Mona Chollet: “L’amour est le terrain où les femmes sont le plus vulnérables”

La journaliste et essayiste Mona Chollet a beaucoup écrit sur les femmes avec des thèmes aussi divers que la  place de l’amour dans leur vie , la place du désir  ou la tyranie de la beauté.Entre autres.

Son dernier opus intitulé “Réinventer l’amour. Comment le patriarcat sabote les relations hétérosexuelles ” aux éditions La Découverte (collection Zones) a été récompensé du Prix européen de l’essai  2022 où elle montre particulièrement comment le modèle du couple hétérosexuel masque une domination des hommes sur les femmes jusque dans les sphères les plus privées et intimes, jusque dans les fantasmes sexuels.

D’autres essais de l’intellectuel genévoise ont connu un succès fulgurant. À l’image de  “Sorcières”, “Beauté fatale” et son dernier titre .”D’images et d’eau fraîche” paru chez chez Flammarion  qui fait part de sa passion de collectionneuse d’images en ligne.

Extrait d’une  interview  accordée par Mona Chollet  àde France Cultur

L’amour a toujours été utilisé pour assimiler les femmes à la famille, au foyer, à leurs enfants, pour les priver de leur légitimité dans l’arène professionnelle ou politique. L’amour est le terrain où nous sommes le plus vulnérables, nous voulons y croire, c’est un lieu de réalisation de soi. Mais cela nous rend plus fragiles car nous acceptons des choses que nous n’accepterions pas dans d’autres sphères de notre vie. Les femmes ont tendance à conditionner notre identité à l’amour avec un homme. En partie parce que, pendant des siècles, ce qui a donné à une femme un statut social et économique, c’était le mariage. Nous sommes prêtes à faire de nombreux sacrifices par amour. Depuis des années, j’ai voulu examiner l’amour d’un point de vue féministe, précisément parce que nous voulons croire qu’il est un refuge, un sanctuaire. Sous la règle des valeurs dominantes, on nous a inculqué que l’amour est un sujet féminin et qu’il ne vaut pas la peine de s’en occuper. Si on le prend comme un sujet élevé et noble, seuls les grands philosophes masculins parlent d’amour, alors oui c’est respectable. Mais si une femme le fait, ce n’est pas pareil : le sujet devient innocent, voire stupide“.

(Extrait d’un entretien paru dans les colonnes du quotidien espagnol El-Mundo du 1er novembre 2022)

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