Lily Gladstone : “Je suis particulièrement sensible aux scénarios écrits par des auteures”
Elle a fait sensation dans “Killers of the Flower Moon” le dernier film de Martin Scorcese où elle a, magistrale, donné la réplique à deux monstres sacrés du monde hollywoodien, en l’occurence Robert de Niro et Leonarde DiCaprio. Elle, c’est Lily Gladstone, une Amérindienne ayant passé son enfance dans la réserve autochtone des Blackfeet dans le Montana.
Sa performance haute en couleurs dans ce western brillant lui a valu de remporter en février dernier à Los Angeles le SAG Awards de la meilleure actrice en devançant de solides candidates telles Annette Bening (Nyad), Carey Mulligan ( Maestro), Margit Robbie ( Barbie) et Emma Stone (Poor Thing).
Grâce au triomphe incontestable et international du film dont elle était l’héroïne, Gladstone a pu donner un visage aux femmes indigènes ignorées depuis toujours par la fabrique à symboles qu’est Hollywood. Une première victoire pour cette battante magnifique de 38 ans au service de sa cause qui sera suivie d’une deuxième en mai 20024 lorsqu’elle est invitée comme membre du jury de la 77e édition du festival de Cannes. Dans les éxtraits de presse choisis ci-dessus, la native de Browning évoque la particularité de travailler avec des réalisatrices et auteures?.
” Ce qui me fait dire «oui» à un projet, c’est avant tout l’histoire, mais il est vrai que j’ai été particulière- ment sensible aux scénarios écrits par des auteures appartenant à des communautés bien particulières. Et là encore, la théorie des cercles se vérifie : c’est mon rôle dans Certaines femmes, de Kelly Reichardt, qui m’a valu d’être repérée par Martin Scorsese, et le cinéma de cette réalisatrice, sa manière de fabriquer un film, ne ressemble à aucun autre…
“Quand j’ai rencontré trois ans plus tard Erica Tremblay, avec qui j’ai d’abord tourné le court métrage Little Chief, je me suis dit que j’avais trouvé la version autochtone de Kelly ! Je ne me suis pas trompée, car Erica est très admirative du travail de sa consœur, et elle aussi a un mode opératoire en plateau bien à elle, fondé sur la collaboration de tous les membres de l’équipe et la circulation des idées. J’étais très heureuse, et flattée, qu’elle me propose Fancy Dance pour pour- suivre et approfondir le lien très fort qui s’était tissé entre nous.
À chaque fois que j’ai collaboré avec des femmes, j’ai été touchée par la grande curiosité pour l’autre dont elles faisaient preuve, leur désir de se lancer, sans faire de différence entre les uns et les autres, dans une aventure humaine unique et parti- cipative. Et c’est cela que j’attends d’un projet artistique…”
(Propos extraits d’un entretien accordé à l’hebdomadaire français Le Journal du Dimanche du 23 juin 2024)
Commentaires