Narjes Mohammadi, au nom des Iraniennes

A Oslo, le comité du prix Nobel de la paix a choisi de discerner cette récompense à l’Iranienne Narges Mohammad, 51 ans,  journaliste et  militante au long cours des droits des femmes dans son pays. Une lutte sans relâche depuis des lustres qui lui a coûté et coûte encore  des années dans les geoles du régime des Mollahs.

À noter qu’à titre symbolique une colombe a été  libérée jeudi 6 octobre à  midi d’une fenêtre du Centre Nobel de la paix après l’annonce des lauréats du prix Nobel de la paix 2023

Celle qui est aussi directrice adjointe du Centre des défenseurs des droits de l’homme, fondé par Shirin Ebadi, purge depuis 2018 une peine de prison de 31 ans.

Comme l’a rappelé Berit Reiss-Andersen, présidente du comité Nobel norvégien à Oslo, dans son discours  sur la décision du comité Nobel : “ La lutte courageuse de Mme Mohammadi a eu un coût personnel énorme, a confié la dirigeante norvégienne, au total, le régime l’a arrêtée 13 fois, l’a condamnée cinq fois et l’a condamnée à un total de 31 ans de prison. Narges Mohammadi est “toujours en prison à l’heure où je vous parle“. La native de est actuellement détenue la tristement  célèbre prison d’Evin à Téhéran

Les femmes, la vie, la liberté” .

Ce choix de décerner le prix Nobel à Narjes Mohammadi est aussi une façon de montrer la solidarité du monde avec les manifestations monstres et continues déclenchées  par les femmes iraniennes soutenues par leurs frères, parents, amis ou compagnons en septembre 2022, après la mort de Mahsa Amini, une jeune femme de 22 ans,  d’origine kurde, détenue par la terrible police des mœurs iranienne.

Une révolte qui a duré des mois dans la plupart des villes du pays et se poursuit encore mais  d’une autre manière que les manifestations de rue. Avec des des images fortes – vues aux quatre coins de la planète – de femmes mettant le feu à leur foulard et scandant ce slogan devenu viral et qui ressemble à un hymne voire un serment : “les femmes, la vie, la liberté” .

Femme puissante malgré les entraves, déterminée en dépit de la dureté de son mauvais traitement en prison, Narjes a pour premiers de cordée dans la solidarité, son mari et ses jumeaux âgés de 17 ans, aujourdhui refugiés en France : ” Ma femme est la personne la plus déterminée que je connaisse”, déclare fièrement  lorqu’il est interrogé par les médias.  A noter que son compagnon exilé en France avait purgé 14 ans de prison à Téhéran.

Pour sa part, le président de la Ligue irabienne des droits de l’homme, Karim Lahidji, ne dit pas autre chose  dans une confidence faite au micro de RFI : “Elle est une porte-parole emprisonnée, de son mouvement. Depuis l’année dernière, son combat a évolué. Avant, elle était beaucoup engagée contre la peine de mort. Elle avait été notamment condamnée parce qu’elle faisait partie de ces mouvements appelés « Exécution, ça suffit ! ». Vous savez que l’Iran a été toujours « champion des exécutions » dans le monde. Et maintenant, depuis un an, Narges Mohammadi continue son combat contre un régime clérical archaïque et pour l’établissement d’un régime séculier et démocratique.”

“Je continuerai ma lutte  même si je dois finir ma vie en prison”

Toutefois, comme le souligne le quotidien français Libération dans son édition de vendredi, recevoir le Prix Nobel de la paix n’a jamais  encouragé ou poussé un régime oppressif à libérer ou ne serait-ce qu’adoucir la peine  de son prisonnier d’opinion: ” Le colauréat de l’année dernière, Ales Bialiatski figure clé du mouvement démocratique en Biélorussie, est toujours en prison à Minsk ; Liu Xiaobo, le lauréat de 2010, dissident chinois condamné un an auparavant pour «subversion», est mort en 2017 privé de sa liberté, comme le journaliste allemand Carl von Ossietzky prix Nobel de la paix 1935, mort en 1938 dans un hôpital alors qu’il était détenu par les nazis ; et la liste est encore longue“.

Jean-Luc Flémal/BELPRESS/MAXPPP – Medal of Nobel prize | Medaille du Prix Nobel 17/08/2023 (MaxPPP TagID: maxnewsfrfive216135.jpg) [Photo via MaxPPP]

Triste constat et bilan historiques. Il faudra juste espérer que Narjes puisse quitter sa geôle le plus tôt possible pour retrouver les siens. Même si tout le monde est convaincu qu’elle ne renoncera jamais à ses idéaux ni à son combat pour les droits des femmes et les des hommes qui souffrent dans son pays. Lors d’une récente visite que lui avait rendu sa soeur au parloir, Narjes avait fait une promesse : “Je continuerai ma lutte civique pour les opprimés et contre nos institutions répressives, même si je dois passer ma vie en prison“.

@Fayçal CHEHAT

 

 

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