Marie Dosé : “La justice n’a pas attendu #metoo pour commencer à évoluer”.
Avocate pénaliste de renom, orginaire de Lorraine, intervenant autant en défense qu’en partie civile, Marie Dosé est intervenue depuis les années 2000 dans de très nombreux dossiers ultra sensibles et hyper médiatisés : tels l’Attentat de Karachi, l’affaire Robert Boulin, celui du meurtre de Sophie Toscan du Plantier, épouse du célèbre producteur de cinéma Pascal Toscan du Plantier ou des attentats de janvier 2015 en France.
Auteure relativement prolifique, elle vient de publier un dernier ouvrage coécrit avec Daniel Soulez-Larivière, son confrère décédé en 2022 : “Deux générations, un barreau – Dialogue d’avocats sur un paysage judiciaire” aux Éditions Dalloz (2023).
Son avant dernier titre, “Éloge de la prescription, paru en 2021 aux Éditions de l’Observatoire, s’était vu décerné le Prix du livre politique du Barreau de Paris. Du récent entretien accordé par Marie Dosé au quotidien du soir français Le Monde, nous avons retenu sa réponse à la question du journaliste qui lui demandait si #metoo a changé la façon dont on défend un criminel sexuel.
“La justice n’a pas attendu #metoo pour commencer à évoluer. Quand j’ai débuté, j’ai été horrifiée par la façon dont on traitait les parties civiles. Dans les procès-verbaux, chaque virgule du témoignage de la plaignante était disséquée. Première, deuxième audition, confrontation : tout devait être parfaitement cohérent, alors même que le traumatisme et la honte fabriquent précisément du mensonge et de l’incohérence…
“Beaucoup d’acquittements ont résulté des doutes nés de la déconstruction de la parole d’une victime. Ce n’est pas #metoo qui a fait basculer les choses, le changement a été bien plus progressif. On a fait de plus en plus attention à traiter la partie civile différemment. J’entends certains militants faire comme si rien n’avait changé: c’est faux. Il n’y a plus cette présomption permanente de mensonge qui pèse sur la victime. Il suffit d’assister aux audiences correctionnelles et criminelles pour s’en rendre compte...”
(Extrait d’un entretien paru dans les colonnes du journal le Monde daté du 1er octobre 2023)
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