Littérature : nos premiers coups de coeur
Chaque semaine Méditerranénnes rendra compte de l’actualité de l’édition, tous genres confondus. Nous avons le projet d’en faire un espace ou chacune et chacun viendra picorer selon ses envies et ses besoins. Cet espace grandira au fur et à mesure que nous gagnerons la confiance des éditeurs de la Grande Bleue. Nos lecteurs sont également appelés à nous faire part de leurs coups de coeur. Nous publierons les notules les plus pertinentes. FC
“Ricochets” de Camille Emmanuelle, Grasset, Récit-témoignage
Ce récit émouvant écrit par la journaliste Camille Emmanuelle, la compagne du dessinateur Luz, raconte dans le détail et de façon émouvante les conséquences et le traumatisme que doivent endurer tous les proches des victimes d’un attentat ou d’une catastrophe. En se vouant souvent corps et âme au salut de la victime qui a survécu.
Arrivé quelques minutes en retard à la réunion de rédaction du 15 novembre 2015, Luz avait échappé à la tuerie qui a décimé l’équipe de “Charlie Hebdo”. Depuis, son époux vit sous protection policière et elle dans un stress permanent et une précarité émotionnelle crée par l’isolement “obligatoire”, l’incertitude et encore la peur.
“Ricochets”, est une saisissante enquête-témoignage qui dresse la liste de tous les effets négatifs dont est victime celui qui vit au quotidien avec le miraculeux rescapé d’un drame. Pour Camille, les questions suivantes ne sont que l’arbre qui cache une myriade de sentiments. “Que faire? Me consacrer à mon mari, me concentrer sur sa reconstruction, arrêter mon travail et rester à la maison ? Ou bien vite reprendre mes activités, et rester à tout prix autonome ? Je ne ferai jamais de choix franc, j’oscillerai entre les deux, selon les périodes et les nécessité”. A noter que le titre lui a été inspiré par le commentaire de la psychologue qui l’avait reçue le jour où elle a accompagné Luz à l’hôpital : “vous êtes une victime par ricochet”, lui avait-elle dit. Document poignant à lire.
@ Leila Arabi
“Madame Hayat” d’Ahmed Altan, Actes Sud, Roman
Ahmed Altan a reçu le Prix Femina étranger pour “Madame Hayat” paru aux Editions Actes Sud. Dans ce roman, l’écrivain turc dresse le portrait étincelant d’une femme libre et libérée qui entraîne le jeune Fazil dans des amours fols au coeur d’un Istanbul à la fois provocateur et corseté. Pour le meilleur et pour le pire. Une histoire imaginée et brodée avec talent par l’auteur alors qu’il croupissait en prison. Actuellement, Ahmed Altan, qui est également l’auteur de “L’amour au temps des révoltes” paru en 2008 , se trouve en liberté provisoire.
Heureux de voir son travail reconnu bien au-delà des frontières de son pays, le natif d’Ankara, a écrit un message dévoilé par son éditeur dans lequel il se dit fier de voir l’héroïne de son roman libérée de ses entraves parcourir le monde pour porter haut et fort la voix de toutes les femmes turques qui luttent pour leur émancipation et pour l’égalité des droits et le paient parfois par la privation de liberté. « Madame Hayat a vu le jour dans une cour de prison qu’elle a illuminé de son ironie et de son sourire taquin. Pendant des jours, des mois, des années, elle a vécu avec moi en prison. Je l’ai aimée, je l’ai infiniment aimée. Ce prix montre que vous l’avez aimée. Elle a vu le jour en prison mais, aujourd’hui, elle se promène dans Paris. Libre et heureuse. Sa liberté me rend plus libre. Vous m’avez offert bien plus qu’un prix littéraire. Je veux le dédier à toutes les femmes turques et kurdes injustement emprisonnées. Pour leur dire que même si le droit et la justice les ont oubliées, la littérature, elle, ne les a pas oubliées et ne les oubliera jamais“. Nous reviendrons longuement très prochainement sur ce roman si puissant.
@Faycal Chehat
“Une saison douce”, de Milena Agus, Roman, Editions Liana Levi
@Miranda Sailor
Quelques indélicatesses du destin, de Laura Morante, Rivages éditions
L’actrice, comédienne et scénariste italienne élégante et talentueuse a tourné avec de grands réalisateurs tels, Nanni Moretti, qui lui a offert un rôle important dans “La chambre du fils”, palme d’or à Cannes en 2001. La native de roman a jouté une corde à son arc en se lancant dans l’écriture en publiant un deuxième livre. Un recueil de quinze nouvelles. Quelques indélicatesses du destin” est une belle promesse. Un mélange de brio, d’orginalité et de suspens. Bien sûr, tous les textes ne sont pas de la même veine. Mais tous les écivains le savent : ce genre, la nouvelle, est sans doute le meilleur passeport avant de tenter d’escalader avec succès le mont Ventoux qu’est le bon roman. Bon sang ne sait mentir. Laura est la fille de l’écrivain et journaliste Marcello Morante et la nièce de la géniale Elsa Morante. Celle qui fila le grand amour avec Alberto Moravia, un autre géant des littérature italienne et mondiale.
“Mal de mères”, essai de Stéphanie Thomas, JC Lattès. Voilà un sujet quasi tabou auquel l’auteure, une journaliste, a consacré à ces femmes qui avouent, même si elles aiment leurs enfants, leur regret d’être devenues mère. Dix d’entre elles évoquent leur liberté perdue ou limitée, une vie en partie sacrifiée, la peur de ne pas être à la hauteur du projet de mener leurs progénitures à bon port et une pression sociale insupportable ; “Carnet vénétien”, de Liliana Magrini, Serge Safran éditeur, 2021.
À LIRE AUSSI…
“Soleil amer“, par Lilia Hassaine, Gallimard, 2021; “Le dernier secret”, par Solenn de Royer, Grasset, 2021; “Où vivaient les gens heureux“, par Joyce Maynard, Editions Philippe Rey, 2021 ; “Presque toutes le femmes“, par Héléna Marienské, Flammarion, 2021 ; “S’adapter“, par Clara Dupont-Monod, Stock, 2021, Prix Femina; “Bellissima“, par Simonetta Greggio, Stock, 2021; “Carnet vénétien”, de Liliana Magrini, Serge Safran éditeur, 2021.
@Méditerranéennes
Commentaires