Manal Rostom, entre marathon et Everest

S’il est une sportive égyptienne  qui passionne le pays des Pharaons  et qui a gagné le respect de ses compatriotes, c’est bien Manal Rostom. La native de Kuwait City a deux amours :  la course à pied sur la plus longue des distances, le marathon, et l’Alpinisme.

Manal, pharmacienne de métier, est devenue depuis une dizaine d’années la femme qui franchit toutes les barrières et réalise toutes les grandes premières. Celles qui laissent des traces dans les livres de l’histoire  du sport et même au delà.

La dernière en date a eu lieu le 5 mars 2023 à l’issue du marathon de Tokyo. Si elle ne l’a pas remporté ni grimpé sur le podium, elle est est devenue la première égyptienne  dans l’histoire de cette discipline à avoir terminé les six courses de l’Abbott World Marathon Majors que sont  Tokyo, New York, Boston, Londres, Chicago et Berlin.

Manal a eu le scalp de l’Everest

Une sacrée performance qui a marqué les esprits dans son pays de naissance, mais également  dans toute la région du Golfe arabe, devenue sa terre d’adoption. Elle réside en effet à Dubai, d’où il est plus facile de parcourir le monde  et où on lui offre une plus grande visibilité médiatique.

La relation de Manal Rostom avec l’athlétisme est quasi charnelle.Comme elle l’explique chaque fois qu’elle est interrogée par les médias tous  contenus confondus.

Ainsi s’exprimait-elle en mai 2022 : “Quand j’étais plus jeune, avait elle confié dans les colonnes du magazine digital EmiratesWoman,  j’ai expérimenté d’autres sports, mais soit j’étais trop petite, soit je n’avais pas le bon entraîneur – jusqu’à ce que je découvre la course à pied”.

Le 16 mai 2022, Manal Rostom a planté le drapeau égyptien au sommet de l’Everest

Une découverte  fantastique assurait-elle:  ” C’était comme si le sport m’avait choisi, je pouvais m’entraîner et travailler aussi dur que nécessaire par moi-même. C’est devenu une partie de mon identité et la piste n’était plus seulement un lieu pour moi d’exprimer mon énergie, c’était mon indépendance”.

Avant de poursuivre avec des mots forts : ” C’est devenu l’endroit où j’ai trouvé la paix, la croissance et la stabilité dans les moments difficiles.Cela m’a donné un but et maintenant, je ne peux pas m’imaginer sans courir, je dois continuer – pas seulement pour moi, mais pour toutes les jeunes filles après moi avec le même rêve – c’est pour ça que je vis“.

L’alpinisme est sa deuxième grande passion. Celle qui lui permet d’affirmer encore plus son tempérament de femme endurante, courageuse et puissante. Sur trois continents. D’abord en France, en venant à bout de la résistance des flancs du Mont-Blanc. Ensuite  en 2013 au Kenya, en domptant la rudesse du Kilimandjaro.

Avant de s’attaquer avec succès au plus haut des sommets de la planète le mont Everest.  Une formidable réussite pour celle qui avait tenté son premier défi chez elle au  mont Sainte-Catherine dans le sud Sinai en… 2009. Qe de chemin parcouru!

Pionnière sur le macadam, sur les pistes d’athlétisme et sur les facades des plus rugueuses chaines de montagne, Manal le fut aussi en société lorsqu’il s’est agi pour elle de bousculer les résistances du monde à la pratique  du sport de haut niveau  par les femmes adeptes du port du voile (ou hijab).

La première égérie voilée de Nike

Une bataille qu’elle a fini par remporter de façon magistrale  lorsqu’en 2015 la prestigieuse multinationale de l’équipement sportif fit d’elle l’égérie de sa ligne Nike Pro Hijab.

Un vrai coup de tonnerre qui insuffle une nouvelle force à la page “Surviving Hijab”  que l’athlète avaité crée en 2014 et  qui rassemble aujourd’hui une grosse communauté de femmes adeptes du port du voile sur les réseaux sociaux. Une visibilité incommensurable.

Intitulée  « Dream Crazier »  a offert,en effet,  à l’Egyptienne, qui a grandi au Koweit, l’occasion d’infliger un vrai camouflet  à  un certain Donald Trump aux commandes de la première puissance et démocratie du monde : « C’est formidable d’être l’égérie de Nike, s’est-elle réjouie en conférence de presse,  le géant américain du sport, à l’heure où Trump stigmatise, calomnie et refoule les musulmans. C’est certainement la meilleure chose qui soit arrivée aux sportives voilées ».

Manal Rostom ( crédit photo Nike)

À ceux et celles qui s’indignent de la voir se positionner de la sorte, l’Egyptienne ne manque pas de remettre  l’idée du port du voile dans la pratique sportive à sa juste (et simple) place. “Je ne pense pas que ce soit important ou non,  avait elle confié au magazine digital américain dw.com le 9 septembre 2018  au soir du marathon de Berlin auquel elle venait de participer, je le vois juste comme une femme qui a choisi d’avoir une certaine apparence et mène sa vie comme elle le souhaite, que ce soit pour courir un marathon, ou escalader une montagne, ou trouver un travail de fantaisie… cela ne devrait tout simplement rien dire qu’elle le fasse avec ou sans hijab“.

 

Cet engagement est pour Manal une question de principe démocratique. C’est une bataille contre la discrimination du monde du sport envers les athlètes musulmanes qui portent le voile.

C’est  d’ailleurs pour ses réussites sportives et  ses engagements publics autour de sujets de sociétés brulants que le Magazine Forbès l’avait désigné comme faisant partie  des 50 femmes les plus puissantes d’Afrique.

Pour la petite histoire, si alpinisme et athlétisme sont au coeur de sa passion sportive, Manal  Rustom ne dédaigne pas  se donner à fond en tant que cycliste ou comme plongeuse sous-marine

 #Fayçal CHEHAT

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