissance sous une bonne étoile ou non, je ne sais vraiment pas. Cela pourrait très probablement être le cas, qui sait. J’ai toujours cru à l’astrologie et aux énergies et à l’importance d’être aligné et de maintenir l’équilibre dans la vie. Mon nom – Semra – c’est un nom turc moderne, mais ses origines sont arabes. Cela a deux significations – l’une est celle d’une femme brune (ce que je suis, en fait). L’autre est un équilibre entre la lumière et l’obscurité. À tout le moins, j’ai le sentiment d’essayer d’être à la hauteur du nom qui m’a été attribué, comme  j’ai le sentiment que cela me va parfaitement.

Propos recueillis par Fayçal CHEHAT

Crédit photos : Semra Hunter 

LES PRÉFÉRENCES DE SEMRA

Votre livre: Les Piliers de la Terre

Votre film: Indiana Jones 1, 2 et 3!

Votre série: Trop! Plus récemment “Sombre”

Votre chanson: N’importe quelle chanson de The Doors

Votre ville: Rome

Votre peintre: Dalí

Votre acteur: Johnny Depp et Robert Downey Jr.

Votre actrice: Audrey Hepburn

Votre parfum: Noix de coco

Votre sport: le football européen, bien sûr!

Votre talent caché: je suis un GPS ambulant

Votre voyage inoubliable: Australie 2007

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