Actrice d”abord,  Noémie Lvovsky a tourné dans  50 films en 22 ans. Depuis le 2 mars, elle est à l’affiche de “Viens je t’emmène“, d’Alain Guiraudie.  En tant que réalisatrice de talent, la native de Paris, 57 ans,  en est à son sixième long métrage. Sa dernière oeuvre, “Les sentiments” est un indéniable succès. Aujourdhui, respectée, voire enviée, elle n’en est pas pour autant dupe. Ele sait que pour atteindre un respect équitable  et définitif entre  hommes et femmes dans le domaine de la réalisation cinématographique, il y a encore du chemin à faire. À l’image de ce qu’elle a pu entendre dans son dos sur les plateaux de tournage ces dernières années. Pas toujours amène.

« Sur les tournages de mes films, j’ai entendu : “folle”, “hystérique”, “mal baisée”. Quand je n’étais pas contente d’un plan, il m’est arrivé d’entendre chuchoter : “Elle a ses ragna- gnas”, ”Ça y est, les Anglais débarquent”, et plus tard : “Elle n’a plus ses règles.” D’un réalisateur exigeant, on dira qu’il sait ce qu’il veut, qu’il a du caractère, de la force, “des couilles”. D’une réalisa- trice ayant les mêmes exigences, on dira qu’elle est “fragile”, “ingérable”. Heureusement, depuis trois ou quatre ans, les choses ont un peu changé, on fait plus attention”. ( Extrait d’un portrait paru dans les colonnes  de ” M” , le magazine hebdo du quotidien “Le Monde “)